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Choguel Kokalla Maîga; ‘’nous ne sommes la propriété de personne. Nous ne sommes la sous-préfecture de personne, cela est fini’’

Dans un contexte où des rumeurs sont charriées contre le Mali visant à déstabiliser les institutions de la Transition, le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA, animé du souci constant d’être en phase avec la population, sans fioriture, donne de la répartie. Dans une sortie en langue nationale Bamanankan, il salue les efforts des acteurs du monde rural et des FAMa qui engrangent des résultats tangibles dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, deux composantes qui assurent au Mali sa dignité et son honneur. Il réaffirme la priorité du Gouvernement qui est le retour de la sécurité sur l’ensemble du territoire pour organiser les élections. Choguel Kokalla MAIGA tire également les enseignements de l’intervention française au Mali, en soulignant que la souveraineté nationale n’est pas négociable ; édifie sur la crise des forces spéciales danoises ; et recadre le ministre nigérien qui parle de patriotisme frelaté au Mali.

 

Chers Maliens, je vais revenir sur mon intervention en Bamanankan pour que vous puissiez mieux comprendre ce j’ai dit en français.

Dans mon propos, j’ai commencé par rendre hommage aux FAMa et j’ai eu une pensée pieuse pour toutes les victimes de cette crise malienne.

J’ai salué et encouragé nos soldats, je leur ai exprimé toute ma gratitude, qu’on ne les oubliera jamais.

Ensuite, je salue les paysans, les coton-culteurs, ainsi que l’ensemble des cultivateurs. Je vous dis merci.

Je dis merci à tous les acteurs du monde rural de notre pays. Le président de la Transition me dit de vous saluer. C’est vous qui nourrissez les Maliens. Grâce à vous, les Maliens ne vont pas mourir de faim. Car, un homme qui a faim n’a pas de dignité.  C’est vous et les FAMa qui assurez au Mali sa dignité et son honneur. Merci pour tout.

Actuellement, il a beaucoup de rumeurs et de bruits sur le Mali qui passent dans les médias.

Dans cette situation, nous retrouvons 4 acteurs, à savoir le Gouvernement du Mali ; la CEDEAO ; l’Union africaine ; l’Union européenne et la France et autres. Je peux dire que c’est la France et ses acolytes contre le Mali.

J’ai dit au Gouvernement que nous devons saluer le Peuple malien. Ce que vous avez fait le 14 janvier 2022 a dépassé toutes les attentes. On n’a jamais vu une telle mobilisation depuis que le Mali est devenu indépendant.

Merci beaucoup pour cette mobilisation monstrueuse.

‘’Au moment où nous sommes en train de ‘terroriser’’ les terroristes ; c’est au même moment que la CEDEAO vient nous poignarder’’.

Je salue notre armée nationale, qui mérite d’être félicitée et encouragée. Tenez-vous bien, du 28 décembre 2021 au 28 janvier 2022, soit un mois, l’armée malienne a mis en déroute beaucoup de terroristes. Elle a détruit beaucoup de bases des groupes armés terroristes. Des éléments terroristes ont été arrêtés et du matériel récupéré. C’est un résultat qui n’a jamais été obtenu depuis que nous menons la lutte contre le terrorisme, il y a 10 ans. Nous disons bravo à l’armée malienne.

Il y a des moments où certains hommes politiques de pays se moquaient de notre armée. On accusait l’armée de fuir devant l’ennemi. Mais, notre armée n’a jamais pris la tangente. Mais, ceux qui avaient pour l’habitude d’envoyer l’armée au front sans équipements nécessaires, ce sont eux qui ont trahi le Mali et l’armée malienne. Aujourd’hui, l’armée malienne est présente dans toutes les régions du Mali ; dans toutes les zones d’opérations militaires, bien équipée.  C’est ce qui nous a valu ces résultats tangibles dans la cadre de la lutte contre le terrorisme. Je salue ici le président de la Transition, ainsi que le ministre de la Défense.  Nous disons à l’armée que le Peuple malien est derrière elle. Et nous n’allons jamais oublier ceux qui sont tombés pour la patrie.

Je vous donne un seul constat, demandez à ceux qui viennent des localités où les groupes terroristes persécutaient les populations, prenez le téléphone pour appeler vos parents qui sont là-bas, ils vous diront comment la situation se présente aujourd’hui.

