Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation a présenté en début de week-end dernier les dix « étapes clés » de la transition pour un retour à l’ordre constitutionnel. Sans en donner le calendrier ni en fixer l’échéance, Mory Condé demande aux coalitions politiques de faire des propositions sur le chronogramme au plus tard le 20 avril en précisant le délai de réalisation de chaque activité lors de la session inaugurale du cadre de concertation inclusif.
Dans un entretien qu’il a accordé à la rédaction de mosaiqueguinee.com, Mamadou Sylla confie avoir convié ce lundi une réunion de la CORED, coalition politique qu’il préside pour faire des propositions dans ce sens. Le leader du parti UDG se prononce aussi sur le refus des grandes formations politiques de participer à ce cadre de concertation inclusif.
Mamadou Sylla répond aux questions de Mohamed Bangoura
Mosaiqueguinee.com : Le MATD demande aux coalitions politiques de faire des propositions sur le chronogramme de la transition suivant un contenu qu’il a lui-même rédigé. Est-ce une fuite en avant des autorités militaires ?
Mamadou Sylla : Nous avions travaillé sur le chronogramme à travers des conclaves et tout ; il est fin prêt. En plus du chronogramme, nous avons aussi des propositions sur les cinq (5) autres points demandés. La seule différence entre ce qu’ils ont demandé et notre document, c’est le point lié au recensement, surtout le recensement de la population et autres. Nous n’y avons pas pensé. Ce lundi, j’ai convoqué une réunion pour pouvoir proposer quelque chose sur ce point. Comme beaucoup d’autres coalitions et partis politiques, nous avons aussi travaillé à travers les mémorandums. C’est normal qu’on propose. Depuis le 5 septembre, nous on avait proposé 24 à 30 mois comme délai. Mais si vous enlevez huit (8) dans ça aujourd’hui, c’est des problèmes. C’est tout ce qu’on va essayer de voir, pour voir ce qu’il faut faire.
La CORED va-t-elle proposer un chronogramme d’ici le 20 avril prochain ?
Quand il s’agit de ton pays, en tant que citoyen responsable, il va de soi que tu proposes. Qu’on prenne en compte ou pas, ta part de vérité sera toujours là et l’histoire retiendra ta bonne foi. Cependant, chacun peut prendre la décision qui lui convient car chaque parti à son programme de société et sa manière de voir les choses.
Ce n’est pas la première fois que la junte demande aux partis politiques de faire des propositions mais qui ne sont pas prises en compte. Les futures propositions faites par les coalitions politiques vont-elles servirent à quelque chose ?
Normalement, on attendait une suite de toutes les propositions qu’on avait faites par rapport à ces assises, mais entre-temps ils sont passés à la vitesse supérieure. Nous avons reçu la lettre nous invitant à l’ouverture officielle des assisses. Cela veut dire que nos propositions n’ont pas été prises en compte. Je crois qu’il faut qu’on aille dénoncer cet état de fait comme l’ont fait certains leaders là-bas. Si depuis 8 mois ils ont ignoré les réclamations des partis politiques mais aujourd’hui ils sont revenus à de meilleurs sentiments en demandant de leur faire des propositions sur le chronogramme avec document à l’appui, je pense qu’il faut le faire. A mon avis, si celui qui a le pouvoir convoque toi qui veut le prendre dans ses mains pour discuter, je pense qu’il faut accepter de venir pour discuter avec lui. Peut-être vous pouvez vous comprendre pour organiser et mener à bien la transition.
Le pouvoir militaire parle de cadre de concertations mais les partis politiques insistent sur le cadre de dialogue politique. N’y a-t-il pas une nuance à faire sur la terminologie ?
Parfois, il y a des choses, c’est juste le nom qui change mais le contenu est le même. C’est nous qui avons demandé que ce dialogue ait lieu, maintenant qu’on nous convoque pour le tenir, il faut participer, c’est pour avancer.
La junte ne peut-elle pas faire les yeux doux à la CEDEAO qui menace de sanctionner la Guinée après le 25 avril ?
Vous savez, nous sommes à quelques jours du délai de la CEDEAO. Ce que je comprends, c’est que les autorités veulent répondre avant ce délai. Je crois que, s’ils font ça, c’est en cela qu’ils vont commencer à discuter comme le Mali et le Burkina. Mais il faut qu’on propose quelque chose pour montrer à la CEDEAO qu’on est de bonne foi. Je pense qu’il ne faut pas accepter qu’on parte en affront avec la CEDEAO.
Mais la CEDEAO insiste sur la nomination d’un facilitateur, ce que le CNRD ne veut entendre. Quelle est votre position sur cette question ?
Je ne sais pas si c’est parmi les ambassadeurs qu’on va prendre quelqu’un ou s’il faut prendre quelqu’un d’autre mais je pense qu’il faut nommer ce facilitateur. Il y en a au Mali et au Burkina, il doit en exister pour la Guinée aussi. Il n’y a rien de mal qu’il y ait un facilitateur comme en 2010 avec le groupe des contacts ; Je pense que le gouvernement doit accepter cette proposition de la CEDEAO.
Une grande partie de la classe politique refuse la main tendue du pouvoir militaire. Vont-ils accepter de travailler avec vous sur le chronogramme ?
Je crois que finalement, nos camarades leaders vont accepter de se joindre à nous. C’est vrai qu’on a demandé un certain nombre de choses, mais à la fin, je suis sûr q’on travaillera ensemble pour le bien du pays car la Guinée est plus importante que nous tous
Merci à vous Mamadou Sylla
Interview réalisée par Mohamed Bangoura
Source: mosaiqueguinee