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Campagnes législatives en bateau COVID-19 : plaidoyer pro domo de Karim Keïta ou coronavirus divagations ?

Nous sommes quasiment à la fin des campagnes pour le deuxième tour des législatives devant se dérouler ce dimanche 19 avril. Un 19 avril qui s’annonce anxieusement comme un bateau de désastres sanitaires Covid-19 comme ce fut le cas déjà pour le premier tour de ces consultations électorales qui aurait dû être ajourné.

 

Il faut utilement noter que c’est le 09 avril 2020, vingt-quatre heures avant la troisième adresse à la nation du chef de l’État sur la pandémie du Coronavirus, que le député Hadi Niangadou de la Commune II du District de Bamako a été testé positif au fameux virus. Réalité qui obligea, le lendemain, l’Assemblée nationale à publier un communiqué dans lequel il a été, fait notoire, demander à tous les membres de l’institution de se faire dépister, non sans rappeler les mesures idoines, connues ici et ailleurs, à préserver le plus grand nombre. C’est donc suite à cet évènement interpellateur à plus d’un titre qu’est intervenue dans la soirée la troisième adresse à la nation d’Ibrahim Boubacar Keïta. Celui-ci, s’il a fait mention – et commenté- les propos d’un jeune enfant qui s’était exprimé sur l’Ortm la veille, n’a pas eu un traître mot concernant l’entrée du virus dévastateur dans l’hémicycle au renouvellement duquel il tient plus qu’à la santé publique des Maliens. Le fait était pourtant prémonitoire, avec des couleurs tragiques.
Mais c’est surtout le fils de ce président de la République, inattentif aux drames sociaux ou totalement inconscient de l’intérêt général, qui a fait une sortie jugée cynique par une écrasante majorité des Maliens. L’honorable Karim Keïta, candidat à sa propre succession en Commune II avec l’autre prétendant sortant, Hadi Niangadou testé positif au Coronavirus, avec lequel il partage la même liste, s’est en effet fendu d’un selfie sur les réseaux sociaux pour dire qu’il a été, lui, testé négatif et « Alhamdoulillah! ». Pourquoi cette expression de soulagement destinée au public?
Certes, après le communiqué de l’Assemblée nationale annonçant sa positivité au Coronavirus sans pourtant le nommer, le député Hadi Niangadou avait lui-même pris soin de publier un communiqué confirmatif dans lequel il disait être sous contrôle, mais où il ne mentionna point ni son colistier Karim Keïta ni les populations, c’est-à-dire ses électeurs potentiels. Le fils du président de la République a donc beau jeu de vouloir dire à tous que, même main dans la main avec le sieur Niangadou, il a le bonheur singulier d’échapper à la malédiction du virus; que donc sain et sauf, il est apte à assumer pleinement les charges futures de député de la Commune II. Un plaidoyer prodomo de bonne saison qui plus est révèle une alliance de circonstance entre Karim Keïta et Hadi Niangadou.
Ce n’est pas la seule remarque. L’épisode montre clairement que les deux candidats, tous les deux députés sortants, donc élus nationaux, ont peu de souci des populations. En plus, ils n’ont qu’une conscience limitée des devoirs d’élus de la République. Leur seul objectif est d’utiliser comme tremplins les populations locales, au niveau des communes et des circonscriptions électorales, pour se hisser là qu’ils visent. Sinon, la pandémie du Coronavirus est si préoccupante que nul, peu importe son degré de conscience, ne peut considérer les électeurs, les masses, les citoyens comme quantités négligeables. C’est là que le Coronavirus a révélé aux Maliens combien les gouvernants actuels ont trouvé en la pandémie des moments propices de divagations pour faire passer leurs intérêts machiavéliques.

Massaoulé Camara

LE COMBAT

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