16 MAI 1977 : MODIBO KEITA MEURT
Le premier président de la nation malienne a-t-il a été assassiné ? Le récit de Sounkalo Samaké renforce cette hypothèse. Et c’est un témoignage de première main. Il s’y ajoute que l’ancien président était détenu mais pas connu comme un grand malade. Ensuite, la manière dont le décès est géré par le pouvoir est quelque peu suspecte : Modibo Kéita n’était qu’un instituteur à la retraite dans le communiqué annonçant sa mort et ses obsèques se déroulent dans une féroce ambiance de répression de la famille politique du défunt. Trente sept ans se sont écoulés depuis sans aucune investigation formelle sur les circonstances de la tragédie. Pas plus dans le cas de Modibo Kéita que dans celui du leadership du Psp dontFily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko, Kassoum Touré, disparus dans des conditions obscures sous le règne du même Modibo Kéita.
17 MAI 1980 : ABDOUL KARIM CAMARA CABRAL MEURT
Ce leader étudiant a laissé la vie dans les geôles du pouvoir qui l’avait arrêté pour fait de grève. Pas plus! De nombreuses versions ont circulé sur les circonstances de son décès mais aucune ne disculpe le régime de l’époque. Il y a peu de doutes qu’il ait été torturé et mis au bout de ses limites physiques comme tend à l’accréditer le dernier témoignage, ce dimanche, de l’ex inspecteur Sidibé. Là aussi aucune investigation officielle et pire, les versions varient sur le lieu où Cabral a été enterré. Au point que ses amis ont cessé les processions sur ce qui avait été indiqué durant la transition 1991-1992 comme sa tombe. Ici, la fiction semble simplement dépasser la fiction.
22 AU 26 MARS 1991. SOULEVEMENT ET CHUTE DE MOUSSA TRAORE
Les vents d’Est ont soufflé partout, imposant une quête pluraliste plus ou moins mal négociée en Afrique. Au Mali, les forces politique s’organisent et exigent l’ouverture démocratique. En face, un pouvoir de 23 ans veut aller à son rythme et à ses conditions. Les élèves et étudiants, au sein de l’historique Aeem renforcent le mouvement dit démocratique dirigé par d’anciens clandestins de la lutte politique. Les marches se succèdent et les représailles aussi. Du 22 au 25 mars, les forces de l’ordre tirent à balles réelles faisant plusieurs dizaines de mort. Le pouvoir ne semble pas avoir pris la mesure réelle du danger. Dans la nuit du 25 au 26 mars, le Général Moussa Traoré est arrêté par son le lieutenant Colonel Amadou Toumani Touré dit Att. Après une transition de quatorze mois, un président démocratiquement élu est en place en la personne d’Alpha Oumar Konaré. L’ancien Président Moussa Traoré jugé et condamné à mort est gracié après dix ans de détention.
21-22 MARS 2012. ATT EST RENVERSE PAR AMADOU AYA SANOGO
Resté dix ans en réserve de la République, puis dix ans à la tête de l’Etat, l’emblématique tombeur de Moussa Traoré qui avait subi l’usure du pouvoir, est renversé par un groupe de mutins qui lui reprochent la mauvaise gestion de la guerre du Nord. La junte ne restera pas formellement au pouvoir. Mais Att devra lui aussi quitter le pays. L’histoire des années noire de 2012 à 2013 reste à écrire tant elle est fertile en rebondissements, leçons, menaces et somme toute en espoir quand on sait comment le Mali a été épaulé par la communauté internationale, en particulier la France, et au vu de l’élection présidentielle qui porta Ibrahim Boubacar Kéita au pouvoir avec un taux de participation sans précédent dans le pays. Il revenait ce jour de Mopti quand Amadou Aya Sanogo, transféré hors de Bamako, déclenchait, selon les dires, son premier jour de grève de la faim. Moralité : dans l’horoscope politique local, mars est un mois à surveiller.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali