Une mission du Fonds monétaire international (FMI), conduite par Mme Boriana Yontcheva, a séjourné au Mali du 24 octobre au 3 novembre 2018. Cela dans le cadre des consultations relatives à la 10ième Revue du programme économique et financier du Mali appuyé au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC). En fin de mission, le chef de la délégation du FMI et le ministre malien de l’Economie et des Finances, ont animé, conjointement, le 3 novembre, une conférence de presse pour donner les conclusions de cette mission. Il ressort de cette rencontre avec les hommes de médias que les conclusions de la mission sont bonnes avec des perspectives soutenables pour l’économie du pays mais avec quelques vulnérabilités.
Notons tout d’abord que cette Revue est la dixième et la dernière du genre au titre de la FEC négociée et conclue en 2013 entre le gouvernement du Mali et les services du FMI.
En effet, pour Mme Boriana Yontcheva «la mission du FMI et les autorités maliennes sont parvenues à un accord préliminaire sur la conclusion de la 10ième revue du programme économique et financier du Mali, soutenu par la FEC ». Cela, dit-elle, «sous réserve de l’approbation par la direction et le Conseil d’administration du FMI. L’examen du dossier par le Conseil d’administration est prévu pour décembre 2018».
Pour elle, la croissance du PIB de 2018, soutenue par une production agricole solide, devrait rester robuste à environ 5%. Quant à l’inflation, elle est projetée à environ 1,9%, en dessous du plafond régional. Dans sa déclaration, elle dira que «la mise en œuvre du programme au cours du premier trimestre 2018 a été globalement satisfaisante. La mission et les autorités ont revu l’exécution budgétaire du premier semestre 2018 ». Pour elle, la plupart des critères quantitatifs de performance à fin juin 2018 ont été atteints. Mme Boriana expliquera que la moins-value importante au niveau des recettes intérieures a été compensée par une réduction des dépenses ; car les autorités ont fait preuve de détermination pour respecter leur objectif de déficit budgétaire. «Le niveau attendu des recettes à fin décembre 2018 est inférieur à l’objectif du gouvernement de 1% du PIB. En plus de la mise en œuvre de mesures correctives d’administration fiscale pour redresser le niveau des recettes, les autorités du Mali ont également prévu de resserrer significativement les dépenses d’investissement moins prioritaires financés sur les ressources intérieures et les dépenses courantes, hors salaire. Cela afin de respecter l’objectif de déficit budgétaire de 2018» a-t-elle annoncé. Le chef de la mission ajoutera que plusieurs réformes structurelles ont été mises en œuvre, en particulier celle sur la gouvernance où l’objectif de transmission des déclarations de patrimoine par les hauts fonctionnaires a été largement rempli. Cependant, fait-elle remarquer, «la formule de fixation des prix pétroliers n’a pas été constamment mise en œuvre et la réforme relative au relèvement du seuil des investissements bénéficiant d’exonérations fiscales a été retardée».
Pour elle, le budget préliminaire de 2019 est en ligne avec le respect du critère de gouvernance de l’UEMOA, limitant le déficit à 3% du PIB. Toutefois, elle reconnait qu’atteindre cet objectif va nécessiter plus d’efforts de recouvrement des recettes. Cela, dans un contexte de prix pétroliers toujours élevés et une situation sécuritaire difficile.
Comme mesures à prendre et au moyen terme afin de réduire les vulnérabilités, le chef de la mission dira que les autorités maliennes doivent accroitre leurs efforts. Cela afin de créer de l’espace pour les dépenses en infrastructures et sociales. Ce qui nécessitera, pour elle, une mise en œuvre inébranlable des réformes sur l’amélioration fiscale, l’efficacité de la taxation du secteur minier et des recettes sur les produits pétroliers ; ainsi que l’amélioration de la gestion des finances publiques, en particulier l’augmentation de l’efficacité des investissements publics et le renforcement de la gestion de la dette.
Quant au ministre Boubou Cissé, en réponses aux questions des journalistes sur la situation des caisses de l’Etat qu’on dit « vides », il avouera qu’il n’y a jamais eu de défaut de paiement de la dette du Mali. Aussi, ajoute-t-il « il n’y a pas d’arriérées de paiement au niveau du Trésor et que les salaires sont faits à temps ». Néanmoins, il reconnait qu’il y a une tension de trésorerie due au fait que l’Etat est en train de prendre en charge les dettes de la société EDM SA.
Il importe de retenir que l’équipe du FMI a rencontré le président IBK, le PM, des membres du gouvernement, le directeur national de la BCEAO, des hauts fonctionnaires, des syndicats, et des représentants de la Société civile et du Secteur privé et des partenaires au développement.
Dieudonné Tembely
Info Sept