Nous sommes au camp de Faladié, installé au pied d’une décharge d’ordures et au beau milieu du parc à bétails. D’un côté l’odeur insupportable des tas d’ordures et de l’autre les bétails qui s’échappent des mains de leurs propriétaires et se faufilent entre les tentes des réfugiés. C’est une vie de misère et de mystère que nous découvrons.
Il est 10 heures et le camp de Faladié est au beau fixe de son mouvement. Les plus habitués se baladent dans le marché à bétails, histoire d’aller causer avec les connaissances. Quant aux femmes, elles se chargent naturellement des tâches ménagères. Dans le camp, la priorité est simple : avoir de quoi nourrir la famille et éviter de tomber malade. Car à la limite, les habitants manquent même l’essentiel. Certains arrivent à peine à assurer les trois repas par jour. La santé, l’école ou les beaux habits sont désormais relégués au second plan.
Cependant, deux réalités intriguent les réfugiés à savoir le problème de logement et la préparation du mois du ramadan qui arrive à grand pas. Keneko Dara est l’un des responsables du camp de Faladié. Il nous raconte l’angoisse des populations : « Nous avons quitté Danweli dans la commune de Dioungani, cercle de Koro et nous vivons ici depuis 2018. C’est mon cas, mais chacun vient d’une localité où il y a eu de la guerre. Mais une fois au camp, nous vivons les mêmes réalités. »
A la recherche des denrées de première nécessité
Interrogé sur les conditions de vie des habitants du camp, Keneko Dara se lâche : « Beaucoup de choses ont changé, je peux dire. Au départ, certaines ONG et associations nous assistaient. Des ONG sont même venues donner de l’eau potable, elles ont fait quelques forages ici dans le camp de Faladjé pour que nous ayons de l’eau potable. D’autres sont venues installer des poubelles pour les ordures. Un GIE a été également mis à notre disposition pour le ramassage des ordures. Mais aujourd’hui, nous sommes confrontés à un problème de denrées de première nécessité comme le riz, le mil, l’huile, le lait… Ça fait plus de trois mois que nous n’avons reçu aucune aide de ce genre. Nous vivons dans des tentes et cases qui ne peuvent plus nous protéger de la pluie et l’hivernage arrive à grand pas. Nous avons des petits-enfants et nous ne savons pas comment faire. »
Quant à la préparation du mois de carême, les réfugiés n’ont aucune idée de ce qui se passera. « Difficile à dire, le carême pour des déplacés ce n’est vraiment pas facile en réalité. Comme nous savons tous que c’est une question de foi, chacun fait de son mieux. Pour pouvoir faire le jeûne, il te faut un peu de moyen pour les ruptures. Quelqu’un qui n’arrive pas à manger trois fois par jour, franchement ce n’est pas chose facile pour lui de jeûner. Maintenant, nous lançons un appel à nos autorités pour nous venir en aide afin que nous nous puissions bien observer ce mois béni de ramadan », a-t-il ajouté.
Les femmes souffrent !
Si les réfugiés souffrent dans l’ensemble, les enfants et les femmes constituent la couche la plus touchée. Aminata Kodio témoigne au nom des femmes du camp: « Les femmes souffrent vraiment. Nous avons des familles où personne n’a de l’activité à faire. Les hommes font beaucoup de tentatives, mais rien ne marche pratiquement. Pour les soutenir, nous les femmes, essayons de faire de petits commerces. Ce qui est sûr, c’est que nos maigres revenues ne peuvent pas assurer les besoins quotidiens de nos familles respectives. »
Au camp de Niamana, ce sont les mêmes conditions de vie qui existent sauf qu’à notre passage dans ce camp nous sommes tombés sur une cérémonie de distribution de vivres et des matériels de protection contre le coronavirus. Des masques, des produits d’hygiènes et autres leur ont été offerts. En tout, soixante-deux ménages ont bénéficié de ce don de Care Mali en partenariat avec une société minière de la Côte d’Ivoire du nom d’EDV Employee Fund.
Daouda Arama, stagiaire
Source : Ziré