En ce qui concerne les déplacés internes et les réfugiés, il y a un total de 350 000 au Mali et dans les pays voisins. Aujourd’hui, 50 000 personnes sont retournées dans leurs localités d’origine grâce à l’armée.  C’est la première fois que nous renversions la tendance. Nous espérons, dans quelques mois, avec la grâce d’Allah, le président de la Transition, le ministre de la Défense et l’ensemble du Gouvernement, ramener la sécurité pour au moins 80 à 90% des Maliens pour qu’on puisse organiser les élections.

C’est pour cette raison que nous avons dit à la CEDEAO que c’est au moment où nous sommes en train de vaincre les terroristes, c’est ce même moment qu’elle choisit pour nous nous imposer un embargo qui n’existe pas dans les textes. Cette mesure n’existe dans aucun document de la CEDEAO, ni dans le traité de l’UEMOA ni dans les textes de la Banque centrale. Ces mesures ne visent qu’à faire tomber ce Gouvernement de transition. Mais ce Gouvernement ne tombera pas, avec la grâce d’Allah et avec votre soutien. Dieu se mettra en rempart entre le Mali et tous ses ennemis. Ils ne pourront pas vaincre le Mali. Celui s’entêtera à le faire, sera victime de la justice divine.

J’adresse un message à nos partenaires, à savoir l’Union africaine et la CEDEAO. Je salue l’Union africaine, le président de la Commission était dans notre pays et a rencontré le Premier ministre et le Gouvernement ; il a échangé aussi avec le président de la Transition. À l’issue des échanges, il a affirmé qu’il a bien compris les enjeux et s’est engagé à discuter avec les responsables de la CEDEAO.

Nous rappelons à la CEDEAO qu’elle est née au Mali en 1975. C’est la présidente et la République du mali, Moussa TRAORE, et le président du Nigéria Yakubu GOWON, qui ont pris la décision à Bamako.

Ils ont décidé de créer une organisation qui rassemble les pays anglophones et francophones de l’Afrique de l’Ouest pour soutenir leur développement.

Ce sont eux qui ont pris l’avion pour démarcher les autres présidents de l’espace, leur présenter le projet, jusqu’à ce que la CEDEAO soit créée. Donc, la CEDEAO est un produit du Mali.

Aujourd’hui, le père fondateur (Mali) est en crise. Il appartenait à la CEDEAO d’aider le Mali à se relever.

Au moment où notre armée est à la conquête de la souveraineté et l’honneur du Mali, au moment où nous sommes en train de ‘terroriser’’ les terroristes ; c’est au même moment que la CEDEAO vient nous poignarder. On veut nous imposer des élections. Aujourd’hui, aucun homme politique ne peut aller battre campagne chez lui.

Notre priorité est le retour de la sécurité sur l’ensemble du territoire, jusqu’à ce que 80 à 90% des Maliens soient sécurisés. Nous disons à la CEDEAO que nous sommes des frères qui connaissent des différends, mais à la fin, nous allons nous entendre. C’est pourquoi nous ne leur parlons pas mal.

Il y en a qui nous insultent, mais nous n’allons pas leur répondre. Nous sommes dans la politique, on n’insulte pas l’avenir. Cela n’est pas la vision de Assimi, ni du Premier ministre ou du président du Conseil national de la Transition. Je salue tous les membres du CNT qui ont fait le déplacement.

Ce sont les institutions de la Transition qui vont sauver le Mali.

‘’Nous n’avons donné procuration à personne pour qu’elle parle en notre nom’’.

J’adresse le message suivant, au nom du Mali et de son Gouvernement, à l’Union européenne pour lui faire comprendre qu’il n’y a pas de conflit entre nous. Car, ces derniers temps, il y a eu beaucoup de déclarations des responsables de l’UE nous accusant.

Il y a beaucoup de pays membres de l’UE qui ont aidé le Mali au lendemain de son indépendance. C’est le cas de l’Allemagne qui a été le premier pays au monde à reconnaître le nouvel État indépendant du Mali.

Les pays scandinaves aident beaucoup le Mali dans son développement économique et social, notamment la Norvège, la Suède, le Danemark. Nous les remercions.

Nous leur rappelons qu’il y a une conférence qui s’est tenue du 15 novembre 1884 au 28 févier 1885, appelée la conférence de Berlin. C’est au cours de cette conférence que l’Afrique a été divisée entre les puissances occidentales, il y a 200 ans. Et le Mali a été offert à la France. Aujourd’hui, ce temps est révolu.  Le Mali a pris son indépendance le 22 Septembre 1960.

Le président Modibo KEITA a déclaré, au congrès extraordinaire de l’Union soudanaise RDA, le Mali, État indépendant et souverain.

