Depuis des semaines, les adversaires du président IBK et leurs alliés sont en campagne de subversion et d’incitation à la révolte contre le projet de référendum en vue de réviser la Constitution du 25 février 1992. Pour les besoins de la cause, les opposants à l’initiative présidentielle ne s’embarrassent désormais d’aucun boniment. Parce qu’en fait d’argumentaire, l’opposition et ses ouailles semblent avoir épuisé toutes leurs cartouches.
Après avoir échoué dans leur stratégie de rue, pour ne pas dire plus (susciter une révolte générale contre le pouvoir pour amener le président IBK à abdiquer), l’opposition au Référendum, en désespoir de cause, fait feu de tout bois : désinformation, manipulation, fausses informations ou carrément des mensonges malhabiles. Au nombre de ses impairs, l’affirmation selon laquelle la révision en cours constitutionnalise l’homosexualité. Incapable de prouver l’affirmation gratuite, ils disent que la loi constitutionnelle soumise à référendum fait référence à la « charte africaine des droits de l’homme et des peuples » qui prévoit l’homosexualité. Or, ni la « Charte africaine des droits de l’homme et des peuples » ni aucun autre instrument juridique de l’Union africaine ne fait référence à l’homosexualité. Un argument qui s’écroule donc comme un château de cartes comme, les précédents.
Les partisans du non sont-ils à court d’arguments ou pensent-ils pouvoir, à travers un populisme forcené, berner les populations maliennes qui ne sont point des moutons de Panurge, notamment la communauté musulmane du Mali pour la rallier à sa cause douteuse ?
Avant d’aborder cette risible affirmation d’homosexualité, voyons les précédents boniments.
Article 118 de la Constitution
Le premier boniment que les amis de l’opposition et leurs alliés ont eu à brandir était l’article 118 de la constitution du 25 février 2012, qui stipule qu’aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire.
Cette disposition constitutionnelle a été brandie en épouvantail si ce n’est une épée de Damoclès par le camp du « NON » pour tenter dissuader l’exécutif de conduire cette révision constitutionnelle. Ils ont parlé d’inopportunité, d’occupation du pays, d’absence de souveraineté, etc.
La réponse de la Cour constitutionnelle n’a pas tardé pour mettre les points sur les i à ce niveau. Car selon la cour, dans le contexte actuel, aucune troupe étrangère ne siège sur le sol malien, donc on ne peut dans ce cas parler d’atteinte d’intégrité territoriale.
Mais avant, en réponse à la question de l’appréciation qu’il fait de la révision de la Constitution du 25 février 1992, Soumaïla Cissé, chef de file de l’Opposition avait affirmé devant la Commission Lois que le monde évolue, les sociétés aussi. À ce titre, les textes doivent évoluer en fonction du temps. Une Constitution datant d’un quart de siècle doit être révisée, surtout dans le contexte actuel du Mali… « Si la révision est nécessaire, demandée et souhaitée, le moment n’est pas propice ; parce que les conditions pour qu’elle soit adoptée en référendum ne sont pas réunies ».
En d’autres termes : il y a pertinence de procéder à une révision de la Constitution ; mais il faut la mettre à la Saint-Glinglin ? Il faut peut-être oublier la parole et la signature du Mali, à travers l’Accord pour la paix et attendre dans la logique « soumiste » peut-être un autre quart de siècle pour que le moment s’y prête !
Voici la réponse d’IBK sur la question : « on joue sur un aspect, l’article 118 de la Constitution dit, ‘’pas de révision Constitutionnelle quand une partie du pays, ou la totalité du pays est occupée par une puissance étrangère’’. Quelle est la puissance étrangère qui occupe le Mali ? Il n’y en a pas !
Aujourd’hui, avec la mise en place des autorités intérimaires, le Mali est partout. Et progressivement, l’administration se mettra en place. Les services sociaux de base, les services économiques seront également mis en place. Donc, le Mali avance. Qu’on le reconnaisse ou pas, c’est ça la réalité du Mali d’aujourd’hui… (extraits conférence de presse avec Macron le 2 juillet)…
Accroissement des pouvoirs présidentiels
Le deuxième vrai faux prétexte des frondeurs de la république serait que cette nouvelle constitution fera du président IBK un « Mansa », un roi, un monarque. Car selon eux, le fait que cette Constitution donnerait au président de la République les prérogatives de définir la politique de la nation, de nommer et de révoquer le Premier ministre, de nommer le président de la Cour suprême, et de désigner le tiers des sénateurs.
