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Conférence débats de l’Adema-Pasj : Les vérités du Pr Dioncounda Traoré

Au cours des débats, le président Dioncounda a sans complaisance craché certaines vérités relatives au dysfonctionnement du parti. Ainsi en faisant un récapitulatif du bilan de l’ADEMA, Dioncounda Traoré a dit : « Je suis très heureux de tout ce que j’ai entendu. Le fait que les gens se retrouvent ensemble pour se préoccuper à parler du parti est très important. Le fait d’engager un débat franc, sincère et profond est courageux. Beaucoup de choses ont été dites, mais je ne rentre pas dans les détails.

Le bilan d’un parti politique est un tout. Si le parti vient au pouvoir et ne tient plus régulièrement les conférences et autres activités politiques, je crois qu’il a mal travaillé pour le parti. En s’inspirant de l’historique de l’ADEMA , on peut facilement avoir l’idée des origines du parti, savoir ses composantes , connaître ceux qui se sont battus pendant des décennies avant même l’avènement de la démocratie au Mali, avant la création de l’Association ADEMA et avant le parti proprement dit. C’est important que les gens le sachent. Avant il y avait des Etudiants, ensuite il y a des formations politiques clandestines. Nous avons vécu des situations après l’indépendance et après le coup d’Etat qui a mis fin à la première république. De là se sont créées des associations et des partis clandestins autour de valeurs. Les hommes et les femmes   qui ont milité dans ces partis clandestins et associations croyaient en quelque chose. Ils croyaient en l’homme et se mettaient à son service. Tout le reste était des détails. Ces hommes et ces femmes qui n’étaient pas très nombreux avaient bâti leur idéologie autour des valeurs de liberté, de dignité, d’entraide, de travail et de solidarité. C’est cette réalité qu’il faut comprendre. Il y avait des médecins, des enseignants. L’intelligentsia malienne n’était pas très nombreuse. Mais ils ont réussi par le travail. Mais dès que la lutte a abouti, nous nous sommes mis à chercher des militants et des adhérents venant de partout ça c’est la première erreur. Quand vous allez dans le monde, il y a des grands partis qui n’ont pas beaucoup de militants. Ils ont des sympathisants, des gens qui votent pour eux lors des élections. Les vrais militants du parti ne sont pas nombreux. Mais nous avons accepté du tout venant. Ces gens savaient pourquoi ils venaient. Ils avaient leur propres valeurs et ambitions. Ces gens qui sont venus avec leurs propres idées n’en savaient rien du parti déjà bâti. Ils ne savent pas ce que c’est un parti. Ils n’avaient jamais milité. D’autres avaient milité dans des partis, surtout le parti défunt. Evidemment depuis ce moment la perte des repères avait commencé sans qu’on s’en aperçoive parce que ça n’avait pas un impact visible. Les gens sont venus pour leur intérêt individuel. On  n’ y a pas fait attention  que lorsque leur impacte a commencé à nuire à la démarche du parti. Petit à petit, au fil des années ils ont pris surtout conscience de leur nombre pour ensuite influencer la marche du parti. Ce qui me rappelle cette phrase prononcée par notre camarade Mamadou Lamine Traoré qui disait  un jour : « les frelons ont envahi la ruche. En ce moment il avait compris que les frelons étaient plus nombreux que les abeilles. C’est une plaie qui ronge l’ADEMA pratiquement depuis le départ. C’est une plaie que nous n’avons pas   su et pu soigner. C’est une plaie que nous n’avons pas pris le temps de soigner. Dans des cas pareils la plaie fini par se gangrener. Et quand elle se gangrène, c’est difficile de la soigner. Si on ne soigne pas à temps la partie gangrenée c’est tout l’organisme qui meurt. Aujourd’hui on se pose la question de savoir, ou est ce qu’on en est. Est ce que on peut encore amputer la partie gangrenée ? Où est ce que le parti est condamné à disparaître ? C’est çà l’angoisse des militants de l’ADEMA. Moi je dis que ce n’est pas encore gangrené. Assurez-vous nous avons encore les moyens de soigner la plaie et de la guérir à condition qu’on s’y mettent maintenant. C’est maintenant de se lever. Mais, si on reste comme çà, ça serait trop tard. On se demande quelle est la source de cette confusion. Je vous dis qu’au Mali on n’a pas perdu d’élection avant les dernières élections de 2013. Je le dis haut et fort on a perdu la présidentielle en 2002, mais gagné les législatives et les municipales. Avant çà on a gagné les présidentielles. C’est à partir de 2002 qu’on a commencé à perdre les législatives.

