Dans le cadre du bilan des cent jours de Soumeylou Boubèye Maïga, on a ouvert nos colonnes à la classe politique (opposition et majorité) afin qu’elle donne ses impressions. Selon les responsables des partis de l’opposition, le bilan des cent jours de l’actuel locataire de la primature est plus que mitigé. Les responsables des partis de la majorité présidentielles, quand à eux, trouvent le bilan du Premier ministre, qui est issu de leur rang, très satisfaisant. Lisez !
* Honorable Mody N’Diaye, président du groupe VRD et vice-président de l’URD : ‘’ Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est en train de travailler de façon illégale’’
En réalité, en tant que député, je considère que pendant ces 100 jours, il a fait sans la caution du parlement. Ce qu’il devrait faire c’est d’amener sa déclaration de politique générale. C’est une insulte en démocratie de faire cent jours sans la déclaration de politique générale. C’est la déclaration de politique générale qui nous amène à légitimer le gouvernement. Il ne peut pas se mettre au travail en disant partout qu’il est en train d’exécuter un truc du président sans avoir l’aval de l’Assemblée Nationale. Mais c’est la démocratie, c’est la séparation des pouvoirs. Il est en train de travailler de façon illégale. Il est en train de faire de la communication politique uniquement sinon, il n’y a rien. Pour qu’ils commencent à travailler, il faut qu’ils viennent nous détailler leur politique, si nous sommes d’accord avec ça, ils vont travailler. S’ils ne le font pas qu’est-ce que vous voulez qu’on dise. Nous sommes en train de mener certaines activités que les gens vont découvrir bientôt.
* Ousmane Ben Fana Traoré, Président du PCR : « C’est un homme qui est entrain de poser des actes aujourd’hui »
En regardant déjà, en tant que homme politique, le Premier ministre a fait ses 100 jours aux pas de charge. Je sens qu’il est complètement dans l’action et cela est visible. Quand on voit tout ce qu’il a réussi, tout patriote aujourd’hui ne peut qu’avoir l’unanimité autour de cela. C’est le fait d’avoir pu aller à Tessalit, Kidal, un peu le centre, le plateau Dogon. C’est un acte extrêmement fort par rapport aux avancées de la paix et la réconciliation dans le pays. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui ont critiqué cela. Quel que soit la situation, c’est un pas à ce niveau. On ne peut pas l’occulter. Au-delà aussi, je me suis rendu compte qu’il a mis toute la classe politique à l’aise. Parce qu’il a rencontré la majorité et l’opposition. Sa porte est ouverte, il est allé directement sur la relecture aussi de notre loi électorale pour qu’on aille vers les élections apaisées, crédibles et sincères. Il est ouvert au dialogue parce qu’il a une connaissance réelle de la classe politique nationale, surtout qu’il était là à la naissance de la démocratie. Donc, il a une connaissance profonde de la classe politique qu’il utilise aussi pour le bien du Président de la République, pour renforcer les pouvoirs du Président de la République, l’aider dans sa tâche et l’accompagner pour qu’il sorte en beauté. Sincèrement, sans langue de bois, je le dis en tant qu’un observateur qui aime son pays : c’est un homme qui est entrain de poser des actes aujourd’hui sur lesquels, on peut le féliciter et l’encourager. C’est vraiment positif, mais maintenant, il reste des choses à faire. C’est vrai que quand on est dans l’action et quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise les défis sont tellement énormes dans notre pays que personne ne pourrait prétendre qu’on peut tout faire. Aujourd’hui, on sent des avancées, on sent la grande volonté d’aller de l’avant. On sent également sa bonne foi d’aider le Président de la République. C’est cela qui est important.
On lui reproche de n’avoir pas encore fait sa déclaration de politique générale…
Si quelqu’un devrait réclamer la DPG c’est l’Assemblée Nationale. Mais, elle se rend compte qu’à deux mois de la fin du mandant du Président, et puis les conditions dans lesquelles lui-même se trouve. Ça va dépendre beaucoup de l’assemblée. Je ne vois même pas la classe politique s’agiter trop autour de ça. C’est vrai que force reste à la loi, à notre constitution, s’il le fait c’est une bonne chose. De toutes les façons ça se joue entre l’exécutif et le parlement. Peut-être que le parlement n’est pas aussi presser, c’est mon sentiment. Mais, force reste à la loi.
