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Clin d’œil : La politique de l’autruche des jeunes cadres maliens tue le pays

Le Mali n’a pas un problème avec la France, il n’a pas de problème avec les irrédentistes, il n’a pas de problème avec les djihadistes. Les difficultés du Mali se trouvent en son sein. Le ver est dans le fruit.

Le Mali est à terre parce que sa jeunesse a abdiqué. Elle ne veut pas souffrir, elle a décidé de suivre. Le Mali souffre et va continuer de souffrir tant que ses jeunes cadres croiseront les bras, tant qu’ils ne se sentiront pas concernés, tant qu’ils se contenteront de ce qu’on prévoit pour eux.

Ces cadres jeunes ont choisi de monnayer leur diplôme, leur courage et leur futur. Ils se contentent des offres, des récompenses et des miettes mises à leur disposition par des mentors qui ne pensent plus qu’aux prestiges. De vieux cadres qui ont combattu dans leur jeunesse pour atteindre leurs objectifs, qui ont fait leur Mali, qui se sont soutenus, se sont querellés et sont en train de devenir des dieux, créant et anéantissant des carrières, disposant des vies comme bon leur semble.

Je plains ces jeunes cadres opérateurs économiques intellectuels ou pas dont les activités dépendent du bon vouloir des gourous qui ont pris l’économie du pays en otage. Je plains ces jeunes cadres dans les grandes entreprises du pays qui ne gravissent les échelons qu’au prix de courbettes et de bassesses.

Je plains ces jeunes fonctionnaires qui sont devenus de véritables larbins pour l’obtention de promotions. Je plains ces jeunes cadres politiques, abonnés aux postes de chargés de mission et dépendants des humeurs des boss. Les jeunes cadres maliens qui ne veulent pas supporter la faim, qui rêvent des chantiers de villa sans projet, qui se pavanent dans les aéroports sans but, juste pour des concours de m’as-tu-vu sur Facebook, ces jeunes cadres ne produiront jamais un Sékou Touré qui, à 36 ans, a dit NON au président De Gaulle en 1958 à Conakry, ces jeunes cadres n’auront jamais un Thomas Sankara qui, à 37 ans, a interpellé le président François Mitterrand assis à côté de lui à Ouagadougou un soir de Novembre 1986, ces jeunes cadres n’imiteront jamais Nelson Mandela qui, à 46 ans, a abandonné femme et enfants et refusé toutes les propositions alléchantes pour choisir 27 ans de prison pour une indépendance harmonieuse de son pays, la nation arc-en-ciel.

Des jeunes cadres sont assassinés à Gao et Tombouctou parce qu’ils ont réussi leur vie, ou parce qu’ils sont influents. Qui contestent ? Des jeunes n’arrivent plus à cultiver dans le Gourma et dans tout le centre du Mali, ils ne pêchent plus, ils ne peuvent plus aller dans les pâturages avec leurs animaux. Qui s’inquiètent ? Les jeunes forment des milices parce que téléguidés et appauvris, ils tuent et s’entre-tuent. Qui parlent ?

Ce pays tombe et va sûrement se «somaliser» parce qu’une génération n’a pas su réfléchir, elle n’a pas su se rassembler, elle n’a pas voulu prendre ses responsabilités. Elle s’est abandonnée et a trahi ses enfants, son futur par manque de courage et de vision.

 

Le Mali pleure, il pleure ses terres, il pleure ses hommes, il pleure sa cohésion, il pleure ses richesses, il pleure sa fierté, il pleure sa dignité, il pleure son honneur, il pleure ses anciens parce que son président est en train d’échouer. Mon Mali, on t’abandonne par manque de courage.

Macké DIALLO

 Le Reporter

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