Pourquoi on a perdu l’élection présidentielle en 2002 ? C’est parce que cette plaie avait commencé à s’aggraver. La défaite de 2002 n’est pas  venue par hasard. Nous avons suffisamment perdu de repères et de valeurs. Tout le monde n’avait pas perdu. Ceux qui n’avaient pas connu nos valeurs prenaient de plus en plus d’importance. Et on n’avait l’impression que le parti perdait ses repères. Il y a des gens qui n’ont jamais perdu de repère. Ce qui a amené cette défaite, c’est ce qui nous a amené à la rénovation. Et de la rénovation, on est allé au congrès extraordinaire puis à la convention et enfin à la défaite en 2002. La rénovation était constituée simplement de gens qui avaient des ambitions personnelles. Sinon nous avons un parti structuré et fort. Nous étions au pouvoir. Le président du parti était Ibrahim Boubacar Keïta. Le parti aurait pu l’intronisé comme candidat du parti. C’est parce que des gens ont contesté cela que la zizanie a commencé dans le parti. Ceux qui ont été à la base de cette zizanie sont fortement responsables dans le déclin du parti. Je le dis et je le répète. C’’est depuis ce moment que la mésentente a commencé entre les militants. On a commencé à ne plus respecter les statuts du parti. On a également commencé à croire que tout le monde peut faire tout. C’est n’est pas vrai. Tout le monde ne peut pas faire tout. Même aujourd’hui n’importe qui pense qu’il peut devenir président de la république ou président du parti. Chacun pense qu’il peut tout faire.  Cette pensée n’est pas vraie. C’est n’est pas parce que j’ai un peu d’argent ou je suis à cette place, que je dois me prétendre  briguer n’importe quel poste et assumer n’importe quelle responsabilité. En briguant des responsabilités, ce sont des responsabilités qu’on nous impose. La responsabilité signifie des sacrifices à consentir. Les gens pensent que les responsabilités sont seulement des honneurs, des rouages du pouvoir. Ce n’est pas vrai. Tout le monde ne peut pas assumer des responsabilités. Depuis 2002, on aurait plutôt stopper cette plaie mais on a laissé allez. Toutes ces personnes qui sont venues dans le parti avec d’autres visions ont contribué d’avantage au désordre. Mais ceux qui avaient le souci du parti, qui connaissaient le parti, qui croyaient en son projet et en ses valeurs, ont cherché à préserver le noyau du parti. Parce que les autres s’en fichait.  Même si le parti se brisait en mille morceaux, cela ne leur disait rien. C’est pourquoi des compromis ont été acceptés sans regret. C’est pour vous dire que ce mal a traîné pendant longtemps. Aujourd’hui, nous continuons à en souffrir.

