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Comment François Fillon a tiré sa révérence

Au soir de sa défaite, François Fillon appelle à voter pour Emmanuel Macron avant de demander à la droite de
« rester unie » pour les législatives.Kasia WANDYCZ/PARIS MATCH
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A 20 heures, François Fillon veut être seul dans son bureau au moment de l’annonce de son élimination

Cinq minutes ont suffi à l’homme d’Etat pour tirer sa révérence. Un message sobre, ­prononcé à huis clos lundi après-midi devant les membres du bureau politique des Républicains, réunis presque au grand complet. ­L’ex-candidat explique qu’il a « mal pour [nos] électeurs et [nos] militants. […] J’étais le chef, j’ai été battu. Je ne me dérobe pas. » François Fillon annonce qu’il ne ­s’accrochera pas. « Je vais redevenir un militant de cœur, conclut-il. Au revoir et merci. »
C’est si simple, si inhabituel que, malgré l’amertume, des applaudissements retentissent. Salut l’artiste ! Combien sont-ils alors à se dire que le gâchis n’est pas seulement l’élection perdue mais aussi un homme, perdu pour l’Etat.

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François Fillon n’avait pourtant pas envie de revoir les barons de la droite. Cet assemblage hétéroclite de proches authentiques, de vieux compagnons de route et de faux amis qui avaient désertés sa campagne, mais qui tous partagent la même déception, la même rancœur parfois, de devoir payer si cher « l’affaire Fillon », celle qui leur a fait perdre l’imperdable.

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Lundi, le candidat battu est arrivé à 9 heures à son QG pour une ultime réunion de cabinet. Il s’est surtout enquis de l’avenir de ses plus anciens collaborateurs. A l’heure du déjeuner, au Bélisaire, un bistrot situé près de son QG de campagne à la porte de Versailles, il a repoussé l’idée de poursuivre ce métier de la politique, découvert par hasard en 1976 à Sablé-sur-Sarthe dans les pas de Joël Le Theule, ministre de Giscard et figure atypique du gaullisme. Quarante ans d’une histoire pour arriver jusqu’au dernier échelon, la candidature suprême, puis l’échec. Presque un anniversaire.

« T’es sûr d’arrêter ? T’as bien réfléchi ? » le met en garde Bruno Retailleau, fidèle d’entre les fidèles. « Oui, j’ai 63 ans et je veux me lancer de nouveaux défis personnels. » En pleine campagne, quand tout le monde voulait le débarquer, Nicolas Sarkozy lui a proposé de lui réserver une place aux sénatoriales… mais le député de Paris ne veut toujours pas en entendre parler.
A table, il y a encore une dizaine d’élus, des collaborateurs. Tous sont bluffés par son sang-froid et sa sérénité. L’ambiance autour de l’ancien « patron » n’est pas si morose. C’est peut-être cela qui va le faire se raviser, le convaincre d’aller écrire lui-même le mot fin en bas de son histoire plutôt que d’assister impuissant au long procès menant à la condamnation de sa campagne et de sa personne. Alors, lundi en fin d’après-midi, il fait les derniers pas qui lui coûtent tant vers son parti.

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Cette présidentielle, il a cru la gagner jusqu’au bout. Ou presque. Luc Chatel, coordinateur de sa campagne, est formel : « La veille, il avait encore un espoir. C’est seulement dimanche, avec les résultats décevants en outre-mer et ceux des Français de l’étranger pas terribles, qu’il a compris que ça ne marcherait pas. » Après un break dans la Sarthe où sa femme a voté, François Fillon a regagné Paris en fin de matinée. Il arrive au QG dimanche, entre 19 h 15 et 19 h 30, au dernier moment, renonce à participer à la réunion des porte-parole et préfère s’enfermer dans son bureau avec sa femme et ses enfants. Quand le directeur de campagne, Vincent Chriqui, lui remet les estimations en soupirant : « Toutes les informations sont défavorables », il ne bronche pas. Sylvie Fourmont, son assistante depuis trente-six ans, écrase déjà une larme. Vingt heures approchent. Alors, il demande qu’on sorte de la pièce quelques minutes.

Encore cinq minutes pour achever un chemin de croix…

Il veut être seul au moment où les télévisions annonceront son élimination. Etrange moment. Puis sa plume, Igor Mitrofanoff, le rejoint pour peaufiner le discours de défaite. Quarante minutes plus tard, il se présente devant ses 200 à 300 supporters. Encore cinq minutes pour achever un chemin de croix. Une déclaration pour reconnaître sa défaite, assumer « l’entière responsabilité » et annoncer qu’il votera en faveur d’Emmanuel Macron. Quelques mots clairs et dignes devant des militants résignés et des élus soulagés d’en avoir enfin fini avec la séquence qui aura vu l’image de l’héritier de Philippe Séguin pulvérisée en pleine campagne. Sitôt son discours terminé, il file. Et Sylvie Fourmont murmure : « C’est fini ! Je serai la dernière à fermer la lumière. Après les vacances, je prends ma retraite. » François Fillon aussi.

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