Des pays ont reconnu cet État indépendant. Je leur demande de prendre ça en compte. Nous ne sommes la propriété de personne. Nous ne sommes la sous-préfecture de personne, cela est fini.

Si ces pays veulent travailler avec le Mali, nous les invitons à travailler directement avec le Gouvernement du Mali, pas par intermédiaire, ou par procuration. Nous n’avons donné une procuration à personne pour qu’elle parle en notre nom. Nous voudrions leur faire comprendre cela. Sinon, rien ne nous oppose à l’UE.

L’UE appuie le Mali dans le cadre du développement économique et social, dans plusieurs domaines. Ils doivent comprendre qu’il y a des choses qu’on ne peut pas accepter.

‘’Il n’y a pas de conflit entre l’UE et nous. Mais, il faut qu’on se respecte seulement’’.

Ces derniers temps, il y a eu des polémiques entre le Gouvernement du Mali et celui du Danemark. Hier, ils ont retiré leurs forces spéciales. Pourquoi cela est arrivé ?

Il faut que j’explique pour que les Maliens comprennent.

La France a annoncé la création de la Force Takuba sans prendre l’avis du Gouvernement du Mali. Mais, cela n’est pas le problème. C’est le président du Mali qui a signé la lettre, à la demande de la France, envoyée à certains gouvernements européens, en mars 2019, les invitant dans le cadre de Takuba, à venir aider le Mali à lutter contre le terrorisme.

De mars 2019 à janvier 2022, cela fait près de 3 ans. Et c’est 3 ans après que vous décidez d’intervenir pour combattre les terroristes qui ont eu tout ce temps de tuer nos populations.

Même s’il était prêt, il y a un protocole additionnel entre la France et le Mali de mars 2020, déterminant le statut de détachements non français qui sont dans la Force Takuba. Le Mali et la France ont signé ce document. Au regard de ce protocole, les pays européens qui souhaitent prendre part à la Force Takuba doivent signer, au préalable, un Accord avec le Mali.

Pour vous permettre de mieux comprendre, c’est comme si vous voulez vous rendre en France, en Amérique ou ailleurs, il faut que vous ayez une invitation pour aller chercher le visa.

Mais sans le visa, le simple fait d’avoir une invitation ne peut pas vous permettre de faire le déplacement.

Donc, le Danemark n’avait pas encore reçu son visa et a décidé d’envoyer ses soldats sur le simple fait qu’il a été invité par la France.

Pourtant, la Norvège, le Portugal, la Hongrie qui ont aussi reçu la lettre d’invitation du président IBK sont en train d’attendre pour qu’on étudie leur cas, avant de venir au Mali.

Pendant ce temps, un autre pays se permet d’inviter le Danemark à venir au Mali sans l’avis favorable du Gouvernement du Mali. Nous avions dit que cela n’était pas possible.

Quand nous avons dit que cela n’était pas possible, le Gouvernement du Danemark a été induit en erreur par un autre pays qui lui a envoyé une correspondance indiquant le Mali avait donné son autorisation.

Mais, on leur a prouvé qu’il n’y a pas d’erreur dans ce que nous faisons. On ne fait rien sans les textes, nous ne faisons rien qui ne soit dans l’intérêt dans Maliens.

Quand ils ont reçu la bonne information, ils sont rentrés hier. Ils ont pris armes et bagages pour retourner dans leur pays.

Ceux qui les ont trompés, ce sont eux qui ont fait des vidéos hier pour nous insulter. Mais, nous n’allons pas répondre à ces injures. Les injures prouvent qu’on n’est pas sûr de soi, or nous, nous sommes une force tranquille. Assimi GOITA est une force tranquille, il n’insulte personne, il ne fait que son boulot dans l’intérêt du Peuple du Mali.

C’est pour cela que j’ai répondu qu’il n’y a pas de conflit entre nous. Mais, il faut qu’on se respecte seulement. S’ils nous respectent, nous allons nous mettre autour de la table pour discuter dans l’intérêt du Mali et de l’UE.

Il ne faut pas que quelqu’un d’autre nous mette dos à dos. Il ne faut pas essayer de gérer les choses par procuration. Le Mali n’a donné procuration à personne.

‘’ Ce n’est pas parce qu’on a dit que vous avez sauvé le Mali en 2013 que vous allez traiter le Mali comme une sous-préfecture de la France’’.

Maintenant, entre le nous et le Gouvernement français, j’insiste sur ce point pour que les gens comprennent.

