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CHRONIQUE DU MARDI : Veni, Vidi…

Nombreux étaient les Maliens qui se posaient des questions sur l’opportunité du voyage du Premier ministre à New York, au siège des Nations unies la semaine dernière. Devant assister au débat public du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la Minusma, beaucoup étaient en effet sceptiques sur les chances de Modibo Kéita de faire entendre la voix du Mali. Il est vrai que la Minusma a subi d’énormes pertes ces dernières semaines, mais cela allait-il suffire à faire bouger la lourde machine onusienne dans le changement de posture sur le terrain, malgré le vote du mandat de la Minusma sous chapitre 7 ?

modibo keita chef gouvernement pm premier ministre

Et pourtant, que ça soit devant le groupe des ambassadeurs africains ou ceux du Conseil de sécurité, Modibo Kéita aura eu les mots, le ton et la méthode nécessaires pour se faire entendre, mais aussi et surtout se faire comprendre. Le Premier ministre qu’il est, a souvent laissé la place au ministre des Affaires étrangères qu’il aura été, tout en faisant une certaine place à la sagesse et l’expérience du vieux commis qu’il a été. Le vote du nouveau mandat n’aura lieu que le 29 juin prochain, mais on peut sans risque de se tromper dire que les lignes vont bouger.

Le projet de rapport du SG des Nations unies permettait déjà de se faire une idée sur les changements souhaités avec un renforcement d’effectifs et de moyens. Le discours du patron de la Minusma qui, pour une fois, a tranché d’avec la langue de bois diplomatique, aura également été un grand moment. Mahamat Saleh Annadif a estimé que la posture de ses troupes doit évoluer si on veut faire des casques bleus sur le terrain de la chair à canon.

« On ne peut continuer à accepter l’insupportable. Il est temps de s’engager dans une profonde introspection accompagnée par des mesures tangibles, car il est indéniable que certaines pertes auraient pu être évitées si nos contingents étaient mieux formés, mieux équipés, particulièrement en véhicules blindés », a-t-il souligné en appui à son plaidoyer.

En clair, le chef de la Minusma n’en demande pas moins qu’une plus grande pro activité de ses troupes, ce qui ne peut se faire sans le feu vert du Conseil de sécurité. Et c’est là que le Premier ministre a su jouer sa partition. Là où le Mali était accusé de « trainer » les pieds, il a su démontrer que le retard accusé est loin d’être la faute du gouvernement malien. Dans une démarche pédagogique, il a fait la genèse des évolutions et des accrocs constatés depuis la signature de l’accord de paix. En maîtrisant l’art de la persuasion à souhait et avec un ton apaisé, le chef du gouvernement aura fait mouche.

En effet, dans les couloirs du Conseil de sécurité et dans ceux du groupe des ambassadeurs africains, son discours et ses propos auront été largement commentés et les appréciations ne manquaient pas. Certains diplomates africains ont même préconisé que des fonds puissent être prélevés au niveau des Nations unies pour accélérer la mise à niveau des forces armées alliées afin que celles-ci puissent être déployées sur l’ensemble du territoire national. A une semaine du vote du nouveau mandat de la Minusma, le Premier ministre est allé à l’ONU, a vu et a compris beaucoup de choses.

Va-t-il pour autant pouvoir dire « veni vidi vici » ? On espère sincèrement qu’il aura su vaincre certaines réticences doctrinales. En effet, s’il est vrai que les casques bleus ne sont pas une force pour faire la guerre, ils ne peuvent non plus rester des proies dans un contexte de terrorisme sans montrer leurs forces et se faire respecter.

Le Mali est devenu une nouvelle école pour les missions de paix et cela constitue un tournant, car avec cette guerre asymétrique, les casques bleus ne peuvent s’interposer entre deux belligérants distincts, mais ils doivent faire face à plusieurs forces hostiles et imprévisibles. Venus sur le terrain, ils ont vu et ils vont devoir vaincre ces forces hostiles au risque d’être vaincu.

Maliden

 

Source: lesechos

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