C’est curieux de voir Soumi à gorge déployée et à couteaux tirés dans un meeting contre ce que lui même a trouvé parfaitement correct quand il a été consulté par la Commission des Lois au sujet de cette révision. « Selon les propos de ses conseillers rapportés par notre confrère Le Prétoire, interrogé par la Commission des lois sur « la conduite de la politique de la nation par le Président de la République, Soumaïla Cissé a répondu favorablement. Estimant que c’est lui qui est élu sur la base de son projet de société. Sur cette base, la mise en route de sa politique, il la confie au Premier ministre pour l’exercer, mais en réalité, c’est lui le responsable de cette République ».
Pour ce qui est de la nomination et de la révocation du Premier ministre ainsi que de la nomination du président de la Cour constitutionnelle, ces solutions avaient été proposées par les réformes antérieures, notamment celle de 2011 où la quasi-majorité des opposants d’aujourd’hui avaient voté.
Alors ce qui était valable hier ne le serait aujourd’hui, simplement parce que c’est IBK qui est au pouvoir ?
« Même ceux-là qui, à ma grande surprise, il y a peu, demandaient dans les spots publicitaires que l’on récite l’Accord et qu’un accord est fait pour être respecté et appliqué, subitement demandent que l’on arrête ; que l’on renonce ; que l’on retire le projet de révision constitutionnelle. Il y a malice. C’est que donc en réalité, on n’est pas pour l’Accord.
Mais on aurait dû avoir le courage de le dire. Non, subrepticement, à la faveur de cette histoire de révision, on sort du bois : il faut arrêter, il ne faut pas réviser.
Ne le faisant pas, nous ne sommes plus dans l’Accord pour la paix. Ainsi, avons-nous tous décidé à Alger. Ce n’est pas une lubie d’IBK. Non que çà et là ce qui a été prévu le soit.
Je suis à l’aise dans cette affaire-là. Totalement à l’aise. Mais, de grâce, qu’on ne fasse pas de notre pays un pays qui ne tient pas ses engagements internationaux.
Ce n’est pas une question d’orgueil ou d’ego. Il s’agit de gestion d’État et il s’agit également de tenir un engagement, d’être en conformité avec un Accord qui nous engage.
S’il y a recul, nous fondons les autres à s’estimer libérés. Dès lors que nous ne tenons pas nos engagements pourquoi tiendraient-ils les leurs. Donc, voyons dans quoi veut-on plonger le Mali, vers quoi veut-on diriger le Mali. Par rapport à où nous sommes en train d’aller, vers une sortie de crise. Peut-être que c’est cela que l’on ne veut pas (réponses aux vœux le jour de l’Aïd El Fitr).»
Constitutionnalisation de l’homosexualité
C’est le chef de file de l’Opposition, qui ne recule plus devant aucun ridicule, qui a laissé entendre cette divagation. Haranguant sa poignée de militants noyés dans les rangs des activistes contre le régime, Soumi a dit que si jamais ce referendum passait, rien ne pourra les empêcher de légaliser au Mali le mariage homosexuel. Ce qui était totalement absurde ; parce que rien dans la Constitution ne pouvait indiquer ni étayer cette allégation hasardeuse d’un Chef de file de l’Opposition âge de 70 ans doublé d’honorabilité.
Logique ! La foule surexcitée a donc retenu de la harangue de Soumi que la nouvelle Constitution en chantier contiendrait des dispositions relatives à la légalisation du mariage homosexuel.
Sans rien comprendre, les partisans du NON ont commencé à faire le buzz avec la suggestion populiste de Soumi : la nouvelle constitution prévoit l’homosexualité ! Et pour se justifier ou justifier les propos de leur Chef mal inspiré, il disait que c’est le préambule qui fait référence à la «Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ». Et pour raison ?
Primo : la référence à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples n’est pas une nouveauté dans le préambule. Elle figurait déjà dans la Constitution de 1992 exactement dans les mêmes termes.
