Du 14 juin au 15 juillet 2018, le Président Vladimir Poutine et la Russie accueillent la Coupe du monde des Nations de football que la Fifa organise tous les quatre ans.
Au pays des mythiques gardiens de but Rinat Dasaev et Lev Yachine et de l’attaquant Oleg Blokhine, 32 équipes vont croiser les crampons pour tenter de ravir leur bien à Joachim Löw et à la Mannschaft qui viennent de prouver, à l’occasion de la récente Coupe des Confédérations, qu’ils ont une soif inextinguible de la gagne et, en conséquence, n’entendront pas céder aux premiers venus leur trophée conquis de haute lutte au pays de la samba. Voulez-vous que je vous remette en mémoire la déculottée que les protégés de la Chancelière Angela Merkel avaient alors infligée à la Seleçao, en présence de Dilma Rousseff ? Non, par scrupule et par souci de ne pas torturer davantage les supporters auriverde, je vais taire le score humiliant de cette rencontre qui avait consterné toute une nation. Simple péripétie, espérons-nous ! Russie 2018, ce sera la première coupe du monde de l’ère Gianni Infantino, l’italo-suisse qui a ramassé la dépouille putréfiante de la FIFA gangrenée par le règne décadent de Joseph Blatter & Co. On pourrait rappeler aussi que cette world Cup sera la première de l’ère Donald Trump, milliardaire parvenu à la présidence de la nation la plus puissante au monde, et d’Emmanuel Macron, ce quadragénaire qui a conquis l’Elysée et dont l’avènement se traduit par un vent de jouvence qui souffle sur toute la France. Mais Russie 2018, ce sera surtout l’introduction dans le jeu de l’assistance vidéo que, personnellement, je récuse avec véhémence. Malheureusement, ma petite voix et celle des millions de pratiquants et supporters du sport-roi ne pourront franchir les Alpes suisses pour arriver jusqu’aux instances mondiales du football. Déjà, à la faveur de la Coupe des Confédérations en Russie, du 17 juin au 2 juillet 2017, cette innovation a été testée et les « pro » comme les « anti » assistance vidéo ont toutes les raisons du monde de camper sur leurs positions très tranchées. Passons ! Ce qui sera également nouveau lors de Russie 2018, et qui est le prétexte de la présente chronique, c’est la diffusion en live des matches sur les réseaux sociaux. Ah, ces fameux réseaux sociaux qui se sont invité dans notre quotidien et pour lesquels nous développons une addiction maladive ! N’est-ce pas un pléonasme ! Selon de nombreux médias et agences d’information dont Reuters, « Facebook, Twitter et Snap cherchent à obtenir auprès de Twenty-First Century Fox des droits de diffusion en ligne des temps forts de la prochaine Coupe du monde de football ». Vous avez compris qu’il s’agit là du pays de l’Oncle Sam. L’agence Bloomberg affirme que « les trois groupes ont proposé des dizaines de millions de dollars pour diffuser aux Etats-Unis des vidéos des meilleurs moments du Mondial russe ». Dans le modèle économique proposé, « Fox conservera toutefois les droits de diffusion des événements marquants de la Coupe du monde dans ses émissions ». Cette offre qui sort de l’ordinaire se fonde sur le constat selon lequel « les réseaux sociaux ont renforcé leurs contenus sur le sport car de plus en plus de jeunes délaissent les services traditionnels proposés par les câblo-opérateurs pour regarder des manifestations sportives en direct sur internet ». Là, ce n’est même plus une mini-révolution, c’est carrément une secousse tectonique. En d’autres termes, pour l’américain moyen de plus en plus fan de soccer, son smartphone lui suffira à ouvrir les portes blindées du paradis footbalistique. Mon petit doigt me dit que les patrons de la nouvelle économie américaine, Facebook en tête, mijotent des stratégies pour, non pas casser le monopole, mais contester le privilège des câblodiffuseurs. Mais le schéma pourrait être aussi une forme de partenariat en lieu et place d’une concurrence qui serait un combat à mort. En effet, Fox Sports vient de sceller une association avec Facebook pour la diffusion des matches en direct de la Ligue des champions pour la saison 2017-2018. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sous nos yeux s’opèrent des changements majeurs dans notre relation à l’image. En effet, les réseaux sociaux s’invitent dans le marché du live et, selon les données de Media Post reprises par Marketing Dive, Facebook et YouTube se partagent pas moins de 89% de ce juteux marché. Les autres poursuivants immédiats sont Instagram (28%), Twitter (19%) et Periscope (9%). Les tendances disponibles indiquent que, « en termes de contenus, ce sont les actualités qui ont le plus de succès, à 24%, suivies de près par les vidéos réalisées avec des amis ou de la famille (23%). Les tutos sont, quant à eux, visionnés par 21% des internautes. Enfin, 33% des personnes qui visionnent des vidéos en live le font depuis un ordinateur, tandis que 19% le font depuis leur mobile ». Si l’on rapporte ces mutations à l’Afrique, ceci signifierait en clair que mon frère resté au bled, pourvu qu’il ait une connexion internet, pourrait regarder sur son smartphone n’importe quel évènement mondial diffusé en live par les géants du web. Dans les mêmes conditions, on pourrait, depuis un bar, son bureau, les transports en commun ou en rase campagne, savourer les talents de nos stars préférées qu’elles s’appellent Marcelo, Messi, CR7, Griezmann, Draxler, Verratti, N’Tji, N’Golo ou M’Piè.
Serge de MERIDIO
Par Inf@sept