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Confidence d’Abdoulaye Sissoko un habitant de Gouina : «Nous avons été sacrifiés pour une coopération régionale profitable à la France»

Sissoko ne s’explique pas en effet la réticence ne l’Omvs à assumer ses engagement de réinsertion établi conformément aux lois maliennes et aux prescriptions légales afférentes aux compensations des populations. Une situation qui interpelle le ministre de l’Energie et de l’eau Malick Alhousseini à qui une correspondance est parvenue à ce sujet avant que les inquiétudes des populations lui soient racontées de vive voix. Abdoulaye Sissoko et les populations des villages de Foukara, Galougo, Diparis, Talary, Banganoura, Dedeba et Bougouda se demandent encore pourquoi le barrage de Gouïna est devenu l’exception d’une règle qui s’était jadis appliquée à Manantali et Felou ?

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En effet, dans le projet initial de réalisation de l’ouvrage, un plan d’action de réinstallation des populations a été bel et bien posé  comme préalable au démarrage des travaux. Il a été formulé dans le cadre du plan de gestion environnemental et social dont la mise en œuvre a été confiée au haut-commissariat pour  exécution en collaboration avec les services techniques maliens et en coordination avec la cellule Omvs du Mali et la Sogem. A la grande satisfaction des populations, en 2006, il était question de mettre à la charge de l’Omvs les frais du recasement, nous rapporte M. Sissoko. «Les clauses issues de cette première réunion étaient claires : le choix des sites revenait aux populations et les travaux devraient démarrer après les études techniques. Les populations ont convenu de se regrouper sur un seul au lieu de s’éparpiller çà et là  et cela au sacrifice des réalités ancestrales, sociales et culturelles. C’est Bamganoura en aval du barrage qui  été retenu », a-t-il expliqué.

Avec un tel schéma, l’Omvs n’a même eu besoin de faire des études techniques puisque c’est en aval du barrage. Contrairement aux sites en amont du barrage celui-ci ne pose aucun problème. Bizarrement les travaux n’ont pas démarré. Raison évoquée : laisser le maximum de temps au villageois pour réfléchir sur les éventuelles doléances et régler quelques détails administratifs.

En 2009,  à travers une Ong, l’Organisation a effectué l’enquête sociodémographique au cours de laquelle rien n’a été laissé au hasard – du nombre de famille aux personnes et leurs biens en passant par les miradors, les hameaux, les champs et mêmes les arbres,a confié Moussa A Sissoko, un habitant de Fougara  non pris en charge dans le recasement. «Kayes étant une région d’exode par excellence, du fait que l’agriculture n’étant plus ce qu’elle était, nous avons communiqué aux enquêteurs tous les noms de nos parents vivant à l’étranger. Ce jour-là, ils nous ont assuré de la disponibilité de deux chambres pour chaque personne recensée. C’est à dire que ceux qui dormaient dans une chambre unique auront droit à deux et que les hommes mariés auront droit à deux chambres pour chacune des époux s’ils sont polygames. Des cuisines, des magasins, des étables et même la question de dédommager les lieux sacrés, tout était prévu», a mentionné notre interlocuteur.

Et de poursuivre : «En 2012, comme pour nous pousser à l’erreur, l’Omvs a voulu savoir si un changement était intervenu dans notre calendrier initial. Effectivement, il y en avait car, après analyse, les villageois se sont dit qu’il faut deux sites. Pour cause, Bamganoura ne pouvait pas contenir tous les villages et les terres arabes étaient insuffisantes, a expliqué notre interlocuteur, en affirmant que l’option de choisir Fougara comme second site est un schéma validé lors d’une réunion au conseil du cercle de Kayesavec à la clé une assurance donnée aux villageois qu’ils auront des maisons, de l’eau, de l’électricité et des routes.

«Jusqu’à fin 2015, on n’a pu constater que des va-et-vient sur les  deux sites mais jamais de travaux qui devaient commencer depuis cinq années auparavant», a déploré M. Sissoko, précisant dans la même veine que c’est à la signature des documentsque les populations ont compris finalement que les intentions de l’Omvs de dévier des clauses initiales sur le nombre et la dimension des chambresainsi que sur la prise en compte des statuts des différentes catégories de bénéficiaires (hommes marié, célibataires, expatriés, hommes en âge de se marier etc.).

Ce n’est pas tout. Comme pour pousser les villageois à se débarrasser de leurs vieilles personnes, l’Omvs ne les a pas non plus prévues dans son schéma, relève notre interlocuteur, ajoutant que des paysans se sont retrouvés avec des champs de 15 m2. «Nous avons signé ces documents par respect pour les autorités», nous a-t-il confié, en prévenant que par la même occasion que les maisons risquent d’être des joyaux dans un désert faute de preneurs et pour cause de  non prise en compte des réserves et doléances de leurs potentiels habitants.

Propos recueillis, par Amidou Keita

Le Témoin

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