Nous n’avons pas de problème avec le Peuple français, car nous savons qu’il y a beaucoup de Français qui soutiennent le Mali. Il y a des Français qui sont morts au Mali, comme Damien BOITEUX. Des enfants ont été baptisés en son nom au Mali. Également, la communauté malienne est la plus forte communauté étrangère sur le sol français, après les Français.

Les fonds que cette diaspora malienne envoie chaque année au Mali dépassent de loin l’ensemble de l’aide internationale au développement.

Ils sont là-bas en France et investissent ici au Mali, ils ont souvent la nationalité française, élèvent leurs enfants en France. Est-ce qu’on peut dire que nous sommes contre la France ? Non !

Deuxièmement, il y a beaucoup de relations entre la France et le Mali.

Par exemple, ça fait quelques mois, quand la Banque mondiale, la Banque ouest-africaine de développement, partout où il y a un projet au niveau de ces institutions financières en direction du Mali ; le représentant français vient s’opposer au simple fait qu’une question malienne soit à l’ordre du jour.

Ils sont en train de tout mettre en œuvre pour que ce Gouvernement soit incapable de gérer le pays. Mais, nous sommes là grâce à Allah.

Je dirai aux autorités françaises que rien n’oppose le Peuple malien au Peuple français.

Mais, il faut que la France comprenne quelque chose. Ce n’est pas parce qu’on a dit que vous avez sauvé le Mali en 2013 que vous allez traiter le Mali comme une sous-préfecture de la France. Vous venez donner des ordres aux autorités maliennes. Cela se faisait avant, maintenant, ce temps est révolu.

Assimi GOITA est un Chef d’État, président de la transition, tout comme les autres présidents qui sont aussi des Chefs d’État. Pour cela, ils doivent travailler comme des partenaires. Il n’est pas sous les ordres de quelqu’un, il est sous les ordres de Dieu et du Peuple malien, c’est tout.

Nous ont dit qu’ils sont venus nous aider et que nous nous ne sommes pas reconnaissants de leurs efforts.

Mais, nous leur rappelons que la France a été libérée pendant les deux guerres mondiales par les Africains, notamment les combattants maliens.

En février 2013, le président Hollande est venu dire ici à Bamako que la France était en train de payer une dette.

Il ne peut pas continuer à nous rappeler cela rien que pour nous intimider. La France n’a-t-elle pas été libérée par les Américains ?

Mais, en un moment donné, la France a demandé aux Américains de rentrer chez eux après la guerre. À l’époque, les Américains n’avaient pas pris ça en mal.

On ne fait que rappeler cela (Ndlr : la libération Mali) pour tromper l’opinion française, dénigrer les Maliens, intimider les gens. C’est ce qu’ils savent faire.

Mais, ils doivent comprendre que les autorités actuelles du Mali sont différentes de celles avec lesquelles ils ont l’habitude de travailler.

Je les invite à redescendre sur terre pour voir la réalité du terrain. Car, les choses ne sont plus comme avant. Dès qu’ils comprendront cela, les problèmes vont se dissiper.

Par ailleurs, j’ai indiqué que les autorités actuelles du Mali se fondent sur un fait historique.

‘’Nous avons demandé la relecture de l’Accord qui nous lie à la France.  Nous allons enlever toutes les dispositions qui ne sont pas en faveur du Mali.’’

Le jour où on donnait l’indépendance aux pays africains, le Premier ministre de la France d’alors s’appelait Pierre MESSMER qui avait été Gouverneur à l’AOF. À l’époque, le Mali s’appelait Soudan. Avant de mourir, il a écrit son mémoire. Dans ce document, il est revenu sur toutes les péripéties de sa carrière. Il a écrit quelque que j’ai lu dans son mémoire (ils pensent que nous on ne lit pas ; ils ont pour habitude de dire que si tu veux cacher quelque chose à l’Africain, tu le mets dans un livre). Dans son témoignage, il ressort qu’en 1960, à l’heure des indépendances, le jour où les Africains ont exigé les indépendances, la France a fait en sorte que les leaders noirs qui n’avaient pas tellement combattu pour l’indépendance deviennent les responsables des pays indépendants.

Et ceux qui avaient combattu farouchement ont été éliminés politiquement ou militairement. Cela montre que les indépendances n’avaient pas été données de bonne foi.

Et je crois que les autorités françaises sont toujours dans cette logique, elles n’ont pas encore réalisé que le Mali est un pays indépendant. Pourtant, le Mali est un État indépendant depuis 1960.

