Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

CHRONIQUE DU MERCREDI : Solidarité

Depuis les temps immémoriaux, elle aura été l’un des socles de notre société. Elle aura permis de réguler le vivre ensemble et la cohésion sociale dans de nombreuses familles dans la convivialité et la confidentialité.

 

Ramadan rupture jeune communion manger nourriture
Il s’agit de la solidarité, cette valeur qui rend le Malien hospitalier et généreux malgré les vicissitudes de la vie. C’est ainsi qu’un chef de famille qui a du mal à faire bouillir la marmite pourra compter sur le voisin pour assurer la dépense quotidienne sans que cela se sache. Tel autre pourra faire soigner son enfant alors même qu’il n’avait pas de quoi assurer son transport.
Cette image d’Epinal semble pourtant avoir pris un coup de vieux, car cette vérité d’hier ressemble de plus en plus à un mythe. Si la solidarité existe toujours dans notre société, elle ne semble plus être désintéressée.
Elle obéît désormais à des calculs sournois et au voyeurisme. En effet, ceux qui viennent en aide aux plus démunis entendent le faire savoir et le faire voir surtout. Et pour ce faire, rien de tel que la télévision nationale. Tout le monde aura remarqué, au sortir de ce mois de ramadan, que le journal télévisé de l’ORTM aura été littéralement pris en « otage » par les généreux donateurs… calculateurs.
Pas un jour sans une cérémonie de remise de dons ou de victuailles à des nécessiteux. Les associations de bienfaisance se font une concurrence à peine voilée et maintenant, sur leur propre terrain, elles doivent à présent subir la rude concurrence des hommes et des partis politiques.
Que le président d’une institution de la République offre deux bœufs à une mosquée, la caméra est là pour immortaliser le beau cadeau. Qu’un parti de la majorité fasse un don de quelques sacs de riz et de sucre, la caméra est encore là pour magnifier cet élan de solidarité. Que quelqu’un qui a un agenda caché fasse un geste pour des enfants abandonnés, la même caméra est toujours là.
De grâce, puisque c’est avec l’argent du contribuable que fonctionne la télévision nationale, qu’on ne nous impose pas des campagnes déguisées et une « charity business » de mauvais goût. J’aimerais bien savoir ce que dit le Comité national de l’égal accès aux médias d’Etat sur l’usage du temps d’antenne des formations politiques, car cela est règlementé même en dehors des périodes électorales.
De l’autre côté, que des dispositions puissent être prises contre les auteurs du business organisé autour de la solidarité, car certains profitent de ces opérations pour se faire de l’argent au détriment des nécessiteux qu’ils entendent aider.
Le journal télévisé n’est pas l’espace indiqué pour montrer des donations dont la valeur ne dépasse guère le million de F CFA, mais dont les chiffres sont souvent grossis pour faire de l’effet. Amadou Hampaté Ba disait certes que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit, mais dans l’acception de la solidarité dans notre pays, le bienfaiteur ne doit pas chercher à humilier celui qui reçoit en l’exposant devant des millions de téléspectateurs. Nos érudits nous apprennent que ce que la main droite donne, la main gauche ne doit pas le savoir.
Quand on veut venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, on le fait sans tambour ni trompettes, et surtout pas devant une caméra. Bien au contraire, c’est une nouvelle race de nécessiteux que l’on créé, car ce sont souvent des courtisans qui viennent rafler ce qui devait revenir aux pauvres. Ce sont des aides qui sont « recyclées » une fois la caméra partie et qui prennent d’autres destinations que celles auxquelles elles étaient destinées. On appelle cela, n’ayons pas peur des mots, de l’escroquerie.
A côté des délinquants à col blanc, il y a aujourd’hui les escrocs au boubou blanc. Mais à la différence des premiers, qui préfèrent passer inaperçus, les seconds adorent se faire voir.
Ne galvaudons pas certaines valeurs essentielles de notre société ! Ne faisons pas d’une large couche de la population des personnes assistées professionnelles ! En arrêtant de diffuser ces images à la télé, beaucoup de donateurs intéressés vont se volatiliser en laissant la place à cette solidarité qui a de tout le temps été le ciment de notre société.
Au lieu d’aller mettre des dizaines de millions dans des vivres ou habits, aidons ceux qui sont dans le besoin à pouvoir voler de leurs propres ailes à travers des activités génératrices de revenus ! Non vraiment, cette solidarité en « Mondovision » est devenue comme une tache qui salit ses initiateurs.

Source : autre presse

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance