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Centre du Nigeria : affrontements toujours en cours, plus de 3 000 déplacés

Plus de 3 000 personnes ont été déplacées cette semaine dans le centre du Nigeria à cause d’affrontements, toujours en cours jeudi après-midi, entre agriculteurs et éleveurs qui ont fait au moins 85 morts, selon les autorités et des sources locales.

Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs villages dans le district de Mangu (Etat de Plateau), ont été la cible de raids par des hommes armés, après deux semaines de tensions résultant du meurtre d’un fermier suivi d’actes de réprésailles entre communautés.

Après cette attaque  « 85 corps ont été retrouvés », a déclaré à l’AFP Joseph Gwankat, le représentant de ces villages, et « 57 blessés ont été hospitalisés ».

Ce bilan a été confirmé à l’AFP par le représentant du district de Mangu, Daput Minister Daniel.

Jeudi matin, la police avait affirmé que les forces de sécurité avaient été déployées et la calme revenu. Mais selon des sources locales, contactées par l’AFP, ainsi que le député de Mangu à l’Assemblée locale de l’Etat de Plateau, des affrontements étaient toujours en cours dans l’après-midi.

« A l’heure où je vous parle, il y a encore des communautés qui sont attaquées (…) Il y a deux heures encore il y avait des coups de feu, les gens sont en train de fuir pour leur vie », a déclaré le député local Solomon Maren.

Les régions du nord-ouest et du centre du Nigeria sont régulièrement le théâtre de tensions et affrontements meurtriers autour de l’exploitation de la terre et des ressources en eau entre communautés, aggravés par la pression démographique et le changement climatique.

L’enchaînement de meurtres suivis d’actes de représailles a donné naissance dans la région à une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions ciblées dans des villages.

Selon l’Agence de gestion des urgences au Nigeria (Nema), des milliers de personnes ont été déplacées et plus de 700 maisons endommagées ou détruites depuis le début des affrontements.

« Nous avons au total 3.683 personnes déplacées », a déclaré à l’AFP le coordinateur régional de Nema, Eugene Nyelong, affirmant qu’une assistance humanitaire était en cours d’acheminement.

L’organisation de défense des droits humains Amnesty International au Nigeria a condamné ces violences.

– La guerre de la terre –

« Ces attaques déplorables ont eu lieu à un moment où les communautés agricoles de Mangu étaient en train de cultiver leurs terres et témoignent d’un mépris total pour la vie humaine », a tweeté Amnesty Nigeria.

« Les autorités nigérianes doivent faire davantage pour protéger la population et traduire en justice les auteurs de ces attaques ».

Le mois dernier, près de 50 personnes ont été tuées lorsque des hommes armés ont attaqué un village dans l’État voisin de Benue, lors de violences que les autorités locales ont imputées à des éleveurs.

Depuis des années, une âpre compétition pour les ressources naturelles oppose éleveurs transhumants et agriculteurs sédentaires dans le Centre et le Nord-Ouest du Nigeria, les seconds accusant les premiers de saccager leurs terres avec leur bétail.

Aggravées par le changement climatique et l’explosion démographique dans ce pays de 215 millions d’habitants, les violences sporadiques ont débouché sur une grave crise sécuritaire, entre attaques de bandits lourdement armés et représailles sans fin entre communautés, mais aussi humanitaire.

Le nouveau président du Nigeria, Bola Tinubu, qui prendra à la fin du mois la tête du pays le plus peuplé d’Afrique et première économie du continent, est confronté à de multiples défis en matière de sécurité.

L’armée lutte contre une insurrection jihadiste vieille de 14 ans dans le nord-est, contre des groupes séparatistes dans le sud-est, contre la piraterie dans le golfe de Guinée et contre les enlèvements perpétrés par des criminels armés dans tout le pays. Les forces de sécurité sont elle-même régulièrement accusées de graves violations des droits humains.

La violence a augmenté ces dernières semaines après une brève période de calme durant les élections présidentielle, législatives et locales de février et mars.

AFP

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