Comme l’ancien président sénégalais Léopold Sédar SENGHOR le disait que souvent la France peut dire à l’Africain, voici la bonne voie, pendant ce temps, elle-même passe par les mauvaises voies. Ou bien, elle te donne avec la main droite et te retire la moitié avec la main gauche.

Aussi, il disait que les Français aiment beaucoup leurs héros chez eux, mais ne veulent pas voir pas un Africain héros chez lui.

Tous ces éléments mis ensemble peuvent nous permettre d’analyser et de comprendre ce qui se passe actuellement au Mali.

Mais pourquoi, j’invite la communauté internationale à comprendre que les dirigeants actuels du Mali sont vigilants ?

Il y a beaucoup de choses qui se sont passées dans ce monde depuis quelques années maintenant.

Rappelez-vous que quand on éliminait Kadhafi, la France et l’Angleterre avaient reçu pour mandat d’aller seulement empêcher Kadhafi de bombarder les populations de Benghazi.  Mais, ils sont allés le tuer.

Deuxièmement, les Américains ont fait 20 ans en Afghanistan. Du jour au lendemain, ils ont décidé de quitter le pays. Suite à ce départ, on vu des Afghans s’accrocher à l’avion pour quitter le pays.

Nous n’allons pas croiser les bras pour attendre que cela arrive au Mali. Nous analysons les choses.

Il n’y a pas longtemps, Barkhane nous a lâchés en plein vol. Quand j’ai dit ça, ça leur a fait très mal. Mais, c’est la vérité.

Malgré l’existence d’un Accord qui nous lie, ils ont décidé, de manière unilatérale, de partir.

C’est pourquoi nous avons demandé la relecture de cet Accord.  Nous allons enlever toutes les dispositions qui ne sont pas en faveur du Mali. Mais, ils ont passé cette requête sous silence. Mais, nous allons irrémédiablement vers cette relecture. Nous n’allons pas accepter tout ce qui est contre notre Constitution.

‘’Nous avons tiré beaucoup d’enseignements de l’intervention française au Mali’’.

Aussi, nous avons tiré beaucoup d’enseignements de leur intervention au Mali. Ils sont venus pour aider en 2013 à la demande du Mali.

Dans la requête, le président de la Transition avait demandé un appui aérien et en renseignements pour que nos soldats puissent libérer notre pays.

Cela a été le cas jusqu’à l’étape de Kidal. À la porte de Kidal, ils ont refusé l’accès de la ville aux soldats maliens et ont déployé des soldats français au sol sans en avoir l’autorisation.

Autre fait édifiant, il n’y a pas longtemps, ils ont fait des frappes aériennes dans le cercle de Douentza, dans la région de Mopti, qui ont fait plusieurs morts.

Et après cette opération, s’en est suivie une polémique.

Alors que la MINUSMA affirme que ces morts étaient des civils, la France répond que c’étaient des djihadistes. Finalement, personne ne sait la réalité de ce bombardement.  Cela nous a servi de leçon.

Récemment, on a constaté qu’un avion a survolé notre territoire en coupant le transpondeur pour ne pas être repéré des opérateurs de contrôle, ils ont aussi coupé les radios de l’appareil pour qu’on ne le voit pas, afin d’atterrir sur notre territoire. Pourquoi se cacher ainsi si on est de bonne foi ?

Comme nous sommes en train de construire plusieurs bases militaires au nord dans notre pays, on a constaté par ailleurs  qu’ils prennent l’avion de la MINUSMA pour survoler nos bases militaires afin de les espionner.

Le jour où on a constaté ça, les responsables de la MINUSMA ont fait savoir que la France leur a demandé de survoler ces nouvelles bases militaires du Mali.

Nous nous sommes interrogés si la France là où c’est la MINUSMA.

Dès lors, on a dit à la MINUSMA de ne plus survoler le Mali sans demander l’autorisation dans un délai de 48 heures aux autorités maliennes.

Les lignes autorisées pour les vols de la MINUSMA, c’est Bamako-Gao, Bamako-Tombouctou et Bamako-Kidal.  En dehors de ça, il lui faut une autorisation. Après des tiraillements, nous avons signé un protocole.

Donc, nous avons tout ça en tête.

Dans leurs mentalités, les dirigeants africains ne sont pas très vigilants, ils ne regardent pas loin.

Nous sommes dans ces genres de relations avec les Européens, on dit présidents démocratiquement élus, et nos dirigeants ne font que prendre des avions pour voyager sur Paris.

