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Colonel Ousmane Dembélé Directeur de l’Autorité Routière : « L’aspect le plus important du péage est la création d’emploi »

route cite administrative marche

L’Autorité Routière est un service public qui a pour vocation la satisfaction des usagers de la route et l’entretien routier. A travers ses missions, ses objectifs et ses activités, l’Autorité Routière joue un rôle d’intérêt général. Mais pour en savoir davantage sur sa gestion et surtout sur l’utilité du péage, nous avons rencontré son Directeur, le Colonel Ousmane Dembélé. Après ses débuts au Prytanée militaire de Kati, puis à l’Ecole nationale d’ingénieur du Mali, Ousmane Dembélé rallia l’Allemagne où il poursuivit ses études en informatique. Teigneux et expérimenté, il a déjà servi à la Délégation générale aux élections (DGE), au Cabinet de la Primature avant d’atterrir à l’Autorité routière comme Directeur général adjoint, puis Directeur général par intérim. Le Colonel Ousmane Dembélé est donc en terrain connu. Il dresse, ici, l’état de sa structure, évoque les grands principes du péage et décrypte les ressources générées et leur destination. Interview.

 

Le Matinal : Qu’est-ce que l’Autorité Routière et quelles sont les missions qui lui sont assignées ?

 

Ousmane Dembélé : Merci pour l’intérêt que vous portez à ce service vital pour le Mali.

L’Autorité Routière est un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière créé en aout 2000. Notre mission principale est d’administrer les fonds destinés à l’entretien routier à travers le financement des travaux (d’entretien) du réseau routier, la contribution de la gestion de ce même réseau.

Dans le cadre du financement d’entretien du réseau routier, il y a un certain nombre d’activités clés que nous menons : le financement des travaux d’entretien courant, les travaux d’entretien périodique et les travaux contribuant à améliorer la sécurité routière. Nous finançons aussi ce qu’on peut qualifier travaux d’urgence (en cas d’intempérie, de pluie ou autres choses) à l’origine des dommages causés sur un tronçon. Pour tout ce qui concerne ces cas, l’Autorité Routière intervient rapidement pour rétablir la circulation routière en finançant les travaux. Nous finançons aussi tout service lié à l’entretien routier.

Nous intervenons également dans le financement des activités de certaines structures qui interviennent dans l’entretien routier telles que la Direction nationale des routes et les services rattachés.

Pour ce qui est de la gestion ou l’amélioration des réseaux routiers, nous travaillons de concert et de manière permanente avec les autres acteurs du secteur tels que l’AGEROUTE, l’ANASER, la DNR etc. Nous contribuons aussi à lutter contre la surcharge sur les routes.

 

Le Matinal : Pouvez-vous aussi nous définir les principes du péage et les actions entreprises au profit des usagers ?

 

Ousmane Dembélé : Le péage est une activité qui rentre dans le cadre de la commercialisation du service de la route. C’est-à-dire l’usager paye pour le service que la route lui rend. Mais ce qu’il faut retenir par rapport au péage, c’est le fait que l’usager contribue à l’entretien de la route. C’est d’abord une forte demande des partenaires techniques et financiers qui ont fortement recommandé à l’Etat que les usagers contribuent à l’entretien du réseau routier. Mais l’argent généré par les usagers est symbolique car il ne peut pas entretenir le réseau routier. Les partenaires techniques sont partis du fait que l’usager doit contribuer à payer à titre symbolique. Comme on le dit : « Si tu veux qu’on t’aide à tuer ton lion, tu dois toi-même tenir la tête ». Donc, Nous, qui sommes les usagers de la route, si nous contribuons déjà à son entretien, les autres peuvent venir en aide. L’idée qui est derrière le péage, c’est de commercialiser le service de la route, faire de telle sorte que l’usager contribue à l’entretien de la route.

L’autre aspect important du péage, c’est la création d’emploi. Nous utilisons plus de 300 personnes. C’est un volet qui est très important aux yeux des partenaires.

Donc ce qu’il faut retenir, c’est l’usager lui-même qui contribue à l’entretien de la route et à titre symbolique. Si vous faites un rapprochement – nombre de km parcouru par l’usager et somme de 500 ou 1000 francs payée – vous revenez à quelque chose comme 2 ou 3 francs par km que l’usager paye pour la route. Or, l’entretien routier coûte excessivement cher. L’illustration la plus éloquente est le tronçon Sévaré – Gao où il faut 64 milliards de FCFA pour le remettre en l’état.

 

Le Matinal : De 2007 à nos jours, peut-on savoir les recettes générées par le péage et l’utilisation qui en a été faite ?

 

Ousmane Dembélé : Au début, les recettes annuelles tournaient autour de 45 millions FCFA contre plus 2 milliards FCFA aujourd’hui à recouvrer sur l’ensemble des 28 postes de péages disséminés sur le territoire. Il faut savoir que 90% des recettes générées vont dans l’entretien routier, 3% sont reversés aux collectivités territoriales ou communes qui abritent les postes et investis dans des activités de développement local, 7% reviennent pour l’équipement des postes de péages.

