En 2009, l’ambassade américaine à Bamako publia un rapport interne sur les fraudes de visas. Le rapport décrit les différents types de fraudes, les méthodes utilisées pour les combattre et les difficultés rencontrées pendant les investigations.
L’ambassade a constaté que les enquêtes sur les fraudes sont entravées par le fait que la plupart des Maliens ne savent ni lire ni écrire ; donc beaucoup compte sur les autres pour remplir les formulaires de demande de visa. En outre, en raison du manque d’éducation et de documentation, de nombreux candidats ne connaissent pas leurs propres dates de naissance ni d’autres faits ou circonstances concernant leur propre vie. Egalement, une infrastructure limitée rend difficile les déplacements à l’intérieure du pays.
La plupart des demandeurs de visa d’affaires et de tourisme se rendent dans des villes situées sur la côte est des Etats-Unis. Il y a une concentration de Maliens expatriés vivant à Washington, New York, Philadelphie, et Baltimore. Il y a toujours un flot de demandeurs de visa. Au cours de l’exercice 2009, le nombre des demandes de visa non-immigrant (VNI) avaient augmenté de 6%.
Le principal type de fraude rencontrée à l’ambassade des USA à Bamako concerne des documents frauduleux de toutes sortes, y compris des documents civils, financiers et scolaires. La section consulaire rencontre quotidiennement des documents frauduleux ; mais, la plupart de ces fraudes sont peu sophistiquées et les demandeurs qui tentent de faire usage de faux documents se voient refuser le visa.
Bien que répandues, les fraudes rencontrées à Bamako ne semblent pas être systématiques. Pour lutter contre la fraude documentaire, le bureau consulaire s’appuie sur un réseau de représentants des administrations locales, des écoles et des banques privées pour vérifier les documents considérés comme suspects. Certains documents ne peuvent être vérifiés car ils proviennent de régions situées en dehors de Bamako. Le volume quotidien de documents douteux accompagnant les demandes de visa fait que la section consulaire ne peut vérifier qu’un certain nombre.
En général, il y a trois sortes de fraude de visa : les voyageurs légitimes qui essaient de renforcer ce qu’ils craignent, pourraient être considérés comme un cas douteux ; ceux qui souhaitent rester et travailler aux États-Unis ; et ceux qui souhaitent se réunir avec un membre de leur famille qui réside illégalement aux États-Unis. La grande majorité des enfants avec de faux certificats de naissance entrent dans cette dernière catégorie.
Le plus grand défi dans la procédure d’obtention du passeport américain est le fait que la grande majorité des demandes sont faites au nom des enfants qui ont soit un seul ou aucun parent qui est Américain.
La plupart des cas sont présentés aux agents par un tiers – un parent ou un tuteur – plutôt que par les parents biologiques de l’enfant, qui résident, souvent illégalement, aux États-Unis. Le plus grand obstacle dans ces cas est la vérification de l’identité de l’enfant présenté au guichet. Confirmer que l’enfant présent est le même enfant sur le passeport expiré est difficile. Dans des situations pareilles, l’ambassade demandent des documents supplémentaires tels que des photos de progression d’âge, les passeports des parents montrant leur voyage aux États-Unis, et les dossiers de l’hôpital avant de prendre une décision. De plus, la vérification du consentement parental est difficile. Les parents fournissent fréquemment des formulaires de consentement, notariés aux États-Unis. Mais, il n’y a aucun moyen de déterminer si la personne qui a signé le consentement est le parent réel, car des milliers de personnes peuvent avoir le même nom.
Lorsque la délivrance d’un visa ou d’un passeport est liée à un lien de parenté, l’ambassade demande régulièrement des tests d’ADN. Un enfant né d’un parent Américain est automatiquement citoyen Américain. Souvent des Américains de sexe masculin ayant une double nationalité viennent faire des demandes de passeport plusieurs années après la naissance d’un enfant ou pour plusieurs enfants avec des mères différentes.
La plus grande préoccupation de l’ambassade dans les cas de demande d’asile est la croissance du nombre de cas impliquant des mutilations génitales féminines (MGF).
Cette tendance a été observée pour la première fois en 2008 et a continué de croître.
Dans une affaire typique de MGF, la pétitionnaire en matière d’asile est une femme qui demande à sa famille de la rejoindre aux États-Unis. La base sur laquelle l’asile a été accordé était le fait que la femme avait subi une MGF et craignait de retourner dans son pays d’origine pour des raisons liées aux MGF. De nombreuses pétitionnaires dans ces cas étaient présentes aux États-Unis depuis de nombreuses années avant de faire leur demande d’asile fondée sur la MGF.
Les passeports, certificats de naissance, certificats de mariage et autres documents officiels sont faciles à obtenir au Mali. En février 2007, grâce au financement du gouvernement canadien, le Mali commença à délivrer des nouveaux passeports lisibles à la machine. Puisque l’obtention des passeports maliens et des documents civils est si facile, l’ambassade rencontre des demandeurs de visa avec des passeports maliens valides qui ne semblent pas être maliens. Leur incapacité à parler l’une des langues locales et leur manque de familiarité avec les traditions culturelles et historiques du Mali sont souvent des signes qu’ils ne sont pas des demandeurs de bonne foi.
Le nombre de demandeurs de visas s’accroît d’année en année et avec, les fraudes. Mais, les nouvelles technologies à la disposition de l’ambassade rendent la détection de certaines fraudes moins difficiles qu’auparavant.
Amadou O Wane
Source: infosepte mali