Le ministre de la Santé et de l’hygiène publique le Professeur Samba Sow envisage « une refondation du système de santé ». Pointant du doigt la gouvernance dans certaines structures, le ministre vient d’entreprendre des changements à la tête de plusieurs hôpitaux publics. Plusieurs acteurs espèrent en tout cas que ces nouvelles nominations aboutiront à une amélioration de la qualité des soins.
L’hôpital Gabriel Touré, celui du point G, de Kati, l’hôpital du Mali sont parmi les structures concernées par ces changements de direction. Des changements censés apporter un renouveau et une meilleure gestion dans des structures qui jouent un rôle central dans la santé du public.
Mauvais accueil des malades, insalubrité, manque de professionnalisme de certains agents, la liste des maux qui minent les structures sanitaires au Mali est longue. Pour y remédier, le nouveau responsable du département mise sur une réforme du système. Mais cette réforme qui n’est pas qu’institutionnelle, concerne aussi la gestion des structures. En effet, à plusieurs reprises, le ministre a déploré, le mauvais entretien des lieux et la qualité de l’accueil réservé aux patients, toutes choses qui ne contribuent nullement à la santé de ces derniers. Au centre du système sanitaire, les usagers sont souvent laissés pour compte, regrette M. Badou Samounou, président du Regroupement des Consommateurs Maliens (REDECOMA). « L’accueil laisse à désirer, la gestion des médicaments et les prescriptions dont les malades n’ont souvent pas besoin, sont des problèmes. », note M. Samounou. Le malade qui doit être au centre de tout, parce que sa prise en charge est la raison d’être de l’hôpital « est souvent maltraité. » Déplorant l’appât du gain, il estime que « l’hôpital n’est pas un lieu où l’on doit faire la spéculation. Il faut que les agents respectent le serment d’Hippocrate. » Mais la qualité qui doit être l’objectif recherché, ne peut être obtenue qu’avec la bonne gouvernance et un renouveau, selon M. Samounou.
Changer la gouvernance
Si elle peut être nécessaire, « chaque réforme doit permettre aux décideurs de savoir ce qu’il y a lieu de faire », note M. Adama Traoré, chargé de communication à l’hôpital Gabriel Touré. Il estime cependant, qu’il faut faire une évaluation du système en vigueur, en mesurer les effets et se projeter dans le futur. La réforme doit, selon lui, viser la qualité des soins mais aussi le changement de comportement. La réforme qui ne doit pas seulement être un changement des hommes, doit enregistrer l’adhésion des praticiens afin qu’elle ait des effets positifs escomptés, suggère M. Traoré qui ajoute que les usagers sont partie prenante du système et doivent aussi être impliqués afin qu’ils comprennent les enjeux et qu’ils donnent leur avis par rapport à la qualité des soins en question.
Saluant ces décisions de changement M. Djimé Kanté, porte-parole de la section syndicale de l’hôpital Gabriel Touré précise que cet hôpital connaît plusieurs difficultés dont la principale est la gouvernance. « J’ai toujours décrié la mauvaise gouvernance hospitalière qui a atteint des proportions inquiétantes. » Ce qui a conduit à un laisser-aller généralisé entraînant la détérioration des conditions d’accueil des malades, des équipements en panne, des conditions d’hygiène déplorables malgré les investissements, ce qui démontre un manque de suivi, selon cet acteur.
Cependant, la réforme envisagée, « va créer plus de problèmes que de solutions », note M. Kanté. Il en veut pour preuve, la transformation de l’hôpital Gabriel Touré en hôpital d’urgence et de stabilisation, mais avec l’absence de certains services et sans laboratoire, avec seulement un centre de prélèvement. Des problèmes techniques dont il faut tenir compte, car la question de santé est une question nationale, où il faut impliquer davantage d’acteurs, comme les praticiens, les usagers, conclut M. Kanté.
Journal du mali