De nos jours et en remontant le temps, l’histoire en dénombrerait des épisodes de forts taux de mortalité, mortalité potentialisé par l’effet conjugué de la chaleur et d’une forte teneur d’ humidité ambiante , rendant plus intense la sensation de chaleur qui tue en moyenne 30 personnes par jour au rang du troisième âge et les enfants de moins de 4 ans.
En parlant de canicule, l’histoire retient des épisodes tragiques. Entre autres, en 1636 en France : 500 000 morts. En 1718-1719 en France : 700 000 morts. En 2003 en France : 15 000 morts. La même année en Italie : 17 000, pour environ 70 000 dans toute l’Europe. Les maisons de retraite et les personnes de 3ème âge payèrent un lourd tribut du fait de l’isolement, jusqu’à pousser l’opinion à envier l’assistance et la solidarité malienne et africaine quant à l’importance et la place qu’occupent les personnes âgées dans la société.
Selon les dires de nos anciens, le fléau aurait balayé le Soudan français à la fin des années 1920, plus tard le Mali des années 1971, le Mali de la sécheresse, de la famine, qui aurait vu l’apparition des épidémies de méningite et de choléra, et 1998 où tout y passa (hommes, animaux et flore). Aujourd’hui, de cyclique, la canicule s’est installée de façon endémique ignorant l’alternance climatique universelle : Biostasie (45 bonnes années de bonne pluviométrie successives) et résistasie (25 années de pénitence, de mauvaise pluviométrie). Hélas, la déshydratation serait la principale cause de cette mortalité.
En temps normal, la tension artérielle est constante (bonne ou mauvaise). La chaleur provoquerait une augmentation du diamètre des tuyaux vasculaires périphériques par distension et espacement des cellules bordant ces tuyaux, laissant passer le plasma qui serait composé d’eau et de sels en grande partie, provoquant une forte transpiration qui arriverait difficilement à sécher pour refroidir le corps par le fait de présence d’humidité ambiante .
En plus de la chaleur , le mécanisme de transpiration est entretenu par la présence de plus en plus importante de sel issu de l’extravasion (en dehors des vaisseaux) sur le corps, par phénomène d’osmose (eaux quittant milieu moins concentré vers milieu plus concentré en sel). Cette déshydratation, de l’intérieur des vaisseaux, concernerait aussi les milieux intra cellulaire et extra cellulaires.
Les sels (sodium, potassium, chlore, calcium….) seraient à la base du travail musculaire et cardiaque par la présence en leur sein de charges électriques + et – qui s’attirent ou se repoussent, provoquant contraction et relâchements. L’évasion salée entrainerait la baisse de la tonicité et de la contractilité, bases de l’asthénie et la faiblesse musculaire.
Conséquences
La chute de la tension artérielle est accompagnée de l’accélération du rythme cardiaque avec maux de tête, vertiges, pertes de conscience, fièvre et déshydratation cellulaire avec présence de pli cutané, de cernes oculaires, de sécheresse des aisselles.
Il y a aussi que les veines sont plates à la palpation, une perte de poids et beaucoup de décès.
Perturbations biologiques :
Concentration du sang (hémoconcentration) ; insuffisance rénale par hémoconcentration et chute de la pression artérielle (n’oublions pas qu’on pisse avec le cœur et le rein filtre le sang). Accumulation de déchets métaboliques, d’acides uriques et de protéines dans le sang.
Personnes vulnérables :
Jeunes enfants, ouvriers et travailleurs exposés, personnes atteintes de maladies cardiovasculaires où déshydratation et hydratation joueraient sur la pression artérielle et la composition du sang ; personnes âgées ayant perdu la notion de soif ; les sans domicile fixe (Sdf).
Solutions et conseils :
Mesures hygiéno-diététiques: éducation, information du citoyen ; usage de pièces (enceintes) au frais à l’abri du soleil et des vents chauds ; port d’habits légers ; bains réguliers ; éviter l’exposition au soleil aux heures les plus chaudes ; l’usage et la vulgarisation de la climatisation à faibles coûts d’acquisition et d’exploitation aux normes d’efficacité énergétique.
Mesures environnementales : conception de maisons adaptées (architecture et matériaux de construction) ; plantation et arrosage d’arbres, qui créeront tout en entretenant un microclimat protecteur ; mesures nationales, internationales et mondiales (réf COPP 21) de limitation d’émanations de produits chimiques, bases de réactions nocives atmosphériques, la protection de la couche d’ozone, la reforestation et la limitation de la pollution des eaux de surface.
Conduite à tenir
Sujets sains: boire au minimum 1,5 litre d’eau par jour et si possible des boissons minéralisées ou gazeuses ( contiennent du sel), consommer du sel, des bouillons et des légumes ; pour les enfants pensons à eux toutes les 20 mn au minimum surtout en apport de boissons sucrés et d’eau peu minéralisée.
Sujets malades : s’il s’agit de sujets conscients : selon le cas, procéder à une réhydratation orale (sels de réhydratation orale ou boissons gazeuses), ou Parentérale (sérum hypertonique) selon le cas. Rappelons que le sel de réhydratation orale se compose de 6 cuillerées à café de sucre et d’ 1 cuillérée à café de sel pour 1 litre d’eau.
Pour les personnes ayant perdu connaissance : mettons- les à l’abri, dans une pièce fraiche en attendant l’arrivée des secours ; observer la position latérale gauche de sécurité pour bien dégager les voies respiratoires (pour éviter l’étouffement) l’avant-bras sous la tête en extension, la bouche ouverte, la jambe gauche pliée sous lui pour l’empêcher de basculer en avant ou en arrière ; perfusion par le personnel qualifié de solutés hypertoniques salés et sucrés selon un Protocole dans le but de reconstituer les pertes liquidiennes.
Quelle que soit l’apport en eau, il doit être progressif ou fractionné pour éviter les complications souvent mortelles comme l’œdème aigu du poumon (inondation des poumons par le plasma sanguin) et les chocs vagaux pouvant occasionner l’arrêt cardiaque, suite à la mauvaise gestion des apports liquidiens par le corps du malade.
Pour les malades préalablement atteints de maladies cardiaques ou de diabète, il serait indispensable de les référer à une unité de soins intensifs de cardiologie ou d’urgences médicales.
A ce rythme de fournaise, quelle chance de pérennisation pour la vie en milieu aquatique, poissons de nos marres et autres cours d’eaux !!!!
Dr Moussa Dassé Mariko
Cardiologue Clinique JALO Kunda
Quartier du Fleuve Bamako MALI
E-mail : mariko_moussa2003@yahoo.fr