C’est ce qu’on pourrait conclure à la lecture du verdict de la Cour suprême du Mali rendu le jeudi 15 février dernier dans le cadre du recours en excès de pouvoir engagé par Amadou Doumbia, Directeur général adjoint du Centre Hospitalo-universitaire du Point-G, contre l’arrêté de son ministre de tutelle, le Professeur Samba Sow. La juridiction suprême par arrêt n°081 « en la forme reçoit la requête, au fond, la déclare bien fondée ; annule l’arrêté n°2017-4280/MSHP-SA du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique ».
En effet, la Cour suprême, en sa composition administrative sous la présidence de Mamadou Diawara, vient de constater que le Professeur Samba Sow en décidant par arrêté n°4280/MSHP-SG du 20 décembre 2017 de renvoyer l’inspecteur des services économiques, monsieur Amadou Doumbia en le remplaçant par le médecin cardiologue Ilo Bella Diall a commis un excès de pouvoir, et a, en conséquence, sanctionné le ministre en annulant purement et simplement son arrêté.
La nouvelle de ce rappel épique de la loi par les juges administratifs au ministre Samba Sow a fait l’effet d’un cataclysme au sein du département de la Santé et du CHU Point G où du coup, les langues se sont vite déliées, fustigeant l’attitude rancunière du ministre à l’égard du Directeur général du Point-G, le Professeur Idrissa Ahmadou Cissé.
Effectivement, il nous est revenu que toutes ses relèves de Directeurs généraux et leurs adjoints effectuées à la pelle, ne sont dictées que par la hargne du ministre à l’égard du Directeur général du Point-G, son ancien collègue et condisciple de l’Ecole nationale de médecine et de pharmacie.
Nous avions déjà dans notre parution n°4393 du mardi 9 janvier 2018 annoncé que M. Amadou Doumbia, par une requête – mémoire signée de son conseil Maître Hassane Barry, avocat au barreau du Mali a déféré devant la Cour suprême, l’arrêté par lequel le ministre de la Santé a excédé de son pouvoir en nommant le médecin cardiologue en violation de la loi hospitalière du 22 juillet 2002 et son décret d’application du 06 août 2003 fixant les modalités de fonctionnement de l’hôpital du Point-G.
La loi susdite et son décret précisent bien que «le Directeur général est assisté d’un adjoint qui le remplace en cas de vacance, d’absence ou d’empêchement. Le Directeur général adjoint est nommé par arrêté du ministre chargé de la Santé sur proposition du Directeur général ».
La sanction infligée au ministre Samba Sow en détruisant littéralement son arrêté a été saluée par l’essentiel du personnel épris de justice des structures sanitaires. Tous s’accordent pour dire que le ministre est plus porté sur les actions d’éclats pour se maintenir au gouvernement que sur la recherche véritable de solutions aux problèmes de ses structures dont il méconnaît les réalités pour n’y avoir pas effectuée aucune prise de contact formelle. La réforme devrait commencer par sa propre gouvernance du département dont il a la charge. Prenant fonction après 38 jours de grève du personnel de santé jusqu’à la mise sous presse de cet article, le ministre Samba Sow n’a daigné rencontrer le personnel pour échanger autour des problèmes les concernant et cela dans aucun CHU de Bamako et de Kati.
Le Directeur général adjoint du CHU Point-G, Amadou Doumbia, inspecteur des services économiques est un cadre, qui ne souffre d’aucun complexe vis-à-vis d’un autre cadre, fut-il ministre. Il n’entend pas sombrer dans un béni-oui-oui parce que n’ayant rien fait pour subir les foudres de guerre du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique.
N’est-ce pas là un crime de lèse-majesté, que d’autres cadres valeureux et compétents sont prêts à commettre, car il y va de leur dignité.
Le ministre Samba Sow devrait en tirer toutes les conséquences pour honorer sa personne, crédibiliser l’autorité de l’Etat et la responsabilité qu’elle confère.
Youssouf Camara
Source: L’Indépendant