Jusqu’au jour où on viendra leur dire, à leur grande surprise, que leurs pays sont confrontés à des problèmes.

Plusieurs d’entre eux prennent leurs passeports pour aller dans d’autres pays, après avoir échoué dans la gouvernance.

Cependant, la population n’a pas d’autres destinations.  Assimi GOITA et moi-même, nous n’avons pas où aller.

Raison pour laquelle, une autorité doit veiller sur le territoire du Pays comme le Président de la Transition Assimi GOITA le fait au Mali.

Nous voulons éviter ce qui s’est passé à Afghanistan, en Libye, en passant par Kidal et Bounty, jusqu’au plein vol.

Raison pour laquelle, nous demandons l’autorisation à tout pays qui veut intervenir dans notre pays. C’est dans ces conditions que la coopération existe entre le Mali et la France, le Danemark, le Portugal, la Norvège et la Hongrie.  Pourquoi la France appelle-t-elle les Danois à venir au Mali sans une autorisation préalable des autorités maliennes ? C’est pourquoi nous avons invité les Danois à retirer leurs forces spéciales du Mali. Ça ne veut pas dire que nous avons quelque chose contre le Danemark.

Nous voulons que la souveraineté de notre pays soit respectée, c’est tout. C’est ce qui a fait que la France nous insulte, mais nous avons fait preuve de retenue. Car, le Mali est un grand État. Notre éducation ne nous permet de manquer du respect à un autre État.

Mais, que la France sache que personne ne viendra détourner l’intérêt du Pays en notre présence.

‘‘Si l’Europe veut combattre l’Afrique, elle paye un Africain pour la combattre à sa place. C’est ce qui est en cours en moment’’

Enfin, le Niger et le Mali sont des amis de longue date dans la lutte contre le terrorisme.  Tout récemment, les pays du G5-Sahel sont partis en Europe dans le cadre des échanges.

Au sortir de cette rencontre, tous les ministres du G5-Sahel sont retournés dans leurs pays respectifs. Mais, le représentant nigérien a animé une conférence de presse, après ces échanges, pour manquer du respect au Mali en disant que le meeting des Maliens organisé le 14 janvier 2022 est un patriotisme frelaté.

Nous ne savions pas que le patriotisme pouvait être frelaté.

Les Maliens ne connaissent que le patriotisme, point final. Nous avons compris que ce sont les autorités nigériennes qui ont insulté les Maliens. Sinon, nous savons très bien que le Peuple nigérien est un Peuple frère du Mali qui soutient le Peuple malien dans ces épreuves.

Si l’Europe veut combattre l’Afrique, elle paye un Africain pour la combattre à sa place. C’est ce qui est en cours en moment. La France paye des Africains contre l’Afrique elle-même. Elle envoie d’autres pays africains s’en prendre au Mali à sa place.

Rappelez-vous de nos figures de la lutte contre le colonialisme, notamment Fhiroun Ag Antessar.

En juin 1916, la bataille d’Amderaboukane, c’est là-bas qu’il a perdu la guerre. En mai 1920, ce sont des Africains qui l’ont tué avant de livrer son corps au colonisateur.

Que le ministre nigérien sache que le Mali connaît son histoire. Il faut qu’il arrête. Nous savons ce qui s’est passé en mal dans notre histoire.

Nous n’allons accepter qu’aucun Africain ne vienne poignarder le Mali au profit de la France. Nous ne l’accepterons pas et le Peuple nigérien pourra le permettre.

Je pense que ce ministre a agi en son nom propre, pas avec le mandat du Peuple du Niger.

Je le mets au défi de mobiliser 4 millions de Nigériens derrière son Gouvernement, comme il parle de patriotisme frelaté.

Quand le Président de la Transition, Assimi GOITA, a lancé un appel à la mobilisation, au bout de quatre jours, c’est quatre millions de Maliens qui sont sortis. Qu’il fasse pareil au Niger, on verra. On saura où se trouve la légitimité. Il faut qu’il respecte le Mali.

Nous n’avons insulté personne. Nous n’avons dit que la vérité. Nous sommes là à défendre notre pays. Que la justice divine soit infligée à toute personne qui veut trahir cette Transition malienne.

Je suis venu faire passer ces messages et donner la bonne information aux gens de Kita et tous les Maliens. Je vous assure que, sous le Gouvernement de transition, le Mali recouvrera son honneur et sa dignité, avec Assimi GOITA à la tête.

Transcription libre Info-Matin

Source : Info-Matin

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