Alors que des voix s’élèvent au Mali, au Burkina Faso, au Niger contre la présence militaire française, le président Emmanuel Macron demande à ses homologues du G 5 sahel de clarifier leur position et de s’assumer devant leur opinion publique au cours d’un mini sommet à Pau, en France. Dans ce micro-trottoir les Maliens donnent leur avis sur cette invitation à Pau.
Mamy Gogo Sy, employée dans une ONG au centre du Mali:
“La France ne devrait pas aider dans la guerre en allant sur le terrain mais…“
“Je ne suis ni pour ni contre parce que je suis confuse. Il y’ en a qui disent que c’est la France qui tue nos militaires et d’autres disent qu’elle nous dépouille au Nord. C’est sûr que la France a des intérêts cachés. La France ne devrait pas aider dans la guerre en allant sur le terrain, mais en fournissant à nos FAMa, la formation nécessaire, le matériel et la logistique adéquate pour qu’elles puissent faire face à l’ennemi. Sinon malgré la présence des ces Fores, la situation n’a pas grandement changé“.
Lassine Diarra, Chargé de communication :
“Les forces étrangères sont-elles là pour combattre le terrorisme ou pour des intérêts inavoués ? “
“Moi je crois, la question n’est pas la présence ou non de la France au Sahel et au Mali en particulier qui importe, mais la clarification du mandat de ces forces étrangères. Sont-elles réellement là pour combattre le terrorisme ou pour des intérêts inavoués ? Si elles sont au Mali pour l’aider à retrouver sa stabilité alors qu’elles permettent aux FAMa de rentrer à Kidal. Autrement je vois mal le sens que l’on peut donner à leur présence sur notre sol. Par ailleurs, la lutte qu’on mène contre le terrorisme, au Sahel pêche par sa sincérité. Je n’ai pas la prétention d’avoir des connaissances géostratégiques, mais j’ai du mal à comprendre comment les villages entiers sont attaqués par des gens qui disparaissent comme par magie dans la nature, malgré tous ces moyens de communication. Si l’on parvient à répondre à ces questions, je pense que la question présence ou non des forces étrangères aura trouvé sa réponse“.
Moussa Baradji à Bamako (Civil) :
“ …Que les autorités françaises et maliennes s’asseyent autour d’une table“.
“Depuis un certain temps, des sentiments anti-français sont constatés ici en général dans les pays impliqués du G5 Sahel, en particulier le Mali. De mon point de vue, il serait souhaitable que les autorités françaises et maliennes s’asseyent autour d’une table, pour redéfinir leurs accords de défense militaires“.
Fanta Dicko étudiante:
“Le départ de ces forces étrangères sera grave de conséquences“
“parce que l’armée malienne n’est pas bien formée. Elle n’est pas en mesure de se défendre et de nous défendre“.
Nouhoum Touré habitant de Gao:
“Le retrait des forces françaises ne peut pas apporter le calme au Mali“
“Comme beaucoup le pensent. Le mal s’est déjà produit, nous aurions dû empêcher leur arrivée. Bien vrai que la France joue le double jeu, mais donnons place à la diplomatie. D’autres espèrent renvoyer la France pour compter sur d’autres grandes puissances telles que : la Russie, les Etats-Unis ou autres, je dis qu’ils se détrompent. Les engagements entre ces grandes puissances sont si solides que cela ne pourra pas arrive“.
Fatoumata Camara, journaliste:
“Je propose qu’on échange avec les responsables de la force Barkhane“
“Aujourd’hui, nous somme à un stade où les FAMa ne sont pas en mesure de faire face seules à cette guerre. Je sais que les rumeurs circulent que La force Barkhane est la première responsable de cette guerre. Si nous en tenons à ça, la main noire cachée derrière pourra être la main blanche qui sera visible par tout le monde et là on ne s’en sortira pas même dans 20 ans. Je propose qu’on échange avec les responsables de la force Barkhane en vue de revoir les clauses de l’engagement signé entre deux parties“.
Djeneba Sidibé, jeune engagée :
“Je suis contre la présence des forces étrangères au Mali“
“Elles n’ont apporté aucune amélioration. Elles disent être ici pour nous aider, mais rien n’a changé. Je dirais vraiment que le Mali n’a pas besoin de ces forces. Si l’Etat s’assume et offre à notre armée les moyens nécessaires, elle pourra assurer notre sécurité“.
Baba Diarra habitant à Sévaré:
“Toutes les crises que nous vivons sont dues à la mauvaise foi de la France“
“Pour ma part la présence de ces forces françaises n’est pas la peine, car toutes les crises que nous vivons actuellement sont dues à la mauvaise foi de la France. Je fais un rappel pour dire que c’est la chute de Khadafi qui nous a causé tout ceci. Ils l’ont assassiné et encouragé ses ex-combattants à regagner le Mali selon les sources, soit disant que le Nord fait partie de leur propre patrimoine. Ils l’ont dénommé Azawad et avaient le soutien total de la France sous le régime de Nicolas Sarkozy. Ça c’est une vérité terre à terre et unanime pour toute la communauté internationale. On les a accueillis en tant que frères et alliés. Ensuite ce sont ces mêmes Français qui les ont armés pour nous déstabiliser et massacrer. La France les soutient sur tous les plans, ils ont même une ambassade en France. L’objectif de leur présence est loin d’être atteint si Kidal n’est pas libéré“.