* Nouhoum Togo, responsable du PDES, chargé de communication au cabinet du chef de file de l’opposition : ‘’ Nous pensons que rien n’a changé, jusqu’à présent, les attaques terroristes continuent, la situation devient de plus en plus tendue…’’
Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est arrivé dans une situation très difficile. Que ça soit au Nord ou au Centre du Mali, nous sommes dans une crise sécuritaire. Lors de sa rencontre avec l’opposition, il nous a rassuré qu’il a un plan de sécurisation du centre du Mali. Arrivé à Mopti, il a fait une déclaration en disant qu’il va s’atteler à l’organisation des élections présidentielles de 2018. Si on tient compte du cahier de charge, il avait deux priorités qui lui ont été confiées par le président de la République. Premièrement, c’est la sécurisation du nord et du centre du Mali. La deuxième, c’est l’organisation des élections. A ce stade, le travail est entrain de se faire. Le voyage de Kidal, c’est l’aspect communication, mais sinon, concernant la gestion politique, nous pensons que rien n’a changé, jusqu’à présent, les attaques terroristes continuent, la situation devient de plus en plus tendue entre les trois signataires de l’accord (la Coordination des Mouvement de l’Azawad, la Plateforme et le gouvernement malien). La préoccupation que nous avons aujourd’hui est la bonne organisation des élections que nous souhaitons avec le Premier ministre sur les 100 autres jours à venir, parce qu’il avait 200 jours. Il doit organiser une élection transparente et crédible, que l’appareil d’Etat reste au centre pour organiser les élections, pour ne pas tomber dans la manipulation. Nous avons travaillé pour la relecture de la loi électorale. Nous l’invitons à organiser ça rapidement, pour que l’Assemblée nationale statue là-dessus et que les dispositions soient prises, convenues, avec les parties politiques de l’opposition, et de faire en sorte que la Cour Constitutionnelle soit transparente dans l’organisation des élections ; qu’elle ne puisse pas annuler pour le plaisir d’annuler des résultats. En un mot, nous attendons du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, l’organisation des élections transparentes, crédibles dans les conditions requises. Nous ne sommes pas là pour l’applaudir parce qu’il est parti à Kidal. Pour nous, l’organisation des élections est une priorité pour éviter beaucoup de choses.
* Dr Oumar Goita vice président du CNID Faso Yiriwaton et ancien député à l’Assemblée Nationale : ‘’Les 100 premiers jours du nouveau PM ne sont pas rassurants’’
Mes impressions sur les cent jours du nouveau premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, c’est que nous sommes dans une campagne ou une précampagne qui ne dit pas son nom. Je pense que c’est du désordre, du tape-à-l’œil. L’obligation constitutionnelle prévoit qu’il présente une Déclaration de Politique Générale (DPG). Il ne l’a pas fait pour qu’on puisse savoir vers quel port il compte mener le bateau Mali. Il est entrain de chercher à faire le sapeur pompier et malheureusement on constate qu’après le tapage, la situation s’empire. A Mopti, après son passage, il y a eu des affrontements intercommunautaires. Les actions posées par le nouveau Premier ministre ne me rassurent pas du tout. On ne peut pas en tant que chef de l’administration gérer un pays de cette façon. Je pense que c’est quelqu’un qui est venu en mission juste pour organiser les élections qu’il sache que le peuple malien n’est pas dupe et ne se laissera pas faire
* Seydou Cissé, porte-parole du PARENA : « Les cent jours du PM ont été marqués par un pilotage à vue… »
Au PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale), on pense que les cent jours du Premier Ministre (PM) Soumeylou BoubèyeMaiga (SBM) ont été marqués par un pilotage à vue, car il a superbement évité la présentation de sa Politique Générale du Gouvernement (DPG) au niveau de l’Assemblée Nationale. Or ce passage à l’AN nous aurait permis de savoir les actions prévues de sa prise de fonction primatoriale jusqu’à la fin du mandat du PR IBK à savoir: le 03 Septembre 2018 à minuit.
De ce pilotage à vue, on a constaté qu’il est allé à Mopti pour annoncer de façon inattendue la tenue du premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet 2018. Peu après, il a sauté dans l’avion pour entreprendre un périple dans les régions du Nord et du centre. Ce périple avait essentiellement pour deux objectifs véritables mais cachés à savoir :
- D’abord la revanche sur l’histoire politique récente de notre pays du Ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maiga de 2014 qui s’était extirpé d’une délégation conduite par M. Moussa Mara pour une visite, à tout prix, à Kidal dont la suite fut une bérézina pour les forces de défense et de sécurité du Mali. Devenu PM à la fin de 2017, Soumeylou Boubèye MAIGA a entrepris un périple aux conditions humiliantes pour la République du Mali, essentiellement pour se refaire une santé dans l’opinion nationale et internationale, dans les régions du Nord et du Centre dont l’épilogue fut l’étape de Kidal. Le PM SBM avait besoin qu’il soit reconnu comme désormais le PM héros du Mali.
