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Civils ciblés à Gao: les habitants réclament une réaction militaire

Gao, la principale ville du nord du Mali, a été touchée dimanche 5 avril par des tirs de roquettes, très tôt dans la matinée. Cinq roquettes ont été tirées, dont l’une a atteint une maison au nord de la ville, tuant une femme et blessant grièvement trois membres de sa famille. Les habitants disent leurs craintes et réclament un renforcement des mesures de sécurité.

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Pour la première fois, dimanche 5 avril, des tirs de roquettes ont causé la mort de civils à Gao. L’une des cinq roquettes tirées sur la ville est tombée en plein centre-ville, détruisant une partie d’un domicile privé. Une jeune femme a été tuée et trois autres personnes ont été blessées. Le premier tir de roquette a retenti un peu après 6 h, heure locale. Ensuite, les tirs se sont succédé toutes les vingt secondes, rapporte au micro de RFI le maire de Gao, Sadou Haouna Diallo.

« Le problème est qu’il n’y a pas de patrouille »

Ces tirs ont eu lieu six jours après qu’un conducteur travaillant pour le Comité international de la Croix-Rouge a été tué dans une attaque menée par des jihadistes près de Gao. Le maire de la ville déplore l’insécurité permanente dans laquelle vivent les habitants de la ville. « Nous vivons du stress tous les jours, parce qu’il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne tue quelqu’un à 20 kilomètres de Gao, sans que les gens ne marchent sur une mine. Il y a des problèmes toutes les semaines », raconte Sadou Haouna Diallo.

« Je ne suis pas militaire, mais je ne comprends pas : il y a un effectif militaire de 700 à 800 hommes à Gao ville et dans les alentours, à 20 km. Et on nous envoie des obus. Ça, je ne comprends pas. Et la ville non plus ne comprend pas », s’insurge-t-il. Pour le maire de Gao, « le problème est qu’il n’y a pas de patrouille. S’il y a des patrouilles, il n’y a pas de raison que les bandits fassent ce qu’ils veulent chaque semaine. »

« Le mal me retrouve jusque chez moi »

Une inquiétude relayée aussi par l’un des proches de la jeune femme qui a été tuée par la roquette tirée sur le centre-ville de Gao, joint par RFI. « J’ai une partie de moi qui est morte, j’ai une partie de moi qui est à l’hôpital », lâche-t-il. La jeune fille, sa sœur, était en train « d’apprendre ses leçons » lorsque la roquette est tombée sur leur maison. Lui était sur le toit, en train de prendre son petit-déjeuner.

« Je n’ai jamais eu peur, mais là, j’ai peur. J’ai la peur au ventre. Je ne peux pas imaginer qu’à un kilomètre de chez moi, on arrive à faire ce genre de frappes. Je me dis : ” Quand même, je suis en sécurité chez moi. ” Mais si le mal me retrouve jusque chez moi pour faire des victimes, franchement c’est triste. » Pour lui, il n’y a « plus de paix » et « il n’y a pas de sécurité du tout » à Gao. Et, comme en écho aux propos du maire de Gao, cet habitant plaide également pour que « la sécurité fasse son boulot » : « La sécurité de la ville, ça appartient aux militaires. Donc, les militaires n’ont qu’à sortir, ils n’ont qu’à rentrer en brousse. Mais les militaires sont avec les civils. C’est décevant. »

Un nouveau mode opératoire jihadiste qui pose question

Cette attaque soulève de nombreuses questions au sein des services sécuritaires. Généralement, les tirs de roquettes attribués aux islamistes ne faisaient pas de victimes dans le nord du Mali, d’où l’inquiétude de certains experts, qui s’interrogent. Cela signifie-t-il que ces islamistes arrivent à mieux manier ces armes ou ont-ils recruté des spécialistes ? Autre sujet d’inquiétude, aussi bien à Bamako qu’à Gao : l’armée française et la mission de l’ONU au Mali ont récemment affirmé avoir saisi une importante quantité d’armes, dont des roquettes. D’où viennent ces armes que les islamistes utilisent de plus en plus ?

Face aux inquiétudes des populations, l’armée malienne s’est engagée à être plus présente sur le terrain. A Gao, les patrouilles nocturnes se multiplieront. Les habitants de Gao interrogés par RFI attendent de voir et selon eux, pour assurer de manière très efficace leur sécurité, ils insistent sur la nécessité d’associer les casques bleus de l’ONU et les troupes françaises de l’opération Barkhane.

Je suis bouleversé. J’ai une partie de moi qui est morte, j’ai une partie de moi qui est à l’hôpital.
Le témoignage du frère de la jeune femme tuée à Gao par une roquette.
Source: RFI
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