Il faut comprendre deux choses maintenant. En tant que tel l’ADEMA n’a pas perdu ses valeurs. Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’il n’est pas d’accord avec les valeurs qui ont contribué à la création du parti. Le parti reste avec ses mêmes valeurs et son même projet. Il faut  corriger les erreurs pour adapter le parti à  certaines réalités et à la lumière que nous avons eu à faire de la question du pouvoir. Mais personne n’a réuni ces choses là. La bataille se trouve au niveau de ceux, qui en réalité veulent dénaturer le parti et ceux qui ont cru aux valeurs du parti. Il faut qu’on se dise la vérité. Nous ne sommes pas tous des militants du parti à égalité. Il y a des gens qui aiment le parti et d’autres qui ne l’aiment pas. Ils ne sont pas les mêmes. Ceux qui sont là aujourd’hui aiment le parti. Vous avez le souci de son existence. Mais il y a des gens qui s ‘en fichent. Si le parti meurt aujourd’hui, ils vont créer un autre ailleurs sans aucun regret.

Alors mobilisons nous pour notre parti et pour  les valeurs qui nous ont réuni. Mobilisons nous pour ce pays. C’est la seule chose qui vaille. Les discours savants sont bien beaux. Mais c’est des démarches intellectuelles. Et l’ADEMA-PASJ  ne souffre que de çà. C’est un mal qui date de longtemps. On n’a jamais eu le courage de le corriger. Aujourd’hui, il faut le corriger. Il ne s’agit pas de le dire mais d’avoir le courage de le matérialiser pendant ce congrès là. Il y a des conséquences. Il faut qu’une autre plante germe dans ce parti.

Faire appel à Alpha Oumar  ou Dioncounda, c’est une catastrophe. J’ai 73 ans aujourd’hui. Ils n’ont pas vu personne d’autre qui soit capable de faire la relève .Il faut former les militants. Il faut que les anciens cadres se mobilisent pour assurer cette mission ? Que les jeunes acceptent de se former. Qu’ils sachent que personne ne naît avec la maturité politique. Nous, on a eu la chance de le militer depuis le cycle secondaire. Il y a des choses qu’ils ne savent pas. Ceux qui ont milité, l’on peut être fait pendant la violence. Tout ce qu’ils savent, c’est la violence. Il faut qu’on s’asseye, qu’on réfléchisse, qu’on analyse. J’aurais voulu  dans les documents élaborés par les initiateurs  de la conférence qu’on prenne en compte la formation des militants. Si nous ne formons nos militants, la plaie va gangrener tout le corps et nous allons disparaître. Pour avoir le pouvoir, il faut avoir un parti fort, organisé et stratège. Nous avons encore de la chance. Parce que nous avons une base solide. Ceux qui ont cru à ceux qui ont crée l’ADEMA –Association et l’ADEMA parti, continu à croire aux valeurs  et repères fondatrices. C’est pourquoi nous continuons à gagner des élections. Aujourd’hui, ils croient à l’ADEMA. Si on fait  aujourd’hui au Mali des élections  libres, transparentes, l’ADEMA va  gagner. Mais à une seule condition. Que nous soyons pas nous mêmes a nous abattre. La seule chose qui peut battre l’ADEMA, c’est l’ADEMA lui même. Donc il faut qu’on fasse attention à ces choses là. Nous devons réapprendre à nous parler franchement, a pensé ensemble, a décidé ensemble et à agir ensemble. Nous devons mettre fin aux petits groupes, aux petits clans, aux batailles intestines. Sortez de vos tranchées et travaillons au grand jour. Ne par lons pas les uns derrière les autres.

***Une fois qu’on aura mis ces groupuscules et ces clans d’intérêts hors d’état de nuire, on pourra avancer sereinement. Dans ces clans d’intérêt c’est une seule personne qui profite en général de la situation. Toutes  les autres personnes sont dupes. Il faut arrêter çà. Allons à un congrès apaisé et essayons de trouver des solutions pratiques aux questions posées. »

