On la croyait dans un premier temps déviée de son sens premier qui est le rassemblement des forces vives de la nation malienne en vue d’un diagnostic inclusif des causes profondes de la crise qui secoue le pays depuis des lustres déjà ; mais, chemin faisant, la Conférence d’entente nationale, comme un train démarré à la gare avec ses portes ouvertes, tente d’embarquer les passager ayant raté son départ.
Ses organisateurs, la voulant exempte de toute critique d’exclusivité, n’ont nullement voulu se contenter de la participation décalée de la CMA. Ils n’entendent pas lésiner sur les moyens pour sauver ce qui peut encore être sauvé ; d’où la mise sur pied d’une équipe expéditive chargée de ramener l’opposition malienne, la seule qui manque actuellement à l’appel, autour de la table érigée au Palais de la Culture.
Cette équipe placée sous la houlette du Président du Haut Conseil Islamique du Mali, l’Imam Mahmoud Dicko, est constituée de Me HarounaToureh de la Plateforme, Mohamed Ould Mahmoud dit Mado de la CMA et de plusieurs autres personnalités. Elle a pour mission d’enclencher, dès hier, mercredi 29 courant, des discussions avec le Chef de file de l’opposition et les siens afin de les convaincre pour un retour à des meilleurs sentiments. Jusqu’à ce que nous ne mettions sous presse cet article, rien n’avait filtré des premières entrevues, certes; mais, tout porte déjà à croire que l’initiative seule porte en elle-même les germes de sa réussite. Et ceci pour des raisons que nul n’ignore. D’une part, l’opposition restée campée sur sa position ; laquelle elle justifie par le fait de n’avoir pas été consultée pour les jalons de ces assises, peut se dire recroquevillée sur elle-même attendant de la part du Gouvernement les mêmes démarches à l’issue desquelles la CMA a fait son volte-face au lendemain de l’ouverture des travaux. Cela irait de soi pour tout camp réfractaire qui se retrouve seul dans des plaintes qu’il brandissait avant avec un partenaire de circonstance que l’accusé commun a fini par convaincre avec Dieu seul sait quoi.
Ensuite, l’une des raisons évoquées par l’opposition pour justifier son boycott de la conférence, celle décriant le chronogramme trop retreint des discussions, semble ne plus avoir sa raison d’être lorsque le Président de la Commission préparatoire, Baba Hakim Haïdara, à l’ouverture, ne limitait plus l’élaboration de la Charte au 2 avril comme initialement prévu. L’opposition peut, donc, aisément fléchir devant la mission de bons offices de l’Imam Mahmoud Dicko, tout comme elle peut lui rendre la tâche difficile.
Par souci d’orgueil, Tiébilé Dramé et ses camarades du bord de l’opposition pourraient maintenir le cap du boycott en prétextant qu’ils devraient être prioritaires que la CMA dans la recherche des compromis. Il est aussi possible qu’ils contestent la légitimité et la densité du groupe envoyé vers eux. Ce d’autant plus que celui ayant eu à faire les échanges avec la CMA comprenait le Haut Représentant du Chef de l’Etat dans la mise en œuvre de l’Accord, la Médiation internationale et le Représentant de la Mission des Nations-Unies au Mali. Dans ces deux cas, l’opposition opposerait une fin de non recevoir au Comité de Mahmoud Dicko qui serait obligé de reculer pour mieux sauter afin de sauver les meubles.
Katito WADADA
Source: LE COMBAT