Un ambitieux plan a été élaboré pour cette campagne aux termes de laquelle il est
attendu plus de 11 millions de tonnes de céréales avec un excédent prévisionnel
de 3 millions de tonnes. Son budget s’élève à 299,2 milliards Fcfa
Présidant hier au Palais de Koulouba les travaux du 9è Conseil supérieur de l’agriculture, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a salué les résultats encourageants de la dernière campagne agricole et lancé officiellement celle de 2019-2020.
Le Premier ministre Boubou Cissé, des membres du gouvernement notamment le ministre de l’Agriculture, Moulaye Ahmed Boubacar, sa collègue de l’Elevage et de la Pêche, Dr Kané Rokia Maguiraga et le président de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, étaient présents à la cérémonie d’ouverture.
Lors des travaux de ce conseil, les objectifs de production de la prochaine campagne (2019-2020) ont été fixés après examen du bilan de la campagne précédente qui s’est soldée par la production de 10.159.539 tonnes sur une prévision de 10.081.083 tonnes. Pour le coton, la production a dépassé la barre des 656.000 tonnes, 257.218 tonnes pour le niébé, 491.372 tonnes d’arachide et 46.698 tonnes de sésame. Quant aux semences, la quantité totale, toutes céréales confondues, est de 24.000 tonnes.
Les aménagements ont atteint 72.682 ha. L’engagement présidentiel est de 100.000 ha pour la période 2014-2018, a rappelé le ministre de l’Agriculture, tout en soulignant que les efforts de l’Etat ont aussi porté sur l’équipement de 515.978 exploitations agricoles en matériels à traction. Dans le cadre de la subvention des intrants agricoles, les chiffres sont tout aussi éloquents : 35,6 milliards de Fcfa.
UN AMBITIEUX PLAN – Un bilan reluisant qui rassure davantage les départements en charge des secteurs concernés (agriculture, pêche et élevage) qui ont élaboré un ambitieux plan pour la campagne 2019 aux termes de laquelle il est attendu 11.126.012 tonnes de céréales avec un excédent prévisionnel de plus de 3 millions de tonnes. Dans l’hypothèse favorable, il est également attendu 800.000 tonnes de coton, 9.534 tonnes de lait, 84.368 tonnes de viande rouge, 424.415.775 œufs de consommation, 6.373.910 poulets de chair, 106.118 tonnes de poisson frais, 21.000 vaches et 1000 chèvres inséminées.
Les aménagements hydro-agricoles porteront sur 13.459 ha et les acquisitions d’équipements agricoles concerneront 800 tracteurs. «Un élargissement de la gamme des équipements aux motoculteurs, batteuses, décortiqueuses et autres petits équipements sera effectué en 2020 et 2021», a annoncé Moulaye Ahmed Boubacar. Le coût total de ce plan de campagne s’élève à 299,2 milliards Fcfa sur lesquels devraient contribuer l’Etat pour 86,5 milliards Fcfa et les producteurs pour 212,7 milliards Fcfa.
L’EFFORT DE NOS CHERCHEURS – Le président de l’APCAM, Bakary Togola, a salué les résultats forts encourageants enregistrés au compte de la dernière campagne. Une réussite qu’il a attribuée volontiers au président de la République, en le remerciant pour ses efforts en faveur de la promotion du monde rural. Il a assuré le chef de l’Etat du soutien indéfectible de tous les acteurs agricoles.
Bakary Togola a, par ailleurs, souhaité une utilisation judicieuse des subventions.
Dans son intervention, le président de la République a noté avec intérêt que les productions céréalières ont augmenté et que cette augmentation est surtout due au fait de l’intensification plutôt qu’à l’extension des superficies. «En cela, nous devons être reconnaissants à l’effort de nos chercheurs qui sont souvent parmi les meilleurs du continent», a-t-il déclaré, tout en exhortant «à mettre davantage l’accent sur l’intensification qui nous aidera à préserver notre environnement».
Cependant, le président Keïta a rappelé que notre agriculture est encore tributaire des aléas climatiques. Ainsi, a-t-il recommandé de faire davantage d’efforts pour améliorer le niveau de réalisation des objectifs d’aménagement afin de sécuriser nos systèmes de production et soustraire nos producteurs des effets du changement climatique. Il a salué l’avènement des 10 Centres ruraux de prestations de services agricoles qui seront opérationnels au cours de la campagne agricole 2019-2020, avant d’indiquer l’urgence de la mise en place d’un dispositif performant de suivi rapproché de ces centres.
Faisant le lien avec le fonds récemment obtenu par le Premier ministre à Abu Dhabi, Ibrahim Boubacar Keïta a déclaré que ces 25 millions de dollars destinés à la promotion des PME devront, pour l’essentiel, être consacrés à la jeunesse et à la promotion des femmes. Par ailleurs, il a affirmé avoir pris acte du franchissement du cap des 10 millions de tonnes de céréales, un objectif majeur assigné à l’Initiative riz au démarrage de ce programme en 2008. «Ce résultat me conforte dans mon choix d’allouer 15% du budget national au secteur de l’agriculture», s’est-il réjoui. Et d’insister sur le sens de cet effort, destiné à appuyer la production en qualité et en quantité, «mais aucunement et jamais pour nourrir une spéculation de quelque ordre que ce soit». Aussi, Ibrahim Boubacar Keïta a dit constater avec satisfaction la production de 656.548 tonnes de coton graine, l’adhésion de 1917 agro-éleveurs au programme d’insémination artificielle, et la vaccination de 42.210.076 têtes d’animaux (toutes espèces confondues). A cet égard, il a félicité le Laboratoire central vétérinaire qui fait la fierté de notre pays sur le continent.
En ce qui concerne le programme d’équipement des producteurs, le chef de l’Etat a exhorté à aller rapidement à sa diversification pour prendre en compte les besoins des petits producteurs agricoles. Dans la foulée, il a déploré le fait qu’on ait beaucoup d’équipements en souffrance et n’a pas caché son indignation face à cette situation qui ne s’explique pas. Par ailleurs, il a rappelé que le développement de l’agriculture repose sur des filières agricoles soutenues par des organisations interprofessionnelles fortes, crédibles et représentatives.
Ainsi, le président Keïta a donné, sous un tonnerre d’applaudissements, son accord pour la création des interprofessions mangue, maïs, anacarde et pomme de terre. «Je déclare validé le montage technique et financier du plan de campagne 2019-2020 et les projections pour 2020 et 2021», a-t-il conclu.
Issa DEMBÉLÉ
Source: L’ Essor