Les refrains ‘’refondation du Mali’’, ‘’redressement de la trajectoire de la transition’’ tant chantés par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) sont maintenant des balles dans son camp. Le porte-parole du mouvement, Choguel Kokala Maïga vient d’être désigné par ses compagnons de lutte pour devenir le futur Premier ministre du Mali pour le reste de la transition. Il ne reste donc qu’à bien jouer.
Bien avant la démission forcée de Bah N’Daw et Moctar Ouane, le M5-RFP avait présenté au premier 10 points parmi lesquels figure la démission du deuxième. La junte, en troisième larron comme au coup d’Etat du 18 août 2020, vient de chambouler tout sur son passage. Cela, sous prétexte d’un manquement à la Charte de transition.
Dame Cour a arrondi les points en déclarant Assimi président de la transition. Le tout nouveau président ouvre soudain la voie au rapprochement du M5-RFP du pouvoir. Les dribleurs heurtés contre le mur se sont tournés vers ceux qu’ils ont driblés pour sortir le pays de l’ornière.
Ceux qui ne se battaient pas pour un poste ont été consultés pour fournir le Premier ministre. Les données auraient changé car Choguel a été choisi sans conteste. Sans doute, il se démarquera de l’erreur de Bah N’Daw et son Premier ministre : la mise à l’écart de la classe politique malienne. Le bon Samaritain fera face à ses propres 10 points qui, à l’entendre, devraient mettre le Mali sur ses pieds.
Dans les locaux de Bittar Trans, le comité stratégique du M5- RFP, réuni en session extraordinaire, a exprimé ses préoccupations de l’heure en 10 points essentiels contenant 17 mesures. Selon eux, ils sont pour « la rectification de la trajectoire » de la transition afin de créer les conditions d’une « refondation totale »
Dans la déclaration lue par l’imminent Premier ministre, le M5-RFP a dénoncé l’option des colonels de tronquer leurs uniformes contre les boubous civils pour se barricader dans les bureaux climatisés de Bamako, l’amateurisme politico-diplomatique criard et le silence assourdissant sur les cas de bavures meurtrières avérées ayant coûté la vie à au moins trente-trois civils à Bounty. En plus, le refus d’approfondir les enquêtes et poursuites judiciaires contre les commanditaires, auteurs et complices des tueries et exactions contre les victimes de la crise.
Le M5-RFP relève aussi que jamais la corruption et le népotisme n’ont atteint le niveau actuel du Mali. « Tout se vend et s’obtient avec l’argent-roi auprès de parents, d’amis et d’obligés rapidement promus au sein de l’appareil d’Etat », lit-on dans la déclaration. Il mentionne la défiance, le mépris affiché à l’égard de la classe politique et son exclusion de la conduite de la transition. L’illégalité et l’illégitimité du Conseil national de transition (CNT) n’ont pas été omises dans la déclaration.
Le samedi 22 mai 2021, lors de la conférence de presse animée par les avocats du M5-RFP, Choguel affirmait haut et fort qu’ils prépareront la grande mobilisation avec la base. A l’entendre ils le feront avec toutes les couches victimes d’injustice. Ce serait pour une cause juste et noble. Le voici donc choisi pour tirer les épines du pied des Maliens. La satisfaction des Maliens ne doit plus constituer un réel problème car un connaisseur de l’administration non moins tombeur d’IBK a maintenant la main à la pâte. Choguel sera un maçon qui ne se plaindra pas de manque de matériaux pour la construction du pays.
Il arrive donc avec la truelle et la taloche en main et les autres membres du M5-RFP devraient lui servir de manœuvres pour lui apporter le ciment et les briques. Si vraiment ils regardent dans la même direction. La culture de la cohésion entre les Maliens, l’organisation de l’élection du président de la République, les grands dossiers de la corruption sont entre autres les défis qui l’attendent dans son bureau de la primature. C’est dire que le boulot n’admettra pas de repos. Le chantier est vaste.
Bazoumana KANE
L’Alerte