Or, dans la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, nulle part il ne fait référence au mariage, à l’union entre personne à plus forte raison d’homosexualité. Deux fois la Charte parle de sexe uniquement en matière d’interdiction de ségrégation, notamment dans son préambule et dans son article 18 : « l’État a le devoir de veiller à l’élimination de toute discrimination contre la femme et d’assurer la protection des droits de la femme et de l’enfant tels que stipulés dans les déclarations et conventions internationales ». (Lire la charte)
Secundo : Ils prétendent que le Mali a ratifié la charte africaine des droits de l’homme et qu’il sera soumis à respecter les textes qui légalisent le mariage homosexuel.
Oui, le Mali a signé cette Charte le 13 novembre 1981, l’a ratifié le 21 décembre 1981 et déposé le 22 janvier 1982. Notre pays l’a fait comme tous les 54 pays membres de l’Union africaine à l’exception du Soudan du Sud (né en le 9 juillet 2011 qui n’a pas encore eu le temps certainement de le faire). Est-il raisonnable de penser et d’affirmer que tous les pays africains (dont de pays musulmans reconnus et respectés) ont des penchants gay et acceptent comme par magie d’adhérer à une charte qui imposerait la légalisation de l’homosexualité ?
Pourquoi tous les pays africains ont-ils ratifié cette charte ? Parce que lors de sa 5e session ordinaire à Benghazi (Libye), tenue du 3 au 14 avril, Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a pris une « Résolution sur l’Intégration de Dispositions de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples dans le Droit National des États », notamment « d’Introduire les dispositions de l’article 1er à 29 de la Charte africaine des Droits de L’Homme et des Peuples dans leurs constitutions, lois, règlements et autres actes relatifs aux droits de l’homme et des peuples ». C’est pourquoi le Constituant de 1992 a introduit dans la Constitution la référence à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Cette référence fait du Mali et des 52 autres pays africains qui ont ratifié cette charte des pays gays ? Au contraire ! Sur les 54 pays africains, 36 notamment subsahariens pénalisent la pratique de l’homosexualité. Les 18 autres qui ne le criminalisent, seul l’Afrique du Sud l’autorise. Quid du cas du Mali ?
En tout cas, notre pays ne fait pas partie de la liste des 80 pays ayant légalisé la pratique de l’homosexualité. S’il n’a pas légiféré pour criminaliser l’homosexualité, rien n’indique que les mentalités puissent permettre une évolution dans ce sens. En effet, selon un récent sondage de « Afro baromètre », le Mali fait parti des pays les moins tolérants envers l’homosexualité. On fera encore beaucoup de temps avant qu’un maire malien n’ait le culot de célébrer un mariage gay.
Comme la plupart des pays africains, la position de notre pays (ses responsables et élites toutes tendances confondues) est-elle si loin de celle de l’ancien président de l’Union africaine à la tribune de l’Onu le 28 septembre 2015 ?
Pour rappel, Robert Mugabe, le président du Zimbabwe a, lors de son allocution à l’occasion de la 70e assemblée générale des Nations unies en 2015, a déclaré : « Respecter et faire respecter les droits de l’Homme sont des obligations de tous les États, et ceci est inscrit dans la Charte des Nations Unies. Le nouvel agenda des droits de l’homme qui est imposé par l’Occident, et plus spécifiquement la volonté de mettre fin à la criminalisation et la persécution envers les homosexuels. Nous refusons également les tentatives de prescrire de nouveaux droits qui seraient contraires à nos valeurs, normes, traditions et croyances. Nous ne sommes pas gays ! »,
Comme pour enfoncer le clou, il rappelle l’occident à l’ordre : «Le nouvel agenda des droits de l’homme qui est imposé par l’Occident, et plus spécifiquement la volonté de mettre fin à la criminalisation et la persécution envers les homosexuels. Cela ne marchera pas !».
Avant d’ajouter : «ces «nouveaux droits de l’homme» sont contraires à nos valeurs, nos normes, nos traditions et nos croyances».
À notre connaissance, aucun dirigeant africain ne s’est démarqué de Mugabe sur le sujet, à cause certainement des pesanteurs culturelles et religieux encore trop forts sur le Continent.
Donc, que nos vendeurs d’illusions cherchent d’autres moyens de « beurrer » les yeux des citoyens pour leur agenda inavouable.
Par CHRISTELLE KONE
Source: info-matin