Le cœur d’IBK, pardon du Mali, bat la chamade. Comment faire plaisir à l’un (Maroc) frustré et aux autres (Algérie, Burkina) dans la gestion de la crise malienne ?
En effet, on note, ces temps- ci, le regain d’intérêt du Maroc pour la crise malienne. Une crise, dans laquelle, il veut se positionner comme médiateur.Une place, bien prenable quand on sait que la médiation du médiateur désigné par la CEDEAO, en la personne de Blaise Compaoré, président de la République du Burkina Faso, n’enchante pas trop les nouvelles autorités. Motifs évoqués : Sa trop grande proximité avec les membres du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) qui frise le grand Amour (sic) et pire, l’échec patent des rencontres Ouaga I et II.
C’est vrai, Macky Sall, sûrement, avec l’aval des marabouts de Touba, disait, en juillet dernier, que la contribution de Blaise, a été décisive dans le retour à la paix et au processus menant vers l’élection présidentielle du 28 juillet. Si tel est le cas, IBK doit son fauteuil à Blaise. Mais que nenni.
La preuve, l’auteur du premier coup d’Etat avec effusion de sang au Burkina, est en passe d’être éjecté du fauteuil à lui attribuer par la CEDEAO et la France encore, et toujours la France.
En bon descendant d’Hassan II, Mohamed VI a flairé le bon coup. Après que le MNLA ait claqué la porte d’une rencontre « exploratoire » entre différents groupes armés du nord du Mali, organisée par le gouvernement algérien, l’éternel gendarme des crises du nord, le roi Mohamed VI s’est empressé de leur ouvrir son Palais. Tombés sous le charme du discours de l’homme ou du luxe du palais ? On n’en saura pas davantage. En tout cas, pas plus que le nègre du groupe Mamadou Djéri Maïga, qui n’a pas été convié à cette réunion de ses maîtres.
On le sait, à l’issue de leur rencontre du 31 janvier, Mohamed VI a obtenu de la délégation dirigée par le Secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Chérif, la promesse de rester ouvert au dialogue avec Bamako. Le Mnla s’est-il, finalement, détourné de Ouaga ? Ça en a tout l’air.
Avec cette prouesse, le Maroc venait de signaler son intention de jouer les premiers rôles dans la résolution de la crise malienne, au détriment de l’Algérie et du Burkina. Une nouvelle donne qui ne manque pas de soulager le régime en place, qui, en principe, devait ouvrir les négociations après l’élection du président et la formation du gouvernement. Soit dans un délai de 60 jours. Mais, les retournements de veste spectaculaires des groupes armés, malgré les largesses de Bamako, n’ont pas permis l’ouverture de ces discussions inclusives. Et, voilà que le Maroc donne un brin d’espoir.
IBK de mèche avec Rabat ?
Ça aussi, ça en a tout l’air. En faisant du roi Mohamed VI l’invité d’honneur de sa cérémonie publique d’investiture au Stade du 26 mars, le 19 septembre dernier, le ton était donné. Autre fait de taille, c’est IBKhimself, qui a donné l’ordre au roi Mohamed VI de recevoir la délégation du MNLA, selon le ministre des Affaires étranges pardon Etrangères, Zahabi Ould Sidi Mohamed. La présence des médecins marocains au Mali pour fournir des soins gratuitement aux populations ; l’offre de 500 bourses pour la formation des imams maliens pour un islam tolérant afin de contrer les radicaux…, font partie de l’offensive de charme du Maroc. Une offensive bénit par les autorités.
Adulé par les populations, tenu en estime par les religieux, le Maroc pouvait ainsi s’inviter dans la danse de la résolution de la crise sans trop de vague.
Et, comme pour terminer en beauté, le Roi a effectué son deuxième voyage en 06 mois, dans nos murs, et, cela, pendant cinq jours avec sous la main quelques 17 projets de partenariat entre nos deux Etats. Une histoire de milliards, quoi !
Blaise étant préoccupé par la modification de son article 37 pour se maintenir au pouvoir et Bouteflika, en proie à un AVG, le Maroc et son jeune roi peuvent bien s’emparer de la médiation de la crise malienne.
Mohamed DAGNOKO
Depuis le CESTI Dakar