A quelques jours doigts de la fête de la tabaski, les moutons se fonts rares dans les différents parcs à bétail de Bamako, contrairement aux autres années où à la même période les parcs sont inondés de bêtes.
Fêtée deux mois et dix jours après celle de ramadan, la fête de tabaski ou fête des moutons est généralement pour les Musulmans la seule occasion où l’ensemble de la famille se réunit chaque année pour des sacrifices. Tout le monde est présent, la joie règne dans la famille, les uns et les autres se pardonnent mutuellement, le chef de famille (père) achète un mouton pour le sacrifice en l’honneur de cette journée de fête.
Cette année les éleveurs, ceux qui font de l’embauche pour ensuite revendre à l’approche de la fête, disent qu’ils ne peuvent plus faire de l’embauche pour en tirer de bénéfice à cause de cherté des aliments pour bétails. Tout est cher dans le marché, les prix des aliments bétails (tourteaux), des sons de mil et de maïs sont très élevés. Les aliments bétails (tourteaux) qui étaient entre 7000 F et 10000 FCFA sont aujourd’hui à 17500 FCFA le sac de 50 kg et 15000 FCFA le sac de 40 kg. Les sons de blé et de maïs qui étaient à 4000 FCFA ont grimpé à 6000 FCFA voire 7000 FCFA. Même le prix des herbes qu’on achetait facilement à 100 F ou 200 F est remonté jusqu’à 500 F.
A cela s’ajoute aussi la cherté du bétail qui aujourd’hui est devenu rare dans sur le marché à cause de l’insécurité au centre et au nord du Mali. Pour les éleveurs les prix sont trop chers.
«Après l’embauche, on réalisait sur chaque mouton un bénéfice qui varie de 25000 FCFA à 30000 FCFA, après les dépenses. Aujourd’hui, c’est même difficile de combler les dépenses effectuées sur une tête. La durée de l’embauche varie entre deux et trois mois et chaque tête de mouton peut consommer jusqu’à trois sac d’aliments bétails (tourteau) et de son, environ un à deux chargements d’herbes dont le prix unitaire est aujourd’hui à 10000 FCFA », a expliqué Boureima Diallo, un éleveur au parc de Niamana.
Il faut rappeler qu’en plus de la cherté des prix des aliments bétails, il y a aussi l’insécurité au centre et au nord du pays qui complique davantage l’approvisionnement en bétail dans le reste du pays. Les marchands de bétails(Djoula) subissent depuis quelques années les attaques et enlèvements de bétails pendant le transport.
Mamoudou Dicko, un marchand de bétails, nous témoigne qu’il a subi deux attaques lorsqu’il transporte les moutons sur Bamako : « c’était en 2020, j’ai été attaqué pour la première fois en quittant Boni pour Bamako. Tout le danger était sur le tronçon Douentza-Konna, les malfrats enlevaient tous les bétails pour une destination inconnue. Maintenant, le chargement se fait à partir de Boré ou Konna. Pour y arriver nous sommes obligés de contourner le secteur de Douentza-Boré. On paye des gens pour amener les bétails vers Konna à pied, ils font deux à trois jours de marche pour ensuite faire le chargement dans un camion ou bus de transport pour Bamako ».
Oumar Sawadogo
Source: L’Observatoire