Intervenant récemment sur les ondes de la radio citoyenne pour commenter les évènements tragiques survenus à Kidal, le guide spirituel d’Ançar Dine, Chérif O. Madani a déclaré déplorer le recours aux armes dans cette partie du pays avant de s’incliner devant la mémoire des soldats et administrateurs maliens disparus. Il estime à juste titre que chacune des parties doit privilégier le dialogue convaincu que Kidal restera dans le giron de la République.
Des messages de paix, de cohésion sociale et d’entente doivent être au cœur de toutes nos démarches surtout en cette période où le pays traverse une situation de crise. Les propos belliqueux ou va-t-en-guerre ne peuvent que nous mener dans une situation de crispation générale. Faisons violence sur nous-mêmes et essayons de comprendre que la guerre ne peut intervenir que lorsqu’on aura épuisé toutes les voies de recours. Il est de notre devoir à tous de privilégier la voie du dialogue. Combien de familles sont-elles aujourd’hui endeuillées de part et d’autre ? Combien d’enfants sont-ils devenus orphelins ? Combien de femmes ne verront plus jamais leurs époux ? La guerre a toujours été éprouvante même si on a vaincu son adversaire « a déclaré Chérif Ousmane Madani Haïdara. Et d’ajouter » Il est vrai que lors des affrontements du mercredi 21 mai, le Mali a perdu la bataille. Il y a des jours où on perd une bataille, mais cela ne veut pas dire qu’on a perdu pour toujours. Nous avons hérité ce pays de nos grands-parents, nous l’avons trouvé un et indivisible, nous devons travailler à ce que son unité soit sauve. Pour y parvenir ayons l’humilité entre Maliens de s’asseoir autour d’une table et de s’expliquer. Je suis convaincu que nous parviendrons à un compromis et Kidal restera dans le giron de la République comme nous l’avons toujours souhaité « .
Selon Chérif Ousmane Madani Haïdara, la question du nord est très ancienne et remonte à la période précoloniale. » Les colons aussi bien que les différents régimes qui se sont succédé sur le trône ont connu cette rébellion et ce n’est pas du jour au lendemain que l’actuel chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéïta pourra y mettre fin » a-t-il précisé.
Le guide spirituel d’Ançar Dine a salué l’engagement des soldats maliens sur le théâtre des opérations en dépit de leurs maigres moyens précisant le fait que » nous avons une armée en reconstruction qui a besoin de l’appui de chaque patriote et ce n’est pas le moment de se tirer dans les pattes au risque de démoraliser nos troupes « .
Dans la gestion de la crise à Kidal, Chérif Ousmane Madani Haïdara estime que » nous devons faire preuve de discernement. Les centres d’intérêt du monde ont sensiblement évolué. Après l’Irak, Mouammar Kadhafi a été chassé du pouvoir en Libye et tué, le président Bachar de la Syrie résiste encore.
Au Mali, la France est intervenue pour chasser les groupes armés. Certes ils ont investi des moyens colossaux, ils ont aussi perdu des hommes. Tous ces efforts ne sont pas gratuits. Ils veulent quelque chose. Les vrais belligérants de la crise au nord ne sont pas forcément ceux qui nous ont combattus, ce ne sont pas ceux qui sont en face de nous. Revoyons donc notre approche et voir ce qu’il y a de mieux pour notre pays « .
Abdoulaye DIARRA
SOURCE: L’Indépendant
