Dans le but d’améliorer les dispositifs et mécanismes institutionnels pour une meilleure protection des mineurs migrants non accompagnés au Mali, la Fondation Terre des hommes Lausanne (Tdh) a organisé une conférence nationale de plaidoyer, en partenariat avec la Coalition Malienne de Défense des Droits des enfants (COMADE). Visant à interpeller les plus hautes autorités du pays, ladite conférence avait pour thème central : « mettre en place des dispositifs multisectoriels d’accompagnement protecteur des mineurs migrants non accompagnés ». C’était la semaine dernière dans la salle Bakary Kamian de l’Hôtel Onomo de Bamako.
Bien que l’Etat malien a élaboré la politique nationale pour la promotion et la protection de l’enfance et son plan d’action quinquennal adoptés en juillet 2014, le code de protection des enfants en cours d’élaboration, le code du travail avec des éléments spécifiques sur le travail des enfants etc, la situation demeure toujours préoccupante. C’est pourquoi, cette conférence a été initiée pour informer les décideurs nationaux, les partenaires techniques et financiers sur l’approche mobilité et la situation des enfants migrants non accompagnés au Mali et en Afrique de l’Ouest. A travers elle, il s’agit d’inciter les décideurs nationaux et les responsables des structures techniques de l’Etat à prendre en compte la protection de l’enfance et à mettre en place des dispositifs et mécanismes d’accompagnement des mineurs migrants non accompagnés, à s’engager et à prendre des actions concrètes concernant la révision des accords bilatéraux, la ratification de la convention 189 de l’IT et l’amélioration des conditions de vie et de travail des enfants mineurs non accompagnés. Aussi, cette conférence a permis d’offrir un espace d’interpellation directe des autorités par les enfants en mobilité sur les situations, de proposer des alternatives pour l’amélioration des conditions des enfants en général et ceux concernés par les mobilités et de présenter aux plus hautes autorités du pays la déclaration des enfants en situation de mobilité pour des actions concrètes et immédiates en faveur d’un meilleur accompagnement des enfants le long de leurs parcours migratoires.
Le président de la Comade Amadou Bocar Tegueté dans ces mots de bienvenus a fait un rappel historique de la situation, qui confondait la mobilité des enfants à la traite, durant des siècles. Pour lyui, le phénomène en question concerne très souvent les enfants travailleurs domestiques, les vendeurs ambulants, les enfants talibés, les enfants mendiants, les enfants de la rue etc. Ainsi, par ces vastes déplacements migratoires, ces enfants et ces jeunes sont particulièrement exposés à diverses violations de leurs droits, à savoir aux abus, à la négligence, à l’exploitation sexuelle, à la traite etc.
Déplorant la lenteur des politiques à la faveur d’une solution définitive à ce phénomène, Amadou Bocar Tegueté, dira qu’elles sont insuffisantes. Cela est due au fait qu’elles ont tenté de combattre la mobilité en assimilant systématiquement tous les enfants en mobilité aux victimes de traite. Ce qu’a fait qu’aujourd’hui, les réalités montrent plusieurs facettes de cette mobilité et tendent plutôt vers une compréhension du phénomène.
Le chef de la délégation Terre des hommes au Mali M. Yannick Deville a soutenu que sa fondation œuvre à travers le monde dans un esprit d’apporter de l’aide aux enfants en situation difficile. C’est avec cette même sensibilité qu’elle travaille au Mali en général et particulièrement dans les régions de Ségou, Mopti et Tombouctou. Poursuivant, le chef de la délégation Terre des hommes fera savoir que sa fondation n’apporte pas de solutions toutes faites, pensées très loin dans les bureaux par des théoriciens coupés de toute réalité. Mais, elle appuie les autorités locales et les communautés afin d’identifier ensemble les solutions les mieux appropriées à un problème spécifique.
La représentante du Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille a beaucoup remercié les initiatrices de la présente conférence. Elle a reconnu le travail déjà abattu par les plus hautes autorités du pays afin d circonscrire le phénomène. Mais, il reste du chemin à faire à soutenu la représente du ministre. Pour cela, il est nécessaire d’avancer ensemble à présent, afin de poursuivre le chemin des réformes et des réponses concrètes auprès des enfants en mobilité.
Un document de plaidoyer sur la protection des mineurs migrants non accompagnés au Mali a fait l’objet d’une remise, par la présidente du parlement des enfants du Mali, aux représentants des différentes structures concernés par cette lutte.
source : L’ Informateur