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Conciliation autour du préavis de grève du SYNTRACT: mépris affiché du gouvernement

Il ne manquait que plus ça : l’indifférence comme arme de négociation vis-à-vis du syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales du Mali. Hier, alors que la réunion de conciliation devait débuter, en vue de rechercher un compromis utile, entre les deux parties, les syndicalistes ont constaté, dans leur grande surprise, qu’aucun des représentants de l’État n’était présent, ni même les négociateurs, côté gouvernement. Plus grave, la partie gouvernementale ne s’est même pas donné la peine de produire le mémoire en défense, pour la circonstance. Un mépris de trop qui a scandalisé les syndicalistes qui réclament à l’État près de 40 mois d’arriérés de salaires, pour certains agents des collectivités territoriales.

C’est la mort dans l’âme que les trois responsables syndicaux, délégués par leur bureau national pour engager des négociations avec les représentants de l’État sur les doléances déposées sur la table du gouvernement, ont dû finalement quitter les lieux, d’où la réunion de conciliation devait se tenir, faute d’avoir en face d’eux des interlocuteurs. Arrivés sur les lieux, comme l’exige la tradition, en vue d’entamer la conciliation avec l’État, sous la supervision des facilitateurs, les responsables syndicaux ne savaient justement où donner la tête. Personne n’était là pour les accueillir, ni même les désigner la salle, où devraient se tenir ces assises.
Pourtant, c’est bel et bien un préavis de grève, portant sur un cahier de doléances de 20 points sur lesquels 15 ont fait l’objet d’accord avec l’État, que le SYNTRACT a déposé sur la table de discussion avec le gouvernement. C’était il y a quelques jours d’autant que le syndicat estime qu’aucun des 15 points d’accord n’a connu jusqu’ici un début d’exécution. Pour manifester leur ras-le-bol face à cette situation qu’il qualifie de remise en cause des acquis, le bureau national du SYNTRACT a déposé un préavis de grève de 72 heures qui doit débuter le 6 avril prochain. Dans ce préavis, les syndicalistes exigent l’exécution immédiate des 15 points ayant fait l’objet d’accord avec l’État ; la prise en charge des salaires des fonctionnaires des collectivités territoriales du cadre de l’administration par l’État.
Au moment où le Mali est cité comme un exemple en matière de décentralisation, il n’est pas normal, estiment les agents des collectivités territoriales, qu’il ait une discrimination entre les fonctionnaires des collectivités territoriales et les autres agents publics.
Et pour cause ? Les agents des collectivités territoriales dénoncent le fait qu’ils sont les seuls agents à être assujettis aux collectivités pendant que les enseignants et les agents sanitaires, du même ordre, eux, sont payés par l’État. Quand on sait les difficultés avec lesquelles les collectivités territoriales perçoivent les impôts et taxes (TDRL), qui sont difficilement mobilisables, on comprend alors la précarité dans laquelle se trouvent les agents des collectivités territoriales dont certains d’entre eux ont près de 40 mois d’arriérés de salaires. D’ailleurs, pour ces raisons, rapportent les syndicalistes, beaucoup parmi eux ont abandonné leurs postes, laissant les collectivités territoriales à elles-mêmes, dans un contexte politique, où le pays est cité, à travers le monde, pour ses expériences en matière de décentralisation.
Fait aggravant la situation, déjà précaire des agents des collectivités territoriales, c’est l’absence totale de cadre organique, de plan de carrière, encore moins d’un plan de formation, pour cette catégorie de travailleurs publics qui continuent de broyer le noir.
Pour désamorcer la bombe sociale, à ce niveau, les syndicalistes ne sont pas désarmés : le SYNTRACT, selon des milieux syndicaux, a demandé à l’État de livrer les salaires sous forme de dotations aux collectivités territoriales pour que celles-ci procèdent, en retour, à leur paiement à temps échu.
En tout cas, l’indifférence des autorités, assimilable à un mépris affiché vis-à-vis du syndicat, déploré par les responsables du SYNTRACT qui ont dû quitter la salle de conciliation faute d’interlocuteurs gouvernementaux, a certainement cristallisé les positions autour de ce préavis de grève qui pourra paralyser les collectivités territoriales, si rien n’est entrepris, entre-temps, pour désamorcer le conflit social.

Par Sékou CAMARA

 

Source: info-matin

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