Le nouvel homme fort de la Centrafrique, Michel Djotodia, a ordonné la création samedi d’un Conseil supérieur de transition, qui devrait désigner un nouveau président, première étape de taille dans l’ère post-Bozizé.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des troubles ont de nouveau éclaté dans un quartier de Bangui. De nombreux tirs ont été entendus malgré un couvre-feu et se sont prolongés dans le centre-ville samedi.
Dans la matinée, les nouvelles autorités ont annoncé la création de la nouvelle institution de transition, conformément aux recommandations des chefs d’Etat d’Afrique centrale réunis en sommet à N’Djamena mercredi.
« Il est créé un organe constituant et législatif dénommé Conseil supérieur de transition (CST) », selon les termes d’une ordonnance signée par Michel Djotodia.
Le CST, selon le document, « a pour mission d’élire le président de la République pour un mandat de 18 mois, rédiger un avant-projet de Constitution à soumettre au peuple par voie de référendum, et assumer les prérogatives législatives ordinairement dévolues à un organe législatif ».
Au total, le Conseil sera composé de 97 membres, dont 20 qui représenteront les partis politiques avec notamment neuf sièges pour l’ex-opposition démocratique, six pour l’ex-majorité présidentielle et cinq pour d’autres partis.
Dix sièges reviennent à la coalition rebelle Séléka au pouvoir, les autres étant occupés entre autres par des représentants de la société civile, des confessions religieuses, des syndicats ou encore de la magistrature.
Le mode de fonctionnement du CST n’a pas encore été défini mais il devra composer un bureau de 6 membres comprenant un Président et un vice-Président.
Les divers partis politiques représentés dans le nouveau conseil vont maintenant devoir désigner les membres qui les représenteront.
Djotodia toujours au centre du jeu
Le nouveau gouvernement centrafricain, formé il y a une semaine par le Premier ministre reconduit Nicolas Tiangaye, ne devrait pas être dissous, a-t-on appris de source proche du gouvernement.
La rébellion Séléka avait renversé le 24 mars le président centrafricain François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans, et qui s’est réfugié au Cameroun voisin.
Puis le 30 mars, M. Djotodia s’était autoproclamé président en annonçant qu’il « remettrait le pouvoir » en 2016, au terme d’une transition de trois ans.
Mais le président du Tchad, Idriss Deby Itno, très influent en Centrafrique, avait refusé mercredi « de reconnaître un président autoproclamé ».
Les nouvelles dispositions pour la transition pourraient cependant permettre à M. Djotodia de rester au centre du jeu s’il devenait le président désigné, des élections n’étant prévues qu’en 2015.
Pour un ancien proche du régime Bozizé ayant requis l’anonymat, le « Séléka a gagné et on ne peut pas le faire disparaître comme ça ».
Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU vendredi, plus de 35.000 Centrafricains se sont réfugiés dans le nord de la République Démocratique du Congo depuis le début de la crise en Centrafrique.
Dans l’arrière-pays centrafricain, des scènes de vols sont régulièrement rapportées dans des villes de l’ouest, tandis que le Séléka mène une offensive depuis plusieurs jours contre le groupe rebelle dissident du Front démocratique du peuple centrafricain d’Abdoulaye Miskine dans le nord-ouest, à la frontière camerounaise.
Dans la localité de Berberati (nord-ouest), les populations ont manifesté vendredi contre ces pillages avant d’être dispersées par le Séléka, a-t-on appris auprès d’un Banguissois qui a joint ses proches sur place.