- Aussi en s’y rendant, le PM SBM a entrepris des manœuvres communicationnelles électoralistes fondées sur des promesses irréalistes ou irréalisables en moins de cinq mois de gouvernance. Entre autres promesses du PM SBM dans les régions du Nord et du Centre, nous pouvons commencer par celles de réhabilitation des IFM et autres établissements scolaires en passant par celles de la construction de centre de santé, de la route de l’aéroport de Gao pour culminer à celle de l’envoi de dix mille hommes au centre pour la sécurisation des populations et de leurs biens. A l’époque des faits, on était à quatre mois et cinq jours du premier tour du scrutin présidentiel prévu pour le 29 Juillet 2018, il fallait charmer les populations en vue du scrutin majeur à venir car le bilan du quinquennat d’IBK est et demeure l’un des plus sombres de l’histoire politique de notre pays à tout point de vue.
Bref, ce périple fantaisiste du PM SBM n’a fait qu’attiser les tensions sociales et communautaires dans les régions du centre et donner l’occasion à la CMA de donner une nouvelle gifle à l’Etat du Mali. Car à travers les slogans scandés« vive l’Azawad »et du brandissement du drapeau de l’Azawad par les populations au passage du PM SBM et de son cortège et même dans la salle où il a animé sa conférence soi-disant de cadres. Mieux, Bilal Ag Chérif par son boycott de la visite du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga à Kidal, l’un des principaux dirigeants de la CMA, a montré à l’opinion nationale et internationale qu’entre l’Etat du Mali et son organisation les problèmes de fond ne sont pas résolus notamment la mise en œuvre effective de l’accord d’Alger. Car le PM SBM arrivait à Kidal et au même moment Bilal Ag Chérif était à Ber (localité située dans la région de Tombouctou) pour échanger avec des populations de cette localité sur des questions relatives à l’Azawad, notamment les préparatifs du 6èmeanniversaire de la proclamation de leur Indépendance. Grosso modo, les cent jours du PM SBM à la primature n’ont pas permis la visibilité escomptée de fin de mandat d’IBK dans la gestion efficiente et efficace des questions majeures de la nation malienne, à savoir : la pacification des régions du Centre (Ségou et Mopti) et l’organisation de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. Enfin la tenue du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 est et demeure le défi le plus important que le PM et son gouvernement doivent relever pour éviter une aventure incertaine pour les Maliens.
* Bakary Doumbia, Président du Forum des Organisations de la Société civile (FOSC) : « Un bilan mi figue, mi raisin… »
Je pense que les 100 jours du premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga à la primature, ont été mi-figue, mi-raisin. La tournée qu’il a effectué dans les Régions du Nord du Mali (Taoudéni, Kidal, Gao, Tombouctou) et au Centre (Mopti) ne change pas grand-chose à la situation inquiétante du pays. Elle n’a pas eu beaucoup d’influence sur les Djihadistes. Je pense qu’il faut toujours travailler à renforcer l’armée malienne pour qu’elle soit présente sur l’ensemble du territoire national de même que l’administration. Cela vaut mieux que d’aller se montrer par-ci-par-là.
Par rapport aux élections présidentielles du 29 juillet 2018, je suis content de ses assurances que les élections se tiendront à la date prévue. La tenue des élections est une bonne chose pour la survie de notre pays, il faut respecter ce délai. Sinon on ne sait pas ce qui va arriver après.
* Alassane Abba, secrétaire général de la CODEM : « Il a le bon bout pour le moment…. »
Nous avons apprécié l’initiative qu’il a eu à prendre pour se rendre à Kidal, cela augure une bonne chose pourvue qu’il y aura des retombés. La visite pour la paix est une bonne chose mais il ne faut pas que ça se limite à une simple visite sans résultat. Nous attendons impatiemment récolter les fruits de cette visite car la réussite c’est lorsque nous allons réellement sentir que la paix est en marche, que les lignes ont bougé, que les gens sont revenus à de meilleurs sentiments et que l’on accepte de rentrer dans les rangs de la République une fois pour toute que l’administration soit présente et d’assurer la sécurité des personnes et leurs biens. Mais s’il s’agissait seulement de réussir une mission, une présence sur le terrain qui, en elle-même ne traduit absolument aucun changement nous serons au regret. La paix doit être négociée quel que soit le prix mais dans l’honneur et la dignité. Le premier ministre connait très bien le dossier du nord et lui-même étant du nord il connait parfaitement là où passer et qui toucher parce que le problème du nord c’est nos voisins du nord et l’ouest. En tout cas, il a le bon bout pour le moment car il est en train de consulter nos voisins concernés mais notre inquiétude est qu’il ne joue pas plus pour lui-même que pour le Mali.
La rédaction
Source: Le Républicain