Le nouveau Mali peut attendre. Les militaires putschistes qui ont renversé le régime IBK par un coup de force se sont révélés être de véritables affairistes. Ils ont accaparé tous les leviers du pouvoir qu’ils ont pris suite à la lutte hautement patriotique du peuple contre le régime d’IBK. De gouvernance par tâtonnements du régime IBK, on se retrouve dans la gouvernance par incertitudes et la marche à tue-tête.
Le constat est que la junte, regroupée au sein du ‘’Comité national pour le salut du peuple’’, qui avait promis un nouveau Mali aux premières heures du coup de force, veut faire le Mali sans les Maliens. Ils ont court-circuité le système en reprenant la même formule divulguée par les propagandistes de la place, qui n’ont pas hésité à mettre tout le monde dans le même panier. La formule idéale pour pointer du doigt l’échec de la classe politique malienne, comme si les militaires ont toujours été à l’écart de cette gestion depuis 30 ans.
Aujourd’hui, ils ont envahi le système en s’octroyant tous les postes stratégiques et juteux, en s’entourant de tous les experts en apologie pour remplir la présidence, la vice-présidence, le gouvernement et les gouvernorats (13 militaires dont tous des colonels nommés gouverneurs). Pire, ils veulent aussi remplir le Conseil national de transition en y occupant la présidence. Le Colonel Assimi Goïta et ses acolytes ont juré de déclarer leurs biens avant leur prise de fonctions. Mais cela n’est pas encore fait. C’est juste avant-hier que le Premier ministre Moctar Ouane a pondu un communiqué invitant tous les membres assujettis à déclarer leurs biens. Le médecin après la mort !
Nous avons compris que c’était une manière de nous endormir et de pousser la masse aveugle qui brandit les pancartes au nom de telle ou telle, à riposter contre toute revendication. Depuis leur arrivée, nous assistons à une série d’audiences en quête de partenaires financiers. Le gouvernement n’a pas encore fini les prises de contact, parce que la feuille de route demeure floue et tout le monde essaie de se créer de la visibilité, bien que beaucoup ne savent même pas quoi faire.
Le dernier maillon de la chaîne qui est le Conseil national de transition (CNT) tarde à être mis en place suite au refus de la classe politique et une frange de la société civile à cautionner leur ambition démesurée d’accaparer tous. Pire, leur clé de répartition du CNT est perçue généralement comme une insulte à la démocratie et une caporalisation du pouvoir. La société civile, les partis politiques et la diaspora ont tous été écartés à un moment crucial qui nécessite la participation de toutes les forces vives de la nation. Pensent-ils qu’ils parviendront à faire le Mali sans les Maliens ? Pensent-ils que les menaces et les verrouillages du système finiront par dissuader les Maliens de rester en marge de leur destin ? Les corporations syndicales enchaînent les grèves. Aucune organisation, aussi forte soit-elle, ne parviendra à contrôler tout un peuple. Ils feront mieux de revenir en arrière et comprendre que le Mali ne pourra se faire sans les Maliens, ni avec les discours interminables.
En tout cas, la marche unilatérale du Cnsp n’aboutira à rien. De la composition du gouvernement de la transition au quota réservé aux partis politiques, l’attitude des membres du Cnsp de marche à tue-tête et d’occuper les postes dans l’administration ne présagent rien que des incertitudes. Le Mali est dans le bourbier où son existence se trouve menacée à cause d’une insécurité récurrente et grandissante et d’une guerre des envahisseurs. C’est en ce moment que des officiers censés être sur les théâtres des opérations sont nommés en grand nombre dans l’administration. Que Dieu sauve le Mali.
Tientigui
Source : Le Démocrate