Abordant la question sur la taille du comité exécutif du parti, le président Dioncounda Traoré a répliqué en ces termes « C’est toujours le même problème de leadership. Les gens qui veulent postuler à des postes veulent toujours siéger au sein du CE. Ces gens ont toujours l’ambition d’être représenter au niveau de l’instance dirigeante .Pour avoir la paix on prend jusqu’à 80 personnes. Toutes ces personnes ne trouvent aucun intérêt à travailler dans le CE. Dès qu’il n y a pas de bataille pour le groupe ils ne sont pas concernés pour le reste des problèmes du parti. Généralement, ils ne viennent que lorsqu’il y a des postes à partager ou lorsqu’il y a formation du gouvernement. E n dehors de çà, on ne les voit jamais. Quand vous parvenez à atteindre 30 à 35 personnes au sein du CE c’est le quota. Mais si la base, pour des raisons diverses veut être représentée au sein d’un organisme permanent on peut alors créer un comité central.  Ce comité pourra se réunir par exemple deux fois par an pour décider de ce qui doit être fait. Cela évitera ces histoires de conférences et autres. Dans le CE, en dehors des 15 ou 20 personnes, tout le reste ne fait pratiquement rien. Je suis parfaitement d’accord qu’il est important de revoir cette démarche.

En ce concerne la question de la candidature au sein du parti lors des présidentielles, l’ancien Président de la transition Malienne a laissé entendre ceci : «C’est un problème. Il va falloir qu’on se penche sérieusement sur la question. Je me suis toujours posé la question de savoir, comment on peut arriver à élire un président du parti et au moment d’élection présidentielle vouloir subitement dire qu’il n’est pas bon. Tous les moyens sont utilisés pour le contester au risque de casser le parti. On l’a choisi président parce qu’il a des qualités. Si tout le monde se met derrière lui, on peut améliorer ses qualités et le préparer pour briguer la magistrature suprême. Il faut qu’on arrête des déchirements pour un seuil fauteuil. Ces divisions ne peuvent s’estomper avant les élections. C’est toujours la question des intérêts qui est à la source de cette situation. Il faut qu’on se dise la vérité au moment où on choisi le président du parti. On doit se dire qu’en choisissant ce président, on est entrain d’investir un candidat à la présidentielle…La présidentielle trouvera qu’on l’a préparé pour accomplir la fonction du président de la République. Dans les grands pays comme les Etats Unis, il y a aussi des primaires. Mais ces primaires sont à un autre niveau de la Démocratie. Une fois que le président est élu sur des bases aussi objectives que possible tout le monde le soutient. Mais chez nous, dès que le candidat est choisi, on continue à le contester. On va même jusqu’à soutenir le candidat adverse. Moi, en tant que président du parti, je l’ai vécu en 2002 quand j’allais faire la campagne au niveau des sections pour soutenir le camarade Soumaïla Cissé. Un jour, quelqu’un est venu me demander, si je faisais confiance à ceux qui prétendent nous soutenir. Je l’ai dit oui. Deux minutes après il m’apporte un t-shirt appartenant à un de nos militants majeur et qui portant le nom de ATT à l’autre face. A cet effet il m’a dit que des gens se disent être avec nous le jour et la nuit ils sont avec nos adversaires. Les gens doivent comprendre que les dissensions soulevées lors des choix des candidats du pari, continuent après les élections. C’est un grand débat qu’il faut résoudre sérieusement. C’est ce qui convient à l’Adema. Il y a des gens à vendre et à acheter à tout moment ».

Jean Goïta

 

 

L’appel d’union du Pr Dioncounda  

« Réapprenons à nous parler »

L’ancien Président par intérim de la République du Mali, et ancien président de l’Adema –Pasj, le Prof Dioncounda Traoré soucieux de l’avenir du parti à l’orée de son 5ème congrès ordinaire appelle tout le peuple Adema à l’unité.

« Au peuple Adema, je dis, unissons-nous, réapprenons à nous parler et à nous faire confiance .Réapprenons à penser ensemble, à décider ensemble et à agir ensemble. C’est vraiment un appel à l’unité Je pense que si ce grand parti retrouve son unité, il a encore de belles choses à faire pour cepays et pour la démocratie malienne. »

Tiémoko Traoré

 

Source: Le Pouce

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