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Comité de suivi de l’Accord (CSA): un déblocage interrogatif

Après avoir tenu en haleine l’opinion nationale et internationale, durant plusieurs mois, la question de la représentation au sein du Comité de suivi de l’Accord (CSA) et des sous-comités thématiques vient d’être résolue. Si ce dénouement est salutaire, il n’en demeure pas moins qu’il laisse la place à de sérieuses interrogations

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La bonne nouvelle est tombée à l’issue des travaux de la septième session ordinaire du Comité de Suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, tenue les 9 et 10 mars 2016 dans la capitale. Ahmed Boutach, président du Comité de suivi de l’accord (CSA), au cours d’une conférence de presse, le jeudi dernier, au CICB, déclarait : « la question de la représentation au sein du CSA et des sous-comités thématiques ne se pose plus ». Dans le communiqué sanctionnant les travaux, on peut aussi lire : ‘’Le Comité s’est félicité du règlement de la question de la représentativité de ses organes par le règlement des articles 10 et 24 de son règlement intérieur ainsi que l’adoption de son budget’’.

Les responsabilités
Pour dire combien le chemin a été long pour arriver à tel résultat, il est important de rappeler le communiqué conjoint, signé CMA/Plateforme, en date du 29 septembre 2015, qui dit : ‘’les Mouvements signataires de l’accord de paix issu du processus d’Alger signé le 15 mai 2015 et parachevé le 20 juin 2015, informent la communauté nationale et internationale de l’intrusion de nouveaux acteurs dans le processus de mise en œuvre de l’accord. En conséquence, de communs accords, la CMA et la Plateforme décident de suspendre leur participation aux travaux des sous-comités thématiques, jusqu’à ce que le CSA, en accord avec la Médiation internationale, clarifie la situation concernant ces nouveaux acteurs’’.
Il est évident que les réticences étaient féroces quant à l’intégration des ‘’nouveaux acteurs’’. Et ces réticences venaient, non pas du Gouvernement, mais de la CMA et de la Plateforme. Ce qui autorise à croire que le blocage dans l’opérationnalité du CSA était moins le fait du Gouvernement qui ne pouvait pas ignorer ces acteurs qui acceptent tous les termes de l’Accord, que des mouvements signataires qui avaient des intérêts stratégiques à défendre.
La page de l’acceptation des ‘’nouveaux acteurs’’, au prix de leur mise sous tutelle de la CMA et de la Plateforme, à qui il revient de leur rétrocéder des places, étant fermée, des questions légitimes se posent à présent autour de cette péripétie.

Les victimes de la proportionnelle
Une de ces questions est l’intransigeance dont ont fait montre les deux mouvements signataires (CMA et Plateforme) sur le sort de ceux qu’ils appellent les nouveaux acteurs. A priori, cela ne s’explique pas si tant est qu’il y a une volonté commune d’aller à la paix et de réconcilier tous les fils du Mali. Ces ‘’nouveaux acteurs’’ étant des Maliens devraient être accueillis les bras ouverts dès lors qu’ils remplissent toutes les conditions. Ce qui amène à s’interroger s’il n’y a pas une question de retombées financières qui est en jeu. Parce qu’à l’évidence, c’est la règle de la proportionnelle qui s’impose aux nouveaux acteurs. Ce, dans la perspective de la gestion d’un budget annuel de fonctionnement de 1million 400 mille euros, soit environ 917 millions de francs CFA par an, du CSA.

L’inclusivité à deux vitesses
Une autre question que l’on est en droit de se poser, face à l’intransigeance des mouvements signataires par rapport à des acteurs de la paix, est qu’ils sont prêts à ouvrir largement les bras à Iyad Ag Ghaly, l’impénitent poseur d’explosifs qui a juré d’engager une guerre sans merci contre la France et l’application de l’Accord. D’ailleurs, le groupe djihadiste, dirigé par Iyad Ag Ghaly, au moment où une mission du Conseil de sécurité bouclait son séjour dans notre pays, indiquait que «ces attaques (Ndlr : les 4 attaques qu’il revendiquait) s’inscrivent dans le cadre de la guerre continue contre les croisés et contre leurs collaborateurs».
Le traitement préférentiel pour Iyad repose sur l’argument selon lequel il est malien. Pour ne pas se buter à un rejet, l’on emmaillote la trouvaille dans la formule, pourtant très peu digeste, de ‘’djihadistes maliens’’, comme si ces psychopathes avaient des notions de frontière ou de nationalité.
Si l’on en fait tout une montagne l’intégration de Maliens qui n’aspirent qu’à la paix parce qu’acceptant l’Accord dans sa globalité, comment se fait-il qu’il n’y ait pas de réticence quand il s’agit de Iyad qui se fait un point d’honneur d’empêcher l’application de l’Accord ? Une des dernières frasques qui devraient le mettre au pilori de l’opinion publique de ce psychopathe doublé d’opportuniste, suite à l’annonce du Forum de Kidal, à la fin de ce mois, a été de brandir une nouvelle menace. Selon le confrère de ‘’Studio Tamani’’ : ‘’le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, fait planer l’ombre d’actions terroristes sur le prochain forum de Kidal. Depuis quelques, jours il fait circuler cette information par l’intermédiaire de prédicateurs dans les mosquées’’. D’autres sources stigmatisent cette menace par cette formule décomplexée : « Ils me trouveront à Kidal ». Voici Iyad qui ne veut pas entendre parler de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali qui est présenté comme élément incontournable pour cette paix. Que va-t-il falloir négocier avec lui, puisqu’il rejette la base même de la négociation qui est la paix ?

La manne du DDR
Une interrogation, qui n’est pas des moindres, lorsqu’on sait que le mercantilisme qui a battu tous les records, dans ce processus de paix, est relative au processus du DDR qui devient une vache laitière. Pour ce qui est de l’intégration au sein des différents corps, les spéculations les plus ingénieuses sont dans l’ordre naturel des choses au moment de fournir les listes réelles ou fictives de combattants. Dans le cas des mouvements qui ont combattu, les deux scénarios sont envisageables. Les expériences antérieures ont démontré qu’en plus de ceux qui ont réellement combattu, sont ajoutés des éléments cooptés, moyennant bien sûr espèce sonnante et trébuchante. Dès lors, n’a-t-on pas peur du côté des mouvements signataires que les ‘’nouveaux acteurs’’ réduisent leur marge de manœuvre en la matière ? Rien n’est moins sûr.
Ce qui recueille, par contre, l’adhésion d’un grand nombre d’observateurs, est la mascarade qui entoure les positions aussi tranchées que suspectes des mouvements signataires dont le comportement étale au grand jour une inclusivité à deux vitesses.

Par Bertin DAKOUO

Source: info-matin

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