Les conflits inter–communautaires en cours dans notre pays avec ses corolaires de morts, continuentde faire couler beaucoup d’encre et de salive. Et c’est le tour du Conseil National de la Société Civile du Mali ( CNSM) qui vient d’élever sa voix pour manifester toute son indignation face à la situation. C’était à l’occasion d’un point de presse, tenu le lundi 15 janvier dernier, à la maison de la presse de Bamako.
Ce point de presse arrive au moment où le conflitinter-communautaire, opposant Peulh et Dogon à Mopti , a atteint son paroxysme. Après plusieurs massacres d’innocents et de destruction des vivres, le CNSM a décidé de sortir de son silence.
En effet, pour préserver la quiétude et l’uniténationale, le CNSM a associé les frères Peuls et Dogon à ce point de presse à travers la présence remarquable, sur le présidium, du représentant de l’association Tabitaal Pulaku, Me Allassane Barryet du Président de l’association Guinna Dogon, M. Mamadou Togo. Après la présentation du présidium et le but du point de presse par le maître de cérémonie M. Kimbili, la parole a été donnée auPrésident du Conseil National de la Société Civile du Mali, M. Boureima Allaye Touré. Dans son discours, M. Touré a d‘abord manifesté toute son indignation suite aux massacres, à grande échelle , des populations civiles au centre du pays. Pour lui, il est inadmissible que l’État du Mali ne puisse pas assurer la sécurité des populations qui << payent pourtant régulièrement leurs impôts>> a-t-il dit.
Face aux atrocités contre les populations innocentes à Mopti faisant, selon le Président Touré, près de 600 morts en l’espace d’une année, le CNSM a interpelé le gouvernement à prendre toutesses responsabilités. A cet effet, le Conseil National de la Société Civile exige du gouvernement, le désarmement complet de toutes les milices sur le territoirenational, et a demandé que seule l‘armée nationale régulière veuille sur la protection des personnes et de leurs biens.
<< La société civile invite l’État à prendre toutes ses responsabilités et à considérer toutautre détenteur d’arme de guerre comme terroriste>> a declaré M. Boureima Allaye Touré, pour qui, la sécurité d’unterritoire national ne doit aucunement se sous traiter.
Outre les mesures de sécurité, le Conseil National de la Société Civile du Mali, a demandé, au gouvernement, d’entreprendre des actions de réconciliation entre les communautés en conflit, << afin de favoriser le retour de la paix avec les mesures d’accompagnement nécessaires>>.
Prenant tour à tour la parole, les représentants des deux communautés en conflit, ont tous dénoncé l’irresponsabilité de l’État face à la situation dramatique à Mopti. Pou eux, c’est l’absence de l’État en occurrence l’armée nationale dans ces zones, qui a occasionnétoutes ces tueries. Selon les représentants des associations Tabital Pulaku et Guinna Dogon, il n’existe, concrètement, aucun différend entre les deux communautés sœurs (Peul et Dogon), carliées par l’histoire et le sang. << Tous mes amis sont des Peuls. Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de problèmes entre nous>> a témoigné le président de Ginna Dogon, M. Mamadou Togo. De son côté, le représentant de Tabital Pulaku, Me Alassane Barry, aaussi abordé dans le même sens. Pour lui, tout comme la communauté Peul, les Dogons sont aussi dans une situation dont nul ne connaît l‘origine et encore moins l’objectif.
Très affligées par un conflit inconnu et qui met en mal leur cohabitation, les deux communautés, à travers leurs représentants, ont appelé le gouvernement à prendre ses responsabilités en autorisant uniquement les Forces armées du Mali à assurer la sécurité des populations tout endésarmant toutes les milices en possession irrégulière d‘armes de guerre. Enfin, pour eux ( Tabital Pulaku et Ginna Dogon) l’heure doit être à la réconciliation et au retour de la paix au grand bonheur des deux communautés vivant dans les zones de conflit. Et chacun, avant la fin du point de presse, a manifesté sa volonté d’œuvrer dans ce sens.
Ainsi, au regard des déclarations des représentants Peuls et Dogons à ce point de presse,l’on mérite de se poser cette question : à qui profite donc ces massacres inter-communautaires ? l’État est donc interpelé.
Boubacar KANOUTE.
Figaro Mali