Les prochains jours vont être cruciaux pour l’avenir du Mali. Puisque les débats vont porter sur les organes de la transition – la répartition des postes entre militaires et civils entre autres -, sa durée, ses missions.
Le gros bâton de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) semble avoir conduit le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) à de sagaces réflexions. Les concertations nationales s’apparentent à une belle opportunité dans laquelle les militaires ont beau jeu de mobiliser le génie malien sur la forme, le fond et la durée de la transition politique. Sans lesquelles il serait difficile voire impossible d’exploiter les bonnes dispositions actuelles –peut être temporaire – des Maliens et d’avancer dans le sens qui puisse, à la longue, réconcilier les exigences de politique intérieure et celles de la communauté internationale. En cela, le peuple veut croire qu’à ce tournant très critique de l’histoire du pays les militaires au pouvoir sauront faire preuve de fidélité et solidité, fidélité aux grandes orientations qui vont découler de ces concertations réunissant partis politiques, organisations de la société civile et groupes armés – excepté la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui opté pour la politique de la chaise vide -, solidité à toute épreuve contre les partisans non déclarés du statu quo, mus à l’idée de perpétuer leurs avantages acquis sous le défunt régime.
Visiblement, ils donnent l’impression d’être prêts à cheminer dans le sens de la refondation de l’Etat malien. Dans cette optique, il leur faut tenir tête aux puissances ascendantes comme la France non seulement stratégiquement mais diplomatiquement : les malveillances et le complot opposés au Mali sont en fait le signe du désir certes légitime de sécurité, de protéger ses intérêts économiques en s’efforçant de devenir moins vulnérable au chantage.
Se requinquer sur le dos du Mali
Les concessions faites par le CNSP – notamment la mise en résidence surveillée d’IBK, son départ du pays et la tenue de la première phase des concertations dédiées à la validation des termes de référence des assises du 10 au 12 septembre – devaient plaider en faveur d’une levée totale ou graduelle des sanctions prises par la CEDEAO. Du moins espérait le pouvoir. Mais en donnant le petit doigt, l’organisation sous-régionale a coupé jusqu’à l’épaule. Puisque réunit lundi en 57ème session ordinaire, elle liait la levée des sanctions économiques à la mise en place d’une transition avec un président et un Premier ministre civils. Et fixait un ultimatum de huit jours aux militaires pour retourner dans les casernes.
Il faut le dire, il faut l’écrire, la CEDEAO tente de se requinquer sur le dos du Mali après son incapacité à régler le contentieux opposant le Bénin au Nigéria, ce poids lourd de l’organisation qui a cadenassé sa frontière sous prétexte de contrebande de riz, en violation des règles édictées. Pas une fois le Nigéria n’a écopé de sanctions pourtant prévues par les textes.
Ses bruits de bottes sont destinés à impressionner le CNSP, d’autant plus qu’ils sont accompagnés de menace d’éventuel retrait d’organisations internationales ou d’agences humanitaires évoluant dans notre pays si les militaires ne se soumettaient pas à son diktat. Avec ses répercutions profondes sur le quotidien des populations déjà affectées par la crise multidimensionnelle qui sévit depuis plusieurs années.
Un nouveau départ
S’engager à promouvoir à la fois la sécurité et la liberté, la stabilité et le changement dans un pays où tout presque est à refaire est certes difficile, mais plus indispensable que jamais. Encore faut –il que les participants aux concertations nationales s’attachent patiemment et en commun à recréer un nouveau départ, en s’efforçant de déterminer le meilleur profil qu’il soit pour diriger la transition. Sans perdre du temps dans de stériles litanies sur le choix entre un civil et un militaire. Au delà de ces puériles considérations, il s’agit de cultiver ensemble les vertus essentielles : la modestie et la solidarité.
Les prochains jours vont être cruciaux pour l’avenir du Mali. Puisque les débats vont porter dès demain sur les organes de la transition – la répartition des postes entre militaires et civils entre autres -, sa durée, ses missions.
Malheureusement, la CMA a fait faux bond, s’abritant derrière la rencontre avortée avec le CNSP pour signifier son refus de prendre part aux travaux de validation des termes de référence. Les militaires avaient invoqué des raisons de météo. Une explication loin de satisfaire la CMA décidée à « ne va pas s’engager dans un processus tant que les zones d’ombre ne sont pas levées ». La rencontre devait jeter les bases d’une future collaboration avec cette coordination de groupes armés et le pouvoir.
Georges François Traoré
Source: L’Informateur