Luanda a lancé, au début du mois, une vaste opération de lutte contre l’immigration clandestine. Une opération dénommée « expatriado », arrêtant et renvoyant vers leurs pays 380 000 migrants clandestins, pour la plupart originaires de la République démocratique du Congo voisin. Mais parmi eux, se trouvent également des ressortissants maliens qui témoignent des « cas d’emprisonnement suivis de pires formes de maltraitance et d’humiliation ». Pour l’instant, difficile d’avoir des chiffres officiels sur le nombre de Maliens victimes. Une certitude : de centaines d’immigrants ont en danger de mort en Angola.
Les autorités angolaises ont lancé depuis le début du mois d’octobre une opération de lutte contre l’immigration clandestine qui a entraîné des expulsions de masse. Cette opération de lutte contre l’immigration clandestine s’apparente à une véritable traque aux migrants, constatent les organisations de défense des droits humains. Selon le porte-parole du gouvernement angolais, Armando Cipema, cette opération vise à « expulser tous les immigrés en situation irrégulière en Angola : « les étrangers en situation irrégulière, notamment dans les maisons d’achat de diamants ». Les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation de 800 personnes, dont des Congolais, des Libanais, des Maliens et des Nigérians, a annoncé le porte-parole de l’opération, Antonio Bernardo. Elles ont aussi saisi quelque 3 000 diamants, 150 véhicules et plus de 80 000 dollars (environ 70 000 euros). Mais selon certains Maliens, joints par nos confrères de studio Tamani, ces opérations d’expulsion qui ont débuté dans les zones minières et se déroulent maintenant dans toutes les villes du pays. Et concernent toutes les nationalités y compris les Maliens, qui sont parmi les plus nombreux. « Cela fait des jours que nous ne pouvons plus sortir pour aller au boulot par peur de nous faire arrêter», explique un ressortissant malien sur place. Selon lui, cette opération qui ne devrait concerner que les sans-papiers, est aussi menée par les forces de l’ordre angolaises contre ceux qui sont en situation régulière. L’objectif, selon l’interlocuteur, est de soutirer de l’argent aux migrants. « Une fois entre les mains des autorités angolaises, il faut payer de l’argent ou partir en prison », témoignent certains migrants maliens, avant de confirmer que plusieurs d’entre eux sont actuellement en prison. Et ont l’impression d’être « laissés pour compte par les autorités maliennes ». Selon le ministère des Maliens de l’extérieur, ils sont une trentaine de Maliens détenus en prison par les autorités angolaises, des mesures sont prises pour leur rapatriement.
Un autre ressortissant malien clame son désarroi sur les réseaux sociaux : « Aujourd’hui pour un aventurier, c’est comme vivre en enfer du fait des autorités aussi bien que de la population angolaise… Tous les jours, du matin au soir, c’est la chasse à l’homme. Nous sommes arrêtés, dépossédés de nos biens sous prétexte que nous sommes venus les mains vides. Les personnes ainsi embastillées restent au gnouf jusqu’à ce qu’elles s’acquittent d’amendes pour tout le temps passé sur les terres angolaises. Si par malheur si tu n’as ni parents, ni proches qui te viennent en aide, tu meurs en prison sans autre forme de procès ».
La RDC particulièrement touchée
Des ressortissants de la République démocratique du Congolais ont payé un lourd tribu a cette opération, Hommes, femmes et enfants, très jeunes ou très âgés, ont au moins une dizaine ont perdu la vie en tentant de résister aux autorités policières chargées de l’exécution du plan d’expulsion. L’ONU a estimé, le mercredi dernier, à plus de 250 000, le nombre de personnes de nationalité RD-congolaise chassées d’Angola vers le Congo depuis la fin du mois d’octobre, de l’ultimatum lancé par le gouvernement de Luanda. Parmi elles, des milliers de réfugiés ayant fui la guerre dans le Kasaï en RDC, selon le Haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) des Nations-Unis qui parle de 35 000 réfugiés venus du Kasaï en 2017. Les autorités angolaises ont affirmé qu’environ 380.000 migrants clandestins, pour la plupart originaires de la RDC voisine, avaient quitté l’Angola en moins d’un mois au terme de l’opération “Transparence” de lutte contre le trafic de diamants.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube