À quelques jours du mois béni de ramadan, où beaucoup de personnes souhaitent rentrer au village, le syndicat des transporteurs autobus a communiqué ce samedi 19 mars 2022 les nouveaux prix de trajet tant pour les villes ralliées à l’intérieur que celles de l’extérieur. Les augmentations de tarifs de transports pour raisons de hausse des prix de carburant à la pompe, tant pour l’intérieur que pour l’extérieur vont de 5000 à 10.000 francs FCFA. Pour des populations frappées de plein fouet par la crise sécuritaire depuis plusieurs années, la crise sanitaire liée à la Covid-19 depuis deux ans et un embargo injuste depuis trois mois, le seuil d’augmentation n’est pas minime.
Le problème c’est que cette augmentation des tarifs de transport en appellera d’autres. Elle entrainera une spirale de hausse de prix, comme dans une vie chère perlée qui pourrait être insupportable pour des ménages déjà fragilisés. Parce qu’une augmentation des tarifs de transport aura une répercussion sur le prix de tous les biens et service notamment le prix des denrées alimentaires (riz, mil, sorgho, sucre, farine, lait…). Et qui sait les habitudes alimentaires en mois de carême on peut présager que ça ne sera pas une partie de plaisir pour la communauté musulmane.
Le gouvernement de Transition sous embargo économique et financier qui peine difficilement à faire face à l’essentiel mais interpelé légitimement peut-il être d’un grand secours pour les ménages en détresse afin d’atténuer les effets de la vie chère qui commencent à les impacter durement ?
Selon ceux qui savent lire entre les lignes dans les arcanes de l’économie, en une année les prix de tous les produits de grande consommation ont pris l’ascenseur : Mil (+50%), Sorgho (+50%), Riz (+13%) Maïs (+25%), Niébé (+44%), Fonio (+20%), sucre (+20%), lait (+20%), Huile (30%)… Avec la récente augmentation du carburant (+26,5% pour le gasoil) la tendance n’est pas prête de s’inverser.
Avant la crise ukrainienne, le prix rendu Dakar pour le super était à 278 F le litre et le gasoil était à Dakar 282 F le litre. Aujourd’hui pour les mêmes produits, on est à 585 F pour le super soit une augmentation de 115% et pour le gasoil, on est à 637,20 F le litre soit une augmentation de 126 %.
Toutes ces augmentations n’avaient pas été impactées sur le prix à la pompe au Mali. Ce qui a fait que l’Etat a fait un manque à gagner de 115 milliards de FCFA de novembre 2020 à aujourd’hui.
Le gouvernement évalue ses efforts qu’il a fait en termes de réduction des droits de douane et de redevances autoroutières pour permettre de réduite l’impact de cette augmentation des prix à la pompe à 2,9 milliards FCFA sur les droits de douane et 2,2 milliards de FCFA sur les redevances autoroutiers : ce qui fait un total de 5,1 milliards FCFA pour le mois de mars 2022. C’est de l’avis de l’Hôtel des Finances un effort important, mais rien n’est trop pour la paix et la quiétude de nos populations.
Cette augmentation des prix des hydrocarbures notamment à la pompe est-t-elle la conséquence de l’embargo infligé à notre pays par la CEDEAO ou est-elle consécutive à des facteurs exogènes tel que la crise ukrainienne ? Force est de reconnaitre, la hausse du prix des hydrocarbures s’inscrit dans une courbe universelle. Nous ne sommes pas les seuls à subir cette hausse. Peut-être sommes-nous plus exposés à cause de notre fragilité liée à l’embargo et à notre continentalité. Toute chose qui fait que nous pourrions ressentir plus durement la flambée des prix que les autres, mais l’objectivité voudrait de dire que la crise n’épargne et n’épargnera personne.
Ce samedi 19 mars 2022, en Espagne, des milliers de manifestants ont marché contre la flambée des prix de l’alimentation, de l’électricité et du carburant, exacerbée par la guerre en Ukraine. Des rassemblements ont eu lieu dans les principales villes du pays face à l’inflation qui a atteint 7,6% sur un an en février, au plus haut depuis 35 ans et qui met de nombreux foyers en difficulté.
Avant l’Espagne, c’est le Premier ministre italien Mario Draghi qui appelait l’Union Européenne à faire face ensemble aux conséquences des sanctions. Devant le parlement le 25 février, Mario Draghi a rappelé la fermeté de son pays face à l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Bien que le président du Conseil affiche sa totale solidarité avec ses partenaires occidentaux dans l’adoption de sanctions sévères contre Moscou, il craint des conséquences néfastes pour l’économie italienne.
« Nous devons observer avec grande attention l’impact sur notre économie et le premier sera celui du coût de l’énergie qui a déjà subi une forte hausse », avait averti Mario Draghi.
Alors, il faut une lecture globale, et sortir des approches sectorielles et des procès pour délit de faciès. La vie chère sera chère pour tout le monde…
PAR SIKOU BAH
Source: INFO-MATIN