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Camps militaires au Mali : Le cadre de vie délabré des hommes en tenue

Les camps militaires et casernes de gendarmerie du district de Bamako subissent depuis quelques années une dégradation continue qui met en lumière le manque d’entretien de ces lieux. Incursion dans le cadre de vie de nos forces de sécurité.

A l’ex-base aérienne et au camp des Gardes à Torokorobougou, la vétusté qui mine les bâtisses est frappante. Le décor externe est désolant. Non pas seulement parce que les couches de peintures sont défraichies et ont laissé place, par endroit, à de larges taches de moisissures, mais surtout parce que le minimum d’entretien fait défaut. Fil électrique dénudé avec des risques d’électrocution, perforation des tuyaux d’évacuation des eaux usées. Le constat est triste. Et en dit long sur les conditions de vie des locataires de ces cités. Mais quand nous débarquons dans les cités de nos forces de sécurité, le regard inquisiteur, nous sommes surpris que ses habitants se sentent pourtant à l’aise dans un tel décor. Quelques petits commerces de femmes, notamment la vente d’aliments et de condiments, témoignent de la normalité de la vie dans cette collectivité. Mais, comme le dit l’adage, « dis-moi où tu dors et je te dirai à qui tu ressembles ». Au camp des Génies, la seule couche de  peinture neuve est celle du centre de santé. Dans le décor avachi, des centaines d’enfants insouciants prennent d’assaut les aires de jeu, et ne se soucient guère du «désastre environnemental» que vit leur cité au milieu des ordures ménagères et autres détritus.

Pourtant, l’insalubrité des appartements et les maisons délabrées constituent avant tout un risque de santé.«L’humidité permanente et la moisissure provoquent de nombreuses pathologies, notamment les problèmes respiratoires. Elles sont aussi des facteurs aggravants de l’asthme.

Un monde de business

Malgré les difficultés dans les  cités, nos hommes en tenue ont développé un vrai business  fleurissant dans cet univers. Avec leur maigre salaire, les militaires et les gardes ont développé un vrai commerce pour arrondir leur fin du mois. La vente de jus de fruits, de glace et d’eau fraiche en sachet est le lot quotidien des femmes de ces derniers. Sans oublier que certains acceptent que des tierces personnes viennent installer leur congélateur à leur domicile moyennant une rémunération mensuelle. Etant donné que l’eau et l’électricité sont gratuites pour les habitants des cités.

Mais ce diagnostic est un euphémisme comparé à l’opinion peu valorisante que beaucoup ont de ces cités, la réalité environnementale de la cité est sombre. Certaines maisons sont sans fenêtres. Quand elles existent encore, plusieurs de ces fenêtres, initialement en vitre, ont été remplacées par du contre-plaqué ou du caoutchouc. En fait, leur état de dégradation est harmonieusement assorti avec les couloirs crasseux et autres espaces communs. Les six immeubles de quatre et de six paliers identiques sont en pleine décrépitude. Le camp de Kati ne présente pas non plus un meilleur visage. Ici comme ailleurs, les familles des militaires sont entassées dans les maisons à la façade externe insalubre. A l’intérieur, on vit comme on peut. Les coups d’œil que nous avons pu jeter à travers les portes entrouvertes n’attestent pas non plus d’un décor interne reluisant. Fauteuils délabrés, meubles dégarnis, les biens entreposés dans certaines maisons semblent être sortis tout droit de la ferraille ou bon à y envoyés. Un décor agrémenté par le tapage et les nuisances sonores de tout ordre.   Comme dans la quasi-totalité des camps et casernes militaires du district de Bamako, le linge y est étalé sur les balcons et l’eau qui suinte renforce l’humidité et la moisissure sur les bâtiments. Pourtant, ce n’est pas l’espace qui manque dans la cour pour le séchage des vêtements. Ici comme partout dans ces cités, l’entretien est en cause. Selon des familles que nous avons interrogées, l’état de dégradation des bâtiments est pour beaucoup dû au fait que ces camps et casernes militaires constituent un patrimoine commun. « Partout, l’entretien d’un bien commun à tous pose toujours problème. Il y a des gens qui n’entretiennent que leur maison et ne se soucient pas du reste», explique Mme Traoré Djénéba, une infirmière à la retraite. Une chose est certaine, l’image que nos cités militaires et casernes renvoie à la société n’honore personne. A commencer par les hommes en tenue.

Paul N’GUESSAN

source : Le Prétoire

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