Les hostilités entre les forces armées maliennes et la Coordination des mouvements armés de l’Awazad pour l’occupation du camp de Ber(Tombouctou) après l’annonce du retrait de la MINUSMA de cette emprise met fin à huit ans de non-violence entre les parties. Cette situation représente un grave risque pour l’avenir de l’Accord fortement déjà menacé ces derniers temps à cause des divergences entre ses signataires.
Après 8 ans sans affrontements entre les groupes armés rebelles et les forces armées maliennes, c’est visiblement la fin de cette trêve à la suite des événements qui se déroulent à Ber, dans la région de Tombouctou, où les deux parties sont en conflit autour de l’occupation de camp de la MINIUSMA de ladite localité.
Après la demande de retrait de la mission onusienne, les groupes armés membres de la CMA souhaitent que les camps à rétrocéder se fassent sur la base des positions prévalaient sur le terrain au moment de la signature du cessez-le-feu intervenue le 23 mai 2014 grâce à la médiation de la Mauritanie.
À l’époque, le HCUA et le MNLA avaient signalé une trentaine de positions considérées comme leur fief. Donc, ces groupes armés maintenant rassemblés au sein de la CMA exigent que ces positions les reviennent de droit, en dépit de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale confirmant l’unité du Mali.
« La MINUSMA doit simplement partir et non concéder le camp à une autre entité », a indiqué Attaye Ag Mohamed, l’un des responsables de la CMA, tout en condamnant l’attitude des forces armées maliennes voulant, selon lui, occuper, à tout prix, les emprises de la Mission onusienne, y compris celles situées dans les zones de la CMA.
Le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed, pour sa part, déplorant les événements de Ber s’étonne du silence de la médiation internationale, notamment l’Algérie sur ces faits inédits depuis la signature de l’Accord.
Si officiellement, le gouvernement de la transition ne communique pas sur ces événements, selon plusieurs observateurs, les autorités de la transition sont dans la dynamique de reprendre les emprises laissées par la MINUSMA qui doivent revenir de droit aux forces armées maliennes.
C’est pourquoi les FAMa ont été, par conséquent, déployées à Tombouctou pour occuper le camp de Ber où il y a eu des affrontements de plusieurs heures faisant des victimes de part et d’autre, précipitant le retrait de la MINUSMA de l’emprise hier dimanche.
Soutenant l’approche des FAMa, les Mouvements de l’inclusivité, dans un communiqué signé le 12 août, indiquent constater « avec regret une interprétation tendancieuse, conflictuelle et provocatrice que certains mouvements, notamment la CMA, font d’un processus officiel, coordonné, soutenu et légal de retrait de la MINUSMA du Mali ».
Selon les Mouvements de l’inclusivité, le Mali étant un État souverain, dont la souveraineté n’est contestée nulle part, y compris par les Mouvements signataires de l’Accord pour la paix issus du processus d’Alger, a tout à fait le droit d’occuper systématiquement les emprises libérées par la MINUSMA pour poursuivre et renforcer la lutte contre le terrorisme et la sécurisation du pays.
« Cette occupation par les FAMa des anciennes emprises de la MINUSMA ne peut être assimilée à une violation d’un quelconque cessez-le-feu ni justifier un comportement de quelque nature belliqueuse, d’autant plus que l’occupation des emprises de la MINUSMA par les FAMa ne constitue aucune menace pour tous mouvements signataires de bonne foi », affirment les Mouvements de l’inclusivité.
Par ailleurs, ils appellent la MINUSMA à rester engagée, de bonne foi, dans ce processus de retrait dans le strict respect du chronogramme convenu et que tout retard et tout manquement à ses rendez-vous pourrait être assimilé à une volonté et une tentative de créer la psychose entraînant un embrasement.
« La MINUSMA sera tenue responsable de toute situation regrettable qui pourrait être considérée comme conséquence du non- respect strict de leur engagement en particulier le Chronogramme de retrait », déclarent-ils.
Quant à la MINUMA, elle invite les différents acteurs concernés à s’abstenir de tout acte qui pourrait davantage compliquer l’opération.
La reprise des hostilités était prévisible depuis quelques mois avec la détérioration de la confiance entre les différentes parties signataires de l’Accord. Elle s’est illustrée notamment par l’absence de dialogue officiel et officieux entre les parties maliennes, mais aussi par la suspension des travaux du Comité de suivi de mise en œuvre de l’Accord pour la paix (CSA).
PAR SIKOU BAH
Info Matin