Amadou H Bah médecin à Mopti:
“Aider à libérer notre territoire au nom de la souveraineté “
à fin que le gouvernement s’effective dans toutes les localités du pays. En tant que citoyen lambda, je pense que les forces françaises, d’une part on doit les féliciter. Parce qu’elles nous ont aidés à nous débarrasser des terroristes pour libérer Kona afin de limiter la propagation des djihadistes. Ça c’est un acte salutaire. Vraiment il faut les saluer. Par contre, compte tenu de la durée de cette crise et que du jour au lendemain on ne fait que tuer des enfants, femmes enceintes, vielles personnes et des pauvres qui cherchent à vivre si réellement la France est là pour nous aider comme ils ont fait au départ alors elle doit changer de politique. Pour non seulement aider nos FAMAS à combattre les terroristes, mais également nous aider à libérer notre territoire à fin que la gouvernance soit s’effective dans toutes les localités du pays“.
Malamine Sanogo, enseignant :
“Les autorités maliennes doivent revoir le mandat de la Minusma et celui de Barkhane“.
“Je pense que d’une manière ou d’une autre, les forces étrangères jouent un rôle capital au Mali. La grande question qu’on doit se poser, est ce que nos FAMa sont prêtes à prendre le relais une fois leur départ vu notre manque d’effectif et de matériels adéquats.
Je doute si jamais elles repartent, le Mali sera repris par ces groupes armés. Personne ne viendra sauver le Mali à notre place, c’est à nous de relever les défis. L’Etat doit prendre ses responsabilités pour ramener la paix et la sécurité. Si vous voyez que le Mali traverse une situation aussi difficile, c’est parce qu’on a été mal gouverné. Les autorités maliennes doivent aussi revoir le mandat de la Minusma et celui de Barkhane“.
Aïssata Maïga : (journaliste)
“Un vrai dilemme manque de considération totale”
“Comment ose-t-on demander à quelqu’un à qi on dicte la voie à suivre, de se définir clairement et de prendre ses responsabilités ? Un vrai dilemme et un manque de considération totale à mon humble avis. Nous souhaitons que les concernés, à savoir nous de la sous-région, avec la complicité des occidentaux responsables de ce chaos, se concertons en toute honnêteté intellectuelle pour apaiser ce fléau qui, resurgit de plus en plus. Il n’y a pas d’autre voie à suivre. Que la paix et la stabilité reviennent dans le monde entier“.
Meissa Sarr : (étudiant)
“La forme de l’invitation de Macron est peut être discutable…”
“La forme de l’invitation de Macron est peut-être discutable, mais je trouve que c’est l’opportunité pour nos chefs d’États de clarifier leurs attentes à propos de la France et de la communauté internationale. De dire à la France ce que pensent leurs peuples“.
Youssouf Diakité : (Chauffeur de taxi)
“C’est à Macron de clarifier la présence des soldats français”
“Pour l’avenir du Sahel, c’est plutôt à Macron de clarifier la présence des soldats français au Mali. Macron n’a aucun respect envers nos chefs d’États“.
Amadou Dolo (Enseignant)
“Le problème du Mali est la conséquence de l’intervention criminelle … en Libye”
“Le problème du Mali est la conséquence de l’intervention criminelle, sanglante, machiavélique de l’Otan en Libye, une intervention qui a déclenché le feu terroriste au Sahel. Une intervention planifiée et orchestrée par la France sous Nicolas Sarkozy. Donc la France est obligée d’éteindre le feu terroriste dont elle-même est responsable du déclenchement dans le sahel“.
Chaka Keita : (Journaliste)
“…Nous avons besoin de la France…”
“Nos présidents doivent aller répondre à l’appel et dire clairement ce que nous attendons réellement de la France. Sans doute nous avons besoin de la France. Sinon avant de s’attaquer à la France ainsi, je pense que l’Algérie et la Mauritanie doivent également être claires avec nous“.
Moussa Traoré (Etudiant) :
“…Macron s’est exprimé dans un ton intimidant…”
“Les chefs d’Etat africains donneront des réponses favorables face à cette fameuse convocation. D’autant plus que Macron s’est exprimé dans un ton intimidant, montrant par-là, la menace d’intérêt de la France dans les pays de la zone du Sahel. Nous voulons de l’aide qui va nous aider à faire face à cette crise multidimensionnelle. Si depuis 2013 le Mali avait bénéficié d’un soutien franc de la France, aujourd’hui, le terrorisme serait combattu“.
Propos recueillis par
Koureichy Cissé
Hamadoun Touré (stagiaire)
Ousmane M. Traoré (stagiaire)
Arhanata Maïga (stagiaire)
Source: Mali Tribune