« C’était un choix cornélien. Je devais passer le concours de commissaire, les dates se chevauchaient », raconte à l’AFP Kamou Malo, 59 ans.
« J’étais officier de police à Koudougou, là-bas j’entraînais aussi l’ASEC (Association Sportive des Employés et Commerçants) en 1re division, puis j’ai eu l’opportunité d’aller faire un stage en Allemagne pour passer une licence d’entraîneur », développe le coach qui a guidé les « Étalons » vers le dernier carré de la CAN.
Il a suivi sa vraie vocation, le foot, le banc.
Né à Fing en 1962, non loin de Bobo-Dioulasso, il découvre le football « à 6, 7 ans dans les rues de Ouagadougou (la capitale, NDLR), on faisait notre apprentissage dans la rue, avant d’être coopté dans les équipes de quartier », poursuit-il.
Il commence à jouer sérieusement au Soleil d’Afrique, club du quartier Gounghin, puis « tape dans l’oeil de l’USO, l’équipe de l’armée ».
« Mais le foot, ne nourrissant pas son homme, j’ai passé le concours de gardien de la paix », explique Kamou Malo, et « après l’école de police, je suis enrôlé par l’Étoile Filante, la plus grande équipe du Burkina ».
« Leader né »
Il a toujours eu le goût d’entraîner. « Dès que j’ai pu taper dans le ballon, je me suis retrouvé à encadrer les jeunes de mon quartier », se souvient-il, « j’encadrais l’équipe de l’AS Police… »
« Je pense que je suis un leader né, j’avais les dispositions pour un entraîneur », assure Kamou Malo.
« Sa première qualité est son leadership », confirme à l’AFP le Colonel Sita Sangaré, ancien président de la Fédération.
« Quand j’ai fait appel à Kamou Malo en juillet 2019, on venait de se séparer de Paulo Duarte consécutivement à notre non-qualification pour la CAN-2019, un traumatisme », poursuit le dirigeant.
« Ce n’était pas de gaîté de cœur, Paulo Duarte a fait du très bon travail, et il a un lien affectif très fort avec mon pays », poursuit le Colonel Sangaré.
Le Portugais a dirigé les Étalons de 2007 à 2012 et de 2017 à 2019.
Mais « il fallait un électrochoc, poursuit le Colonel Sangaré, nous avons fait le pari d’un entraîneur local pour que l’électrochoc soit complet. C’était un pari risqué, mais Kamou Malo avec son tempérament batailleur et son caractère fort trempé avait aussi des résultats ».
Il a été deux fois champion du Burkina Faso avec le Rail Club Kadiogo (2016, 2017).
– « Nous faire davantage confiance » –
Il fallait également « régénérer » l’équipe, poursuit le dirigeant, se félicitant de son choix: « Les faits nous donnent raison ».
« Je devais renouveler le groupe, mais ce n’était pas le seul objectif, on me demandait également la qualification à la CAN », reprend Malo, qui tient à dédier cette demi-finale à notre peuple, « qui vous savez, traverse des moments difficiles » avec un coup d’État.
Sur son statut d’entraîneur burkinabé du Burkina, il « encourage les dirigeants africains à recruter local. On devrait nous faire davantage confiance et nous permettre d’avoir les mêmes formations que les étrangers. C’est un cri du cœur ».
Kamou Malo « préfère le transfert de compétences plutôt que les gens viennent exercer chez nous. Nous avons tous appris d’eux (les expatriés, NDLR), mais ce n’est qu’à ce prix que nous aurons l’expérience et l’expertise. Tant qu’on n’est pas à l’ouvrage on ne peut pas savoir si on est compétents ou pas ».
« C’était un pari, mais les résultats sont là et l’équipe est rajeunie », savoure le coach.
« Et puis, il ne faut pas se le cacher, on ne coûte pas très cher », ajoute-t-il dans un sourire.
Mais Malo ne se voit pas encore en héros. « Je ne dois pas me satisfaire de cette demi-finale, même si je suis heureux, je ne peux pas le cacher ».
Désormais, lance-t-il, « le plus dur est derrière, il n’y a que le meilleur qui puisse arriver »: que le Burkina remporte sa première CAN avec un coach local.
Source : Info-Matin Avec Agence France-Presse