Ils sont ministres, directeurs nationaux et généraux, chefs de services. Ils passent tout leur temps à profiter de la République dans de grosses voitures et dans des bureaux climatisés, à la douleur de l’Etat. Ils ne servent ni le pays ni le Président de la République, encore moins le peuple. Ils ne tiennent leurs postes que par des arrangements sociaux, politiques et politiciens. Ils se servent allègrement de la République et des deniers publics. Votre hebdomadaire de référence a décidé de les démasquer en leur consacrant désormais une rubrique: Ces gouvernants qui se servent de la République. Le second numéro de cette rubrique est consacré à juste titre au ministre de l’Elevage et de la Pêche, Ly Taher Dravé.
Sortie du néant pour se retrouver ministre, Mme Ly Taher Dravé peine à porter le boubou de ministre de l’Elevage et de la Pêche. Elle est assurément l’erreur de casting du Gouvernement Abdoulaye Idrissa Maïga. En effet, son apprentissage du fonctionnement de la haute administration d’Etat est plus pénible. Comme un top modèle, devant les caméras, elle passe son temps à sourire, cherchant les mots, tel un élève de la 6e année fondamentale. Selon nos informations, notre ministre de l’Elevage et de la Pêche n’aurait pas les compétences techniques requises pour occuper la fonction de ministre, au point quelle se perd très souvent dans ses prises de décisions. Ly Taher Dravé serait même incapable de mobiliser les ressources inscrites dans le budget de son département pour le faire fonctionner. C’est ce qui expliquerait la léthargie dans laquelle se trouve le ministère de l’Elevage et de la Pêche depuis l’arrivée de Mme Ly à ce poste. Bombardée ministre, on ne sait par quel canal, Taher Dravé peine à faire marcher son département. Il y a quelques jours, un acteur de la filière bétail viande nous confessait que «c’est l’une des mauvaises ministres que le sous-secteur ait connue. Elle ne connait rien de l’élevage ; elle se demande même quoi faire». Dans ces conditions, comment peut-elle faire fonctionner son département ? Son inexpérience de la haute administration publique crève l’œil au quotidien.
Troisième contributeur aux recettes d’exportations du Mali après l’or et le coton, le sous-secteur élevage est aujourd’hui à l’agonie, faute d’initiatives porteuses. En effet, l’élevage constitue 80% des revenus des pasteurs et 18% pour les agropasteurs. Il est également la principale source de revenus pour plus de 30% de la population malienne. Avec 11 millions de bovins et 36 millions d’ovins/caprins, le Mali occupe le 1er rang des pays d’élevage dans l’espace UEMOA et le 2e rang dans la CEDEAO, derrière le Nigéria. Nonobstant ces potentialités, notre ministre manque d’initiatives pour booster le sous-secteur dont les acteurs sont assaillis par des problèmes. Lesquels semblent dépasser notre top modèle. Ly Taher Dravé n’arrive pas à donner espoir au monde de l’élevage et de la pêche. Depuis son arrivée, il n’y a eu aucune initiative nouvelle. Elle est toujours dans les visites de terrain pendant que ses collègues du gouvernement révolutionnent leurs secteurs.
Les nombreuses difficultés auxquelles le sous-secteur de l’élevage est confronté au Mali ont fini par conduire la Fédération nationale des groupements interprofessionnels de la filière bétail-viande (FEBEVIM) à déclencher une grève de 72 heures, du vendredi 13 au dimanche 15 octobre dernier. Cela, à la suite de plusieurs rencontres infructueuses et l’échec des négociations avec la ministre qui, manifestement, n’a pas pu faire des propositions probantes. Pourtant, aujourd’hui, les éleveurs ne demandent que l’application stricte de la loi sur la Charte pastorale au Mali, leur implication dans la prise des décisions les concernant et la résolution définitive du problème entre éleveurs et agriculteurs, notamment à Filamana.
Youssouf Bamey