Dans une récente interview accordée à notre confrère MALI-TRIBUNE, le fils aîné de feu Général Moussa Traoré, l’ancien président de la République du Mali, Cheick Boucadary Traoré a assuré que son parti, la Convergence africaine pour le renouveau (CAR Afriki Lakuraya) existe pour aller à la conquête du pouvoir. Sera-t-il dans la course pour accéder au palais de Koulouba dans quinze mois ? Rien n’est exclu.
A la question de savoir quels sont ses rapports avec les autorités de la Transition en cours, Cheick Boucadary Traoré dit Bouga se veut précis et rassurant. « Je suis en contact avec le président Bah NDaw, parce que je le connais très bien et j’ai eu des entretiens avec le vice-président Assimi Goïta. J’ai vu en eux des gens compétents et à l’écoute qui laissent leurs ambitions de côté pour aider le pays, à aller au changement », a-t-il indiqué.
Interrogé sur le récent renversement du pouvoir politique par les militaires, M. Traoré dira que pour lui, une bonne démocratie ne peut reposer que sur les forces de défense et de sécurité, mais des forces de sécurité modernes. « Regardez les grands pays du monde, la démocratie à travers le monde… Au Mali, qu’est-ce que nous avons fait depuis l’avènement de la démocratie, on a détruit nos forces de sécurité soit disant pour ne pas leur permettre de faire des coups d’Etat. Mais ces gens ont oublié qu’une vraie démocratie ne peut se reposer que sur un Etat de droit et la consolidation de notre nation. Mais quand l’Etat de droit est menacé, cela ne peut se reposer que sur la force de sécurité.
Vous avez vu ce qui s’est passé au Mali ces dernières années, on a détruit notre armée, on a détruit notre tissu social. Un moment, les Maliens ont dit assez et ont voulu qu’IBK quitte le pouvoir et l’armée a pris ses responsabilités en mains. Dans une vraie démocratie, un coup d’Etat peut ne pas être accepté, mais elle peut être une nécessité et tel a été le cas cette fois-ci au Mali », a-t-il déclaré.
Quid de ses rapports avec l’héritage politique de feu son père ? « J’ai toujours été un activiste et tout le monde me connait pour ça. J’ai un idéal et je ne vais pas le trahir. Je n’ai jamais milité à l’UDPM (NDLR, l’ancien parti unique sous feu son père le président Moussa Traoré). Ce que je sais par contre, c’est que l’héritage social de mon père m’appartient, car je suis son fils, son sang coule dans mes veines. Comme j’ai l’habitude de le dire, on ne choisit pas son parent, comme les parents ne choisissent pas un enfant. Je suis fier de mon père, je suis fier d’être son fils, sauf qu’il y a des différences politiques entre nous. S’il y avait à refaire, je ne changerais rien à cela. Je ne vais pas suivre quelqu’un parce qu’il se réclame du régime de Moussa Traoré et de sa philosophie politique », a-t-il expliqué..
Avant d’ajouter qu’on ne l’a jamais consulté pour la création du MPR (Mouvement populaire pour le renouveau, parti de Dr Choguel Kokalla Maïga, qui a revendiqué l’héritage politique de Moussa Traoré) et jusqu’à aujourd’hui, on ne l’a pas consulté. « Nous, nous avons créé un parti politique tel qu’on n’a jamais vu dans l’histoire du Mali : la Convergence Africaine pour le Renouveau (CAR) dont je suis le président. C’est le seul parti jusque-là qui demande à ce que les politiques de gouvernement soient mieux harmonisées, que les gouvernements soient liés à nos cultures, à notre identité. Depuis la création du Mali, aucun parti n’a été créé comme tel », a-t-il déclaré.
Le leader de la CAR Afriki Lakuraya sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle? Cheick Boucadary Traoré rappelle qu’en 2013, il a été mis en minorité quand il avait demandé au parti de ne pas aller à la présidentielle. « Je ne peux pas m’exprimer sur cette question car nous sommes en train de redynamiser le parti. Dans les mois à venir, nous serons partout dans les différentes communautés. Après, il y aura un congrès pour savoir d’abord en tant que parti, si nous allons à la recherche du pouvoir ou bien continuer avec nos autres activités. Une chose est sûre, notre parti existe pour aller à la conquête du pouvoir », a-t-il expliqué. Dès lors, on peut se demander si l’on va assister bientôt au réveil du…lion de Sébétou.
Concernant le chantier de la révision constitutionnelle, Cheick Boucadary Traoré souhaite un passage à la quatrième République, mais pour cela, il faut prendre du temps. « Ce n’est pas à la transition, mais au Président élu et au peuple malien de revoir la Constitution. Si cela doit prendre deux ans, qu’il en soit ainsi, mais nous voulons cette fois-ci que nos politiques de gouvernance soient liées à nos traditions. Pour cela, même s’il faut aller dans chaque village et traduire les textes dans toutes les langues afin que chacun comprenne, il faut le faire », a-t-il analysé.
Rappelons que Cheick Boukadary Traoré est le fils aîné de feu l’ex-président de la République, le Général Moussa Traoré (GMT). Il est né à Kayes en 1962 et a passé les premières années de son enfance à Sébétou, le village de son grand-père. Il a fait ses études primaires à l’école Plateau II, à Kayes ensuite à Bamako. Il a quitté le Mali en 1983 avec une bourse du gouvernement canadien, pour le Canada où il a fait son premier cycle universitaire avant de poursuivre ses études aux États-Unis. Il est diplômé d’un DEC en administration générale et d’un Master en Business administration. Cheick Boucadry Traoré a été recruté par le cabinet Vallot International Consultants en 1992 en tant que Consultant et Conseiller principal en investissements. Dans ses fonctions, il a aidé 7 gouvernements africains et des entreprises étrangers à établir des partenariats privés, en matière commerciale et financière et à nouer des contacts politiques aux États-Unis. Au sein de la société Automated Research Systems (ARS), il a occupé les fonctions de responsable commercial et vice-président chargé du Département des relations internationales. Depuis quelques années, il est établi à son compte. Il est fondateur et Directeur général de Tanex Corporation (Tanexco) une société d’ingénierie financière. Pour Mali-Tribune, il revient sur ses convictions et ses ambitions pour le Mali.
Bruno Djito SEGBEDJI
Source : Mali Horizon