Après la qualification des Aigles locaux pour la phase finale du Championnat d’Afrique des nations prévu l’année prochaine au Cameroun, le sélectionneur national revient ici sur la campagne et affiche
son optimisme pour la suite des événements
L’Essor : Les Aigles se sont qualifiés pour la phase finale. Peut-on dire que vous êtes un homme heureux ?
Nouhoum Diané : Oui, je suis très heureux après cette qualification du Mali. Ce n’était pas évident, il y avait une grande pression, mais les joueurs ont répondu présent. Je félicite toute l’équipe, ainsi que les supporters qui ont joué pleinement leur rôle. Sur l’ensemble des deux matches, les jeunes ont maîtrisé le sujet et méritaient la qualification. Maintenant, le travail ne fait que commencer et le plus dur est à venir, à savoir la phase finale du CHAN.
L’Essor : Après le nul 0-0 de la manche aller en Mauritanie, nombre de supporters craignaient le match piège. Est-ce que vous étiez confiant avant la rencontre ?
Nouhoum Diané : Bien sûr que j’étais confiant. C’est vrai qu’on avait des problèmes, mais malgré tout j’étais confiant. Je n’ai pas douté un seul instant de la capacité des jeunes à se qualifier. Depuis le début de la campagne, nous nous sommes fixés un seul objectif, à savoir la qualification pour la phase finale. Le premier tour contre la Guinée-Bissau a été relativement facile (7-0 sur l’ensemble des deux matches, ndlr) et on savait qu’il fallait hausser le niveau de notre jeu contre la Mauritanie pour atteindre notre objectif. C’est ce qu’ont fait les enfants.
L’Essor : Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence, dimanche pour ce deuxième acte ?
Nouhoum Diané : Je pense que nous avons maîtrisé le jeu techniquement, nous avons été supérieurs à l’adversaire dans tous les domaines. Pour moi, le score de 2-0 est flatteur pour la Mauritanie parce que nous aurions pu gagner par 4, voire 5-0, tant les occasions ont été nombreuses. Rien qu’en première période, l’équipe pouvait marquer au moins 2 buts et tuer le suspense. Mais le plus important, c’était la qualification et nous l’avons eu. Je suis content pour mes joueurs qui ont prouvé que le football malien a sa place dans l’élite africaine.
L’Essor : Pour la première fois de votre carrière d’entraîneur vous allez participer à un Championnat d’Afrique des nations. Quel sera votre objectif ?
Nouhoum Diané : Mon objectif, c’est faire un bon Championnat d’Afrique des nations. J’ai déjà participé à une phase finale mais au niveau inférieur. Cette première expérience n’a pas marché et j’espère que les choses seront différentes cette fois. En tout cas, j’ai beaucoup appris de l’échec de 2011 avec la sélection nationale cadette (CAN U17, ndlr) et je mettrai tout en œuvre pour faire mieux pour cette deuxième campagne africaine. De toute façon, chaque compétition a ses réalités et entre 2011 à cette année, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Je suis optimiste pour la suite des événements, tout en étant conscient que le défi à relever sera plus grand lors de la phase finale du CHAN.
L’Essor : On sait que la phase finale se disputera en 2020 au Cameroun, mais pour le moment, aucune date n’a été fixée par la Confédération africaine de football (CAF). Cela ne risque-t-il pas d’avoir des répercussions sur la préparation des équipes ?
Nouhoum Diané : Pour ce qui nous concerne, je ne le pense pas. Comme les autres pays qualifiés, nous allons attendre tranquillement le tirage au sort des poules et la communication du calendrier de la phase finale. Il faut se préparer à toutes les éventualités, parce que le problème de calendrier va toujours se poser. Heureusement que le CHAN se dispute seulement avec les joueurs évoluant dans les championnats nationaux et qu’on n’a pas besoin de faire appel aux expatriés.
L’Essor : Après la rencontre contre la Mauritanie, vous avez dit que vos collègues entraîneurs vous ont aidé à préparer le match. Concrètement, qu’est-ce qu’ils ont fait pour vous et comment les joueurs ont accueilli ce coup de main de vos collègues ?
Nouhoum Diané : Mes collègues m’ont aidé pendant toute la préparation. Non seulement ils venaient à Kabala assister aux séances d’entraînement de l’équipe, mais après les séances, on organisait également des séances de travail. Ils m’ont prodigué beaucoup de conseils et les joueurs qui connaissent tous ces entraîneurs, étaient très heureux de leur présence à nos côtés. J’adresse mes sincères remerciements à l’ensemble des techniciens qui m’ont accompagné pendant cette campagne et je compte sur eux pour la préparation de l’équipe pour la phase finale.
L’Essor : Cette qualification des Aigles locaux intervient après l’échec au tournoi UFOA. Peut-on parler de rachat pour l’équipe ?
Nouhoum Diané : Pour nous, le tournoi UFOA devait servir de préparation pour l’équipe dans la perspective du dernier tour éliminatoire du CHAN. Nous n’avons pas fait de fixation sur le tournoi UFOA, notre objectif était simplement de faire un parcours honorable et l’équipe l’a fait, en se hissant en demi-finales (défaite 2-0, face au Sénégal, futur vainqueur du tournoi). Pour moi, le bilan n’est pas négatif, même si nous aurions aimé remporter le trophée. Il a manqué un petit quelque chose à l’équipe, lors de ce tournoi et en plus, beaucoup de joueurs se sont blessés avant la demi-finale.
L’Essor : Depuis quelques temps, beaucoup de pays africains optent pour la promotion des entraîneurs locaux. Quels commentaires vous inspire cette politique des instances sportives du continent ?
Nouhoum Diané : Pour moi, c’est une très bonne chose. Le football évolue et l’Afrique ne doit et ne peut rester en marge de cette évolution. Je n’ai rien contre les techniciens étrangers, mais je pense que l’Afrique regorge aujourd’hui de suffisamment de compétences pour faire progresser son football. Si l’Afrique ne valorise pas les entraîneurs du continent, qui le fera à sa place ? Nous ne devons plus avoir de complexe sur ce plan, les joueurs africains sont présents dans tous les grands championnats du monde et nous devons montrer aux autres que nous avons des ambitions. La dernière CAN a été remportée par un technicien africain, à savoir Djamel Belmady qui a affronté en finale le Sénégal également dirigé par un entraîneur du continent, Aliou Cissé. Il faut qu’on évolue et qu’on ait confiance en nous-mêmes.
L’Essor : Tout technicien rêve de devenir un jour sélectionneur de son pays. Pensez-vous que la sélection nationale locale peut vous conduire à l’équipe A dans les années à venir ? Est-ce que vous y pensez déjà ?
Nouhoum Diané : Il faut être ambitieux parce qu’on ne sait jamais ce que Dieu nous réserve. Comme vous l’avez dit, tous les techniciens du monde rêvent de devenir un jour sélectionneur de leur pays. Pour moi, cette question ne se pose pas, mais personnellement, je n’aime pas brûler les étapes. Pour le moment, je me concentre sur la sélection nationale locale dont j’ai la charge. J’ai une échéance importante, à savoir la phase finale du CHAN et c’est seulement après cette compétition qu’on peut faire des projections. Comme vous le savez, en football les choses vont vite et la vie d’un entraîneur dépend toujours des résultats. J’espère que la phase finale du CHAN va bien se passer pour le Mali et après, on verra.
Interview réalisée par
Djènèba
BAGAYOKO
Source: L’Essor-Mali