Le 29 juin dernier, la Collection «L’âme de Chris Seydou» a connu un retentissant succès au défilé baptisé «Amare Fashion Show Marbella». C’était à Malaga, dans le sud de l’Espagne. Après trois ans de travail dans l’ombre, cet hommage à son idole (Seydou Doumbia dit Chris Seydou) a mis en exergue l’incontestable et l’incommensurable talent du jeune styliste. Diplômé en management des entreprises, celui que ses fans surnomment «le Yves Saint-Laurent malien» entend bien promouvoir le génie créateur africain au-delà des frontières du continent, à travers notamment ses «créations aux influences résolument cosmopolites».
Rendre un grand hommage à son idole à travers l’héritage qu’il a légué à la mode africaine : le bogolan ! Telle est la motivation de Cheick Oumar Kanté dit Papyvalerie qui a dédié une collection à Seydou Nourou Doumbia alias Chris Seydou : Collection «L’âme de Chris Seydou» !
Quoi de plus normal qu’un styliste en pleine ascension rende hommage à un doyen dont le parcours ne cesse de l’inspirer et de le fasciner. «On ne pourra jamais parler de mode africaine sans évoquer le nom de Chris Seydou», assène Cheick Oumar comme conviction. Et d’enchaîner, «Chris fut le premier à révéler la mode africaine au-delà du continent, spécialement le bogolan (étoffe traditionnelle du Mali) qu’il a fait découvrir au monde entier. Il a été aussi le premier créateur africain à oser habiller les citadins européens aux couleurs de l’Afrique…
Cet hommage est aussi la suite de longues recherches sur l’homme et son œuvre. «Parallèlement à mes études en stylisme, je suis en train de faire des recherches sur tout ce qui concerne la mode africaine, particulièrement le textile du continent noir. Et au cours de mes recherches, j’ai su que la vie, le parcours de Chris Seydou, précurseur de la mode africaine était inachevé. Il y manquait beaucoup de détails que nous ignorons. Il m’a fallu une approche globale pour m’en rendre compte», nous explique le jeune créateur de mode.
Le fan dit admirer chez l’idole «son audace, son imagination débordante, son réalisme et, enfin, sa créativité qui n’a jamais cessé de prouver que l’Afrique est une source d’inspiration intarissable». Et de poursuivre, «depuis mon enfance, certains de mes proches me voyaient comme l’incarnation de Chris Seydou dans la mesure où nos parcours sont similaires. Il a débuté à Bamako une carrière incertaine au départ… Puis, il est parti en Europe car, comme moi, il avait soif de découvrir, de maîtriser les codes fondamentaux du métier de styliste».
Le jeune prodige de la mode africaine rappelle aussi que «Chris Seydou avait le souci de se perfectionner en apprenant à dessiner, à patronner, puis à transformer. Rien ne l’arrêtait dans sa volonté d’atteindre ses objectifs. Il a de l’audace». Comme Chris, Papyvalerie est en train de se dessiner une prometteuse carrière au prix d’une farouche détermination d’écrire l’une des plus belles pages de l’histoire de la mode.
ORIGINALITÉ- «L’âme de Chris Seydou» est une collection qui se distingue par son élégance et son raffinement. «Elle met l’accent sur le bogolan, ce textile incontournable dans la mode africaine, tout en donnant une dimension architecturale à la coupe des tenues qui la compose. Il fallait sortir du cadre standard des coupes de bogolan qu’on voit tous les jours et aller au-delà avec une autre forme de représentation de ce textile. Et cela tout en restant fidèle aux coupes de ma ligne, Papyvalerie», explique le styliste.
«Vous verrez dans cette collection des corsets en forme de pavillon d’été ou en forme florale d’orchidée… C’est de l’architecture qui touche au corps», a-t-il tenu à préciser. Essentiellement constituée de bogolan, cette nouvelle collection est purement africaine dans son ensemble avec «juste une petite touche européenne». …Mais, ajoute Papyvalerie, «j’ai aussi utilisé du mikado qui est un tissu épais, avec un aspect brillant et un léger relief, très utilisé pour des robes structurées et pures. Tout comme de la tulle qui est aussi très léger et transparent. Ce qui lui donne un aspect aérien et vaporeux».
En dehors de sa volonté de rendre hommage à son idole, le jeune créateur de mode vise deux objectifs à travers cette collection qui a été accueillie par les critiques au-delà des attentes. «Primo, je tiens désormais à participer au développement économique et artisanal de mon pays d’origine, le Mali, en valorisant le travail de nos artisans. Secundo, je veux aussi conquérir l’Espagne, un pays où la mode africaine est un peu méconnue, contrairement à la France qui est un carrefour de cultures…», explique Papyvalerie. Et naturellement pour lui, emporter les couleurs de l’Afrique à Marbella a été «une immense satisfaction». Et cela d’autant plus que la région de Malaga est un carrefour de cultures…
«Faire découvrir l’élégance de cet incontournable textile africain qu’est le bogolan à toute l’Espagne est une démarche salutaire pour la mode africaine d’inspiration malienne», assure celui que les proches surnomment le «Yves Saint-Laurent malien».
«Je crois en la force de ce secteur. Et je crois vraiment au potentiel de l’industrie de la mode malienne ainsi qu’à la volonté de nous, ses jeunes acteurs, à diriger des entreprises et à bâtir leur succès ensemble», répond Papyvalerie évoquant son regard sur la mode malienne d’aujourd’hui.
«Il y a tant de ressources, tant d’esprits, tant de créativité au Mali qui constituent une énorme opportunité pour le développement du secteur de la mode qui doit être considéré comme une source d’emplois, d’épanouissement par la créativité et de contribution à la croissance économique du pays», ajoute-t-il. Et le styliste est convaincu que, mieux soutenue par une farouche volonté politique, la mode peut «énormément contribuer à l’émergence socioéconomique du Mali, voire de l’Afrique».
Et pour ce faire, comme Cheick Oumar vient de le démontrer avec «L’Âme de Chris Seydou», l’innovation doit être désormais le mot d’ordre pour des jeunes acteurs de la mode malienne. Quid d’un défilé Papyvalerie au Mali ! «Je l’ignore ! Peut-être dans un futur proche. Je réside en Espagne depuis 5 ans. Pour l’heure, je préfère me concentrer sur la conquête de l’Occident et du reste du monde. Mais, je ne saurais jamais oublier ce si beau pays qui m’a vu naître, le Mali», répond-t-il sans cacher que c’est une envie qui le ronge. C’est pourquoi ce futur pourrait pointer à l’horizon plus tôt qu’on ne l’imagine !
Source: L’Essor-Mali