Le mardi 12 juillet, la nation malienne était encore endeuillée par l’incident funeste de Gao. Après la période de l’émotion, de la sidération et de la condamnation, il nous faut décoder, décrypter cet incident malheureux de Gao, afin de prévenir d’autres incidents de ce genre. Ne soyons pas naïfs, la marche de Gao est loin d’être une marche contre l’installation des autorités intérimaires. C’est une marche contre la mise en application pour la paix et la réconciliation nationale issue du processus d’Alger.
Cette marche, si besoin était, illustre des difficultés dans la mise en œuvre dudit Accord. Et nul ne peut l’ignorer. Les jeunes de Gao demandent, la prise en compte de leurs doléances dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Un point, c’est tout. A juste titre, peut être. Cette vaillante jeunesse qui avait affronté les groupes armés pendant l’occupation pense être marginalisée dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Elle avait déjà alerté à travers une première marche pour demander son cantonnement afin d’être enrôlée dans l’armée nationale. Un message qui n’avait pas été en son temps bien compris par le gouvernement. Sans pour autant trouver une solution à cette situation, le gouvernement voulait procéder à l’installation des autorités intérimaires. L’installation des autorités intérimaires n’est pas du gout d’une bonne partie de la population malienne. Car la loi portant sur les autorités intérimaires reste incomprise par l’immense majorité de la population malienne. Mêmes les députés qui avaient voté ladite loi ne cernent pas tous les contours de la loi. La sortie de l’honorable Yaya Sangaré contre deux ministres du gouvernement en atteste éloquemment. L’opposition démocratique avait déjà contesté la constitutionnalité de cette loi et avait même saisi la cour constitutionnalité pour invalidation de la loi. L’opposition a fini par être déboutée. L’ex premier Ministre Moussa Mara avait également soulevé des inquiétudes. L’on s’en souvient qu’il avait invité le gouvernement à prendre beaucoup de soins dans l’installation des autorités intérimaires. Face à ces griefs faits à la loi portant sur les autorités intérimaires, le gouvernement devrait procéder à une large diffusion, suivie d’une explication de ladite loi. Malheureusement, il est passé l’étape supérieure, celle de l’installation de ces autorités. Face à cette situation, les jeunes ont demandé l’autorisation de marcher. L’Etat s’y oppose. Décidés à aller jusqu’au bout, les jeunes franchissent le rubicond. Et ce qui devait arriver, arriva. Le reste est connu. On aurait pu éviter cet incident malheureux, si le gouvernement n’avait pas fait preuve d’évanescence.
Abdrahamane Sissoko
Source : Le Pays