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Chronique : Gouvernance : Haro sur la reculade

« Le pouvoir doit savoir faire des compromis mais il ne doit point verser dans la compromission », disait un sage de la Grèce antique. Ce qui a pu inspirer Serge Daniel à souligner qu’une rébellion se mate, faisant écho aux téméraires indépendantistes raté de la Catalogne.

Le pouvoir du président Ibrahim Boubacar Kéita semble être dans la renonciation sur des questions fondamentales de gouvernance. Ces questions devraient être des axes stratégiques sur lesquels les 77 % de Maliens ont plébiscité le candidat IBK en 2013. Leur mise en œuvre ne devrait donc a priori rencontrer aucune hostilité insurmontable.

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A titre d’exemple, quand il s’est agi de retoucher à la Constitution du 25 février 1992, certains acteurs politiques et de la société civile se sont soulevés pour se mettre en travers du processus. Quelques partis politiques et des jeunes issus de divers mouvements et associations ont battu le pavé à Bamako et dans certaines villes au point que le président de la République a dû se résoudre à surseoir au projet. Pourra-t-il le remettre en selle ? Nul ne saurait le dire aujourd’hui, tant les préoccupations de la nation se sont entre temps diversifiées.

Par ailleurs, la récente actualité a mis en exergue des velléités de protestation du syndicat national des travailleurs des administrations d’Etat contre la loi sur l’enrichissement illicite. Et l’office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) a dû recevoir l’ordre de quasiment mettre la clé sous le paillasson. Une mise en veilleuse pour espérer que se calme les griefs de quelques inconditionnels travailleurs décidés à piétiner l’économie nationale par des grèves de plusieurs jours. Et dire que ce sont là des humeurs de cadres des secteurs sensibles de l’Etat comme les douanes, les impôts  et autres services stratégiques du ministère de l’Economie !

Face à ces bruits, le gouvernement a, encore opté pour la capitulation jetant à l’eau l’engagement du chef de l’Etat à traquer l’hydre de l’enrichissement indu, de l’acquisition du luxe insolent sur le dos de l’Etat, devenu pour la circonstance une vache laitière.

Or, le président n’a de cesse d’essuyer des critiques des mêmes fossoyeurs de l’économie, qui doutent de sa volonté politique à freiner la corruption et la délinquance financière. Le pouvoir doit s’assumer et faire preuve de détermination selon la théorie « aux grands maux les grands remèdes ». Car, il est établi dans tous les documents de science politique et administrative que les meilleures décisions de gouvernance sont souvent impopulaires avant qu’elles ne finissent pas porter leurs fruits. IBK a-t-il oublié que « le chemin de l’enfer de bonnes intentions »?  Que dire du génocide et de l’immense drame humanitaire subit par le Rwanda dans les années 90 qui n’ont aucunement freiné les chances de progrès extraordinaire de ce petit pays sous le magistère de Paul Kagamé ? Quid du drame de l’apartheid qui a plutôt renforcé le ciment de l’unité nationale de l’Afrique du Sud, le pays arc-en-ciel ?

Pour faire référence à la force de coercition du pouvoir d’Etat, Jean-Jacques Rousseau a excellemment parlé du Léviathan, ce monstre qui pouvait broyer tout sur son passage…avant que le mieux-être ne soit envisagé. Sous de meilleurs auspices. Et, cela, IBK doit se le prendre pour dit. Au risque d’un éternel cycle de dérobades.

 

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