 

Le Matinal : Monsieur le directeur, est-ce que concrètement l’entretien routier est une réalité au Mali et quelles sont les difficultés que vous rencontrez au niveau du péage ?

 

Ousmane Dembélé : L’entretien routier est une réalité au Mali pour celui qui a connu le secteur, hier, et qui le côtoie, aujourd’hui. Il faut toujours regarder dans le rétroviseur pour pouvoir estimer la valeur des progrès réalisés. Grosso modo, ce secteur a connu trois reformes majeures. Nous sommes dans la 3e reforme. C’est cette reforme qui a consacré la création d’un certain nombre d’entité pour faire face aux besoins d’entretien routier. Il s’agit d’abord de la direction nationale des routes qui chapote toutes les activités d’entretien routier. C’est cette direction qui programme, dans l’année, toutes les routes qui doivent être concernées par l’entretien routier. Le financement est assuré par l’Autorité Routière, et l’exécution des travaux, par l’Agence d’exécution des travaux d’intérêt routier (AGEROUTE). Donc, l’entretien routier est bel et bien une réalité au Mali aujourd’hui.

Mais les difficultés auxquelles ce secteur est confronté sont essentiellement dues au manque de ressources. En effet, les ressources ne couvrent pas les besoins en entretien routier. A titre d’exemple, la direction nationale des routes avaient présenté une enveloppe de 50 milliards de FCFA pour faire face aux besoins d’entretien routier sur l’ensemble du pays pendant que l’Autorité Routière ne générait que 20 milliards FCFA. Il y a lieu de renforcer les capacités en matière de ressources financières de l’Autorité Routière. Mais cela n’entache pas la détermination des agents en mission pour l’Autorité. On fait de belles choses.

Quant aux difficultés rencontrées par rapport au péage, elles résident au manque d’information même des usagers de la route. Nous souhaiterons que chaque usager puisse payer le péage, avec sourire et bonheur, en se disant que l’argent qu’il donne va contribuer à améliorer sa circulation sur la route. Nous sommes confrontés des fois à des problèmes de compréhension de la part des usagers de la route qui n’arrivent pas à percevoir l’intérêt des postes de péage sur la route.

L’autre difficulté à laquelle, nous – mêmes sommes en train de nous attaquer, tous les jours, c’est la formation des agents qui travaillent au niveau de ces postes de péage et de pesage. C’est un travail qui n’est pas facile, qui demande beaucoup de patience, de don de soi puisqu’ils sont confrontés quotidiennement aux usagers de la route.

Donc nous essayons autant que possible de former nos agents pour qu’ils soient courtois, respectueux vis-à-vis des usagers, de sensibiliser et d’informer les usagers, afin qu’ils comprennent et acceptent le bien-fondé du péage.

 

Le Matinal : Justement sur le terrain, on a constaté que la sensibilisation ne suffit pas en raison de l’incivisme de certains usagers. En la matière, est-ce que l’Autorité Routière prévoit des sanctions, si des principes édictés par elle, ne sont respectés ?

 

Ousmane Dembélé : L’Autorité Routière ne dispose pas de moyen de sanctionner directement un usager de la route. Telle n’est même pas la vision de l’Autorité Routière parce que les usagers de la route sont nos partenaires. Nous entretenons la route pour ceux – là qui utilisent la route. Nous ne sommes même pas dans la logique d’aller vers la sanction des usagers de la route. C’est pourquoi nous accentuons nos efforts sur l’information et la sensibilisation, en espérant que dans un avenir proche qu’elles puissent permettre aux citoyens d’adhérer au principe du péage. Maintenant, en cas de problème au niveau de nos postes de péage, effectivement, les rapports sont dressés, par les agents qui opèrent au poste, et adressé à qui de droit.

Je le rappelle, le principal partenaire clé de l’Autorité Routière, ce sont les usagers par rapport à tout ce qui se fait aux postes de péage et de pesage.

Au-delà, c’est l’occasion pour nous de lancer un message à tous les usagers de la route, de nous faire remonter systématiquement toutes les difficultés auxquelles ils seraient confrontés au niveau des postes de péage et de pesage pour que nous prenions rapidement les dispositions A l’inverse, nous leur demandons de nous aider à optimiser les ressources au niveau de ces postes de péage et de pesage. Comment ? En payant normalement la redevance poste péage et en réclamant toujours leurs tickets.

 

Le Matinal : Un mot de la fin ?

 

Ousmane Dembélé : Nous lançons d’abord un appel à nos partenaires qui sont les usagers de la route. C’est de nous aider à favoriser ces infrastructures, les valoriser par rapport aux paiements qu’ils font, les valoriser parce que ce sont des sources potentielles d’emploi.

 

Réalisée par Issiaka Sidibé 

 

SOURCE: Le Matinal

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