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Centrafrique: les Séléka acceptent d’être cantonnés dans Sibut

Les ex-rebelles Séléka dont le regroupement dans Sibut, ville clé au nord de Bangui, pouvait fragiliser le nouveau pouvoir centrafricain ont accepté samedi d’être cantonnés par la force africaine en Centrafrique (Misca), arrivée avec l’appui des soldats français.

CENTRAFRICA-UNREST

 

« Les Séléka, au nombre de 200 environ, ont accepté d’être cantonnés dans la ville, après des négociations entamées ce matin », a déclaré sur place le colonel gabonais Marcel Tsoumou, chef du détachement de la Misca, à un journaliste de l’AFP.

Le colonel gabonais a rencontré le chef du contingent français en Centrafrique, le général Francisco Soriano, dans l’après-midi, sur la position française à l’entrée sud de Sibut (180 km au nord de Bangui).

« La Misca va s’installer ici », a expliqué le général. « Nous les appuyons avec nos moyens qu’ils n’ont pas: notre puissance de feu, la reconnaissance aérienne ».

La situation à l’entrée de la ville était calme. « On n’a aucun souci », a dit le capitaine Eric (l’armée française demande que les noms des soldats en opération ne soient pas cités).

Cet officier appartient à la compagnie française partie avec la Misca de Bangui vendredi matin, blindés Sagaie et mortiers de 120 mm à l’appui, après l’annonce de l’arrivée des ex-rebelles dans Sibut.

« Au moment où je vous parle, la Misca a pris le contrôle de Sibut », avait déclaré à la mi-journée son commmandant, le général Tumenta Chomu, à la radio publique centrafricaine.

Les ex-rebelles, abandonnés par leurs généraux, ne semblaient pas vraiment belliqueux. « Nous sommes prêts à déposer les armes mais ça dépend des conditions », avait déclaré à l’AFP dans la matinée un colonel Séléka se trouvant à Sibut, Abdelkader Djelani.

Des habitants cachés en brousse depuis l’arrivée de la Séléka se sont réfugiés près des soldats français. « On va d’abord aller dans nos champs, et si c’est calme, dans nos maisons. Les Seléka ont été très violents avec nous », a déclaré l’un d’eux, Innocent.

La présidente centrafricaine Catherine Samba Panza avait accusé vendredi ce groupe de rebelles de vouloir la « déstabiliser », 10 jours seulement après avoir succédé à Michel Djotodia.

Arrivé au pouvoir à Bangui en mars 2013 à la tête de la Séléka, M. Djotodia avait été forcé à démissionner début janvier pour ne pas avoir su empêcher son pays de sombrer dans le chaos.

« Velléités de sécession »

En décembre, un ancien proche de M. Djotodia, Abakar Sabone, avait défrayé la chronique en proposant une partition du pays, en proie à des violences sans précédent entre chrétiens et musulmans.

Chrétienne à 80%, la Centrafrique compte une minorité musulmane à laquelle appartiennent la plupart des membres de l’ex-Séléka, venus du nord. Aux exactions de la Séléka lorsqu’elle était au pouvoir, les chrétiens ont répondu par les vengeances de leurs milices, les « anti-balaka ».

Après le départ de l’ex-président Djotodia, les combattants Séléka ont été évacués des divers camps qu’ils occupaient dans Bangui et regroupés à la sortie nord de la capitale.

Mais beaucoup ont fui avec armes et bagages, sillonnant désormais les routes de province sans contrôle et cherchant à se regrouper.

S’ils sont de 1.500 à 2.000 à Bangui, il est difficile de déterminer le nombre d’hommes en armes en province où plusieurs villes ont été désertées par leurs habitants, comme Bocaranga (nord-ouest).

La capitale toujours explosive

Dans Bangui, la situation reste explosive avec des violences opposant anti-balaka et civils musulmans armés aidés par des combattants Séléka, sur fond de pillages.

Samedi matin encore, un ex-Séléka a été lynché par une foule et son cadavre brûlé au centre-ville, selon des témoins.

La veille, la Croix-rouge avait déclaré avoir ramassé « 30 tués et 60 blessés » en trois jours dans la capitale.

A Addis Abeba, les dirigeants africains, réunis pour discuter du financement de la Misca, n’ont pas caché samedi leur inquiétude face à une situation qui peut « avoir de graves conséquences sur la sécurité et la stabilité régionales », selon le Commissaire à la Paix et la Sécurité de l’Union africaine (UA), Smail Chergui.

Aucune décision majeure n’est attendue, mais les participants, s’ils n’ont pas annoncé de renforts militaires, ont promis 315 millions de dollars (233 millions d’euros) à la Misca. L’UA estime qu’il faut 410 millions pour financer la Misca pendant une année supplémentaire.

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