Dans exactement 17 jours, c’est-à-dire le 14 juin 2018, le coup d’envoi de la 21ème édition de la plus grande compétition sportive de la planète sera donné au Stade Loujniki de Moscou à 18H (Heure Locale). Ce jour-là, la Russie, pays organisateur, croisera les crampons avec l’Arabie Saoudite.
Pendant un mois – la finale se jouera le 15 juillet 2018 – le monde vivra au rythme des compétitions et des exploits de la Planète foot et nous serons plus de 3 milliards de spectateurs scotchés devant nos téléviseurs pour ne rater la moindre miette de ce grand rendez-vous quadriennal. Il faut savoir que 32 équipes réparties en 8 Groupes seront en lice pour gagner la Coupe Jules Rimet arrivée à Vladivostok le 1er mai dernier après avoir effectué un historique tour du monde parti de Londres le 22 janvier dernier. L’Allemagne, détentrice du trophée de la 20ème édition qui s’est déroulée au Brésil, aura fort à faire pour conserver son bien.
Piètre parieur, je ne risquerai aucun pronostic de peur de me ridiculiser aux yeux des spécialistes qui sont capables de vous conter la compétition de 1930 à nos jours et, excusez du peu, sans leurs petites fiches. En revanche, le pari que je me risque à prendre, c’est celui de l’impact de la fête du foot sur la participation des électeurs au scrutin présidentiel du 29 juillet prochain. De la mi-juin à la mi-juillet, soit un bon mois, l’électeur malien qui se fait déjà prier pour accomplir un devoir citoyen naturel aura un alibi de taille pour traîner les pieds. Il préférera de loin s’affaler confortablement dans un fauteuil pour regarder un match, écouter commentaires et analyses que de se rendre à un meeting électoral qu’il jugera de piètre qualité et peu déterminant pour l’issue du scrutin. Comme toujours, il se dira – comme par fatalité – bonnet blanc = blanc bonnet. Il est vrai, à sa décharge et à peu de chose près, ce sont les mêmes crocodiles qui peuplent le marigot politique de 1990 à nos jours.
Si malheureusement les acteurs du scrutin à venir entretiennent une atmosphère délétère autour de l’échéance du 29 juillet et si les compétiteurs ne font pas l’effet salutaire de relever le niveau des débats, il sera dit et écrit que la Coupe du monde FIFA Russie 2018 aura été une adversaire coriace pour la présidentielle malienne. Je ne parle même pas des autres paramètres cruciaux à prendre en compte à savoir la distribution des cartes électorales, le management du vote avant, pendant et après, ainsi que la sécurisation des bureaux de vote.
Entendons-nous : tout ceci n’est que pure vue de l’esprit, donc loin de la réalité, mais dont la probabilité de survenue n’est toutefois pas égale à zéro. Il y a forcément des efforts à déployer, des stratégies attractives à mettre en place et surtout d’avoir la conscience claire qu’un événement extérieur de la nature de la Coupe du monde peut impacter négativement le taux de participation à une élection, fut-elle cruciale pour le devenir de notre pays.
Pour nos stratèges politiques, il serait dommage de croire qu’on pourrait faire sans cet évènement qui se déroulera en mondovision. L’idéal serait d’envisager une association intelligente entre la campagne présidentielle et la Coupe du monde de sorte que, pendant les deux premières semaines du mois de juin, la seconde puisse porter la première. Une idée gratuite que je suggère est d’organiser des mini-meetings autour d’écrans géants installés par les soins des partis ou regroupements en lice pour la présidentielle dans des endroits stratégiques des grandes villes et des villes moyennes qui vibrent au rythme des compétitions. Ainsi, avant, pendant (mi-temps) et après un match, de courtes plages horaires pourraient être exploitées pour diffuser des messages politiques. La même configuration pourrait être imaginée pour les sièges des partis ou regroupements qui seraient aménagés en conséquence.
Il y a forcément d’autres pistes à explorer pour faire du marketing politique en marge de la Coupe du monde de football. Il faut simplement se donner le temps et les moyens de les expérimenter au lieu d’adopter la posture de la facilité qui consisterait à attendre la fin des matches ou de la compétition elle-même pour courir derrière l’électeur saturé et peu intéressé. Ce serait catastrophique pour le taux de participation qui plongerait de façon vertigineuse et entrainant des contestations et différends post électoraux perlés dont on se serait bien passé. Mais je touche du bois, misant sur le civisme et le patriotisme de l’électeur malien dont il faut espérer qu’il ne sacrifiera pas l’avenir de son pays sur l’autel de sa passion pour le ballon rond.
Serge de MERIDIO
Source: infosepte