La Conférence ordinaire des Evêques du Mali s’est tenue la semaine dernière, à l’Archevêché de Bamako. C’était en présence du ministre des Affaires religieuses et du Culte, M. Thierno Amadou Omar Hass Diallo. Deux principaux points ont été à l’ordre du jour de cette rencontre ordinaire des évêques du Mali. Il s’agit de l’examen du budget 2019 et l’examen des statuts et règlements intérieurs de certaines structures de l’Eglise.
La conférence a été également l’occasion d’examiner la situation sociopolitique du pays avec, à la clé, une épître épiscopale à l’adresse de la communauté catholique du Mali, en particulier, et du peuple malien dans son ensemble.
En attendant l’Epître en question, l’Eglise a exprimé quelques inquiétudes. Cela par la voix du Président de la Conférence épiscopale du Mali, Mgr Jonas Dembélé, Evêque de Kayes.
Sur le programme d’éducation sexuelle complète que le Gouvernement a abandonné face à la pression, Mgr Jonas Dembélé déclare : «nous avons des inquiétudes au sujet du programme dénommé, éducation sexuelle complète. Nous avons besoin d’avoir en main le document y afférent pour en avoir le cœur net et pouvoir l’examiner. Cela, tout en ne perdant pas de vue que nous vivons dans un monde globalisé où nos Etats subissent beaucoup de pression. Nous devons, cependant, pouvoir nous affirmer pour y faire face en faisant de la place à la pensée religieuse des peuples ».
«Nous sommes également inquiets à cause de l’instrumentalisation des peuples peuls et dogons au centre de notre pays», a ajouté l’Evêque de Kayes. Il soulignera l’engagement de l’Eglise à «prier pour l’édification de la vie sociale dans notre pays, pour un Mali en paix, réconcilié avec lui-même».
S’adressant particulièrement au ministre en charge des Affaires religieuses, Mgr Jonas Dembélé, président de la Conférence Episcopale du Mali dira : «nous sommes reconnaissants envers vous et saluons votre approche dans ce ministère à travers votre présence effective aux côtés de tout le monde, de nature à favoriser le vivre ensemble ». Aussi, il n’a pas manqué de remercier le ministre Diallo pour «tout ce qui a été fait en faveur de l’Eglise au Mali, singulièrement à l’occasion des 130 ans de l’évangélisation de notre pays et du 47ème anniversaire du Pèlerinage catholique de Kita».
Pour sa part, Son Eminence, le Cardinal Jean Zerbo a fait siens ces propos de Mgr Jonas Dembélé. Il annoncera l’épître épiscopale comme un message qui interpelle la Nation entière au regard de la situation que vit notre pays, sans oublier la globalisation comme une sorte d’évacuation du phénomène religieux.
«Le monde a besoin de ce témoignage de l’Afrique pour savoir d’où on vient et où on va», a soutenu l’Archevêque de Bamako. Le Cardinal Jean Zerbo saluera également le rôle équidistant que le ministre Diallo fait jouer à l’Etat vis-à-vis des religions ; notamment sa présence dans les cérémonies de l’Eglise et surtout à cette conférence comme un encouragement.
«Notre sacerdoce, c’est la laïcité réaffirmée par et pour un peuple pluriel et divers, où chacun a le droit d’être dans son identité, de choisir sa confession religieuse et de l’affirmer. C’est ce qui a été affirmé à Kita, que vous avez affirmé vous-mêmes. Cela par vos actes et prières et qui est consacré par notre Constitution », a martelé le ministre Diallo, rappelant et qualifiant de «moments de joie et de fierté, mais aussi, de communion d’âmes et d’esprit» les 130 ans de l’Eglise au Mali et le 47ème anniversaire du Pèlerinage de Kita. « Nous avons besoin de vos épîtres pour des conseils et orientations, pour nous rappeler que nous sommes le Mali, certes un pays en crise, mais où la morale religieuse a droit de cité, où l’exemplarité est une valeur», a exhorté le ministre Diallo.
Il importe de retenir que les deux événements ont été marqués par la présence du Secrétaire d’Etat du Vatican, en la personne du Cardinal Pietro Parolin.